Hail Horror Hail

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17/20
Nom du groupe Sigh
Nom de l'album Hail Horror Hail
Type Album
Date de parution Décembre 1997
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album52

Tracklist

1. Hail Horror Hail
2. 42 49
3. 12 Souls
4. Burial
5. The Dead Sing
6. Invitation to Die
7. Pathetic
8. Curse of Izanagi
9. Seed of Eternity

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Sigh


Chronique @ ArchEvil

09 Fevrier 2009
On ne pourra pas dire qu'ils ne nous avaient pas prévenus. Ce petit mot imprimé dans le livret annonçait déjà l'atterrissage d'une bombe à retardement : Rien ne sera pris à la légère sur cette galette, vous vous apprêtez à pénétrer en territoire inconnu. Il faut croire que ça n'a pas suffit...

Je vous parle d'un groupe japonais du nom de Sigh, petite troupe aux traits de caractère siégant sur le podium de la mégalomanie. Mais ça on ne le sait pas encore... ou du moins, difficile de s'en douter, même après un Infidel Art se voulant nettement plus ambitieux que leur première pièce, Scorn Defeat. Signés depuis chez Cacophonous Record, label underground britannique qui leur assurera la distribution jusqu'en 99, ils pondirent leur troisième opus longue durée en 1997, intitulé avec prose Hail Horror Hail. Ce disque constitue l'aboutissement, le portrait décisif que le groupe arborera durant les années à venir : un thrash inspiré de la première vague du black metal (Bathory et Celtic Frost en tête de liste) trouvant son originalité dans un concept expérimental unique en son genre.

On a été prévenus... mais quel être visionnaire, voire doué de télépathie, aurait pu deviner le colosse que cette galette contenait ? Toi qui lis cette chronique, aurais-tu pu imaginer un seul instant la taille du monstre dont il est question ?
A vrai dire, les mots ne sont plus que de futiles étiquettes sans âme pour décrire cette oeuvre dans son ensemble, ce pour une simple raison : Hail Horror Hail, c'est autre chose. Une démarche alambiquée qui, dans les mains de nos génies, se métamorphose en une matière brute mais vivante et surtout luxuriante.

Sur Hail Horror Hail, Sigh s'est définitivement affranchi de tout cliché propre au metal afin de proposer sa vision de l'art tout en gardant une solide base très old school, cette production peu puissante maintenant l'ensemble en un climat suffisamment aéré. Les japonais ont ainsi conçu de main de maître une véritable pièce théatrale, dont le thème principal semble tourner autour de l'horreur décortiquée sous ses angles les plus insolites et d'un occultisme très cher au groupe depuis ses débuts (en témoignent ses sources d'inspiration).

Nous voilà assis donc au premier rang, les services se ferment, le grand rideau noir s'ouvre, les protagonistes déboulent des coulisses, le spectacle peut commencer...

Ouverture sur le titre éponyme, probablement l'un des titres les plus riches guitaristiquement que le groupe n'ait jamais proposé. Des envolées de six cordes prodigieuses aux influences piochées allègrement dans le sac du heavy (avec le grain bien old school s'il vous plaît !) se succèdent les unes après les autres et posent la pierre fondatrice, tout en y concordant les harmoniques à la fois pleines de rebondissement mais conservant un esprit cynique et pernicieux anticipant déjà la suite. Cette ouverture gigantissime à la fois fêtarde et funky introduit séquences bruitistes caverneuses et synthétiseur en nappe contemplative, des coups de pianos très vintages, sans oublier ce petit couple guitare sèche, clavier volage.
Déjà sur ce missile, le ton est posé, la soirée risque d'être mouvementée.

A cette première bombe s'ensuit 42 49, toujours dans l'esprit mais déjà à tendance plus psyché et invitant à la contemplation. Cela nous surprend dès la fin du premier couplet, cette nappe de clavier envoûtante, bien que floue, mise très en avant, semblant nous attaquer de tous côtés. Ensuite, Sigh y délivre son thrash black chéri inspiré et parfaitement ciselé soutenu à merveille par ces coups de vibrato, soli ascendants et arrière-plans bruitistes posant le décor. Ce morceau se veut davantage mémorable grâce à son refrain, que les claviers oniriques transforment en mini ballade inspirée du folklore local, le genre d'intrusion complètement insolite qui réveillerait un mort. Cela semble être le but du groupe, fourmiller d'éléments étranges mais tellement cohérents et originaux. Le morceau ce termine sur cette conclusion symphonique éloquente à la prose dramatique.

Arrive alors 12 Souls. Cette introduction qui démarre tout en lumière, qui poursuit sur une scène de film d'horreur (les pas d'une créature dans le grenier - bah oui pas un humain, le chien semble crever de trouille -). Ce contraste très rapide sera la mise en bouche de l'un des tires les plus profonds que Sigh n'ait jamais pondu, sur lequel le groupe semble cracher une obscurité condensée depuis des années. Une batterie électronique cette fois-ci, cinglante, tortureuse et glaciale, riffs ultra lourds et funèbres, vocaux de plus en plus criards, et en arrière-plan ces choeurs logiciels, suffisamment présents pour enserrer les tripes de l'auditeur, tous ces éléments sont le jus même d'une âme en perdition qui semble vous poursuivre, vous posséder, vous transmettre une énergie cauchemardesque. En outre, ces petits interludes qui semble constituer les bouches d'aérations du morceau tels les passages bluesy électroniques, ce magnifique solo qui tente de respirer comme il le peut dans la fournaise, tous ces éléments ne pourront pas empêcher l'explosion de cet enfer au centre du morceau, une véritable lutte chaotique faisant rage entre les claviers hantés et les choeurs mortifères, immense bordel entretenu par une batterie de plus en plus sauvage et psychotique. La conclusion symphonique rapporte quant à elle petit à petit la lumière. Mais cela ne suffit pas à vous libérer l'esprit de ce voyage en enfer dont vous revenez.

Burial quant à lui, n'est rien d'autre qu'un interlude entièrement au clavier. Il était temps qu'il arrive, après ce répertoire inimaginable derrière nous. Ce court morceau semble clôturer la première partie du disque, ce avec une noblesse et une distinction respectable. Ses accords lancés avec force, sa mélodie significative, partagée entre une forte mélancolie et un air contemplatif se veut à la fois d'une maturité ravissante et d'une beauté me comblant d'admiration envers ce cher Mirai. Cette fresque est d'une fluidité à toute épreuve, s'étire délicatement entre les membranes des hauts parleurs. Un moment de répit des plus agréables.

Débutant sur un clavier cristallin mis en écho, sirènes de caserne et frappes métalliques, The Dead Sin se montre lui aussi d'une grande richesse avec ses riffs thrashy prononcés et énergiques et ses orgues fantasmagoriques. Glissant sinueusement comme une ode à la culture vampirique, agrémenté de ses influences pop des eighties troublantes, on frôle le fusion par moment (Faith No More aurait-il donné des idées à nos nippons ?), tout ceci pour achever le morceau sous une autre dimension. The Dead Sing est un retour vers l'esprit théatral et spectaculaire de Hail Horror Hail, le groupe excelle dans sa manière de peindre un tableau animé. Ici aussi, les interludes parfaitement saugrenus s'interposent comme des paragraphes à la narration, que ça soit cette parenthèse jazzy avec fond sonore de guerre ou cette teinte atmosphérique brumeuse aux voix d'outre-tombe en méli-mélo.

Invitation To Die est une nouvelle coupure, de nouvelles images. Un titre libéré de tout élément metal instrumentalement parlant. Au lieu de ça, le groupe étale un morceau de pop classique, sa rythmique à se déhancher promptement aidée par une batterie programmée, son texte prononcé de manière saccadée, à l'image d'un conte rythmé mêlant fantastique et charmante ballade, le tout entretenant une certaine douceur, vite tournée en dérision par la hargne du chant. Ici, pianos et orgues funky se partagent la toile magistralement. De temps en temps, un sample, tel les cris d'un nouveau-né, vient nous rappeler le thème dramatique du disque. Les accords à la guitare sèche viennent poser le dernier couplet avec vivacité. Un titre apaisant et original.

Pathetic, seconde pièce interlude basée sur une reprise du thème 007, avec les arrangements systémiques que le groupe dessine en fonction du couplet de base. Un air de vieille B.O cinématographique à suspense annonce donc la dernière partie de la galette.

Deux titres clôturent alors le disque. D'abord, Curse of Izanagi, bien plus pêchu, sa grosse thrasherie et ses méandres guitaristiques coupant ce refain symphonique narratif. Sur ce point là, Mirai semble rejouer la carte du suspense dans son approche de la mélodie. Cette fois-ci, les coupures insolites se font plus rares, laissant la part belle à un morceau partagé entre thrash black revigorant et symphonie animée.
Puis ce Seed of Eternity, conclusion éloquente à tendance plaintive. Beaucoup plus posé, principalement low tempo, Mirai enflamme le plateau sous un cri de désespoir, soutenu aisément par des compositions plus heavy et un orchestre dramatique et profond, surtout sur cette conclusion de toute beauté tirant sa révérence sur la fermeture du rideau. Quelques notes au piano accompagnées d'une cloche funéraire achèvent l'oeuvre en toute sérénité.

Et c'est à ce moment là que vous revenez à vous en vous demandant "Mais quelle mouche les a piqué?". Car même en tant que mélomane averti, vous ne vous souvenez pas d'avoir entendu quelque chose d'équivalent. Au fond de vous, vous savez que cette oeuvre comporte ses petits excès, comme cette symphonie un peu trop présente, surtout vers la fin... Mais bon sang, quelle spontanéité, quelle passion, quelle folie, quelle volonté d'aller plus loin demeurent en cette musique.
Alors vous vous levez de votre siège et gagnez la sortie du théatre, vous félicitant d'être tombé sur un tel combo pour lequel le terme "originalité" semble trop faible. Et vous espérez qu'avec un potentiel pareil, un tel groupe ne pourrait que continuer à persévérer dans la construction de son identité artistique.

Dans ce cas, soyez rassurés. Comme trop peu de groupes l'ont fait, Sigh est parvenu à proposer un style unique, à innover et à laisser parler son univers comme il l'entendait en se libérant de tout schéma conventionnel. Et comme encore moins de groupes l'ont fait, ce Hail Horror Hail n'est que le début. Car Sigh s'est promis d'évoluer dans son domaine à lui et délivrera deux ans plus tard leur chef d'oeuvre ultime : Scenario IV : Dread Dreams.

Oui, ces groupes sont rares et restent souvent orphelins. Mais voyons le côté positif du principe : cela fait d'eux des légendes singulières qui resteront gravées dans la mémoire du temps.

6 Commentaires

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fabkiss - 13 Fevrier 2009: les choses se mettent en place
les hésitation s'éstompent,
mais Sigh n'affirme rien
laissant à l'auditeur le choix du décodage
chacun y voyant de l'audace, de l'éclectisme ou un grand n'importe quoi
pour ma part, ça touche au génie
tant que Sigh ne se repose pas sur ses laurier
ArchEvil - 13 Fevrier 2009: " laissant à l'auditeur le choix du décodage
chacun y voyant de l'audace, de l'éclectisme ou un grand n'importe quoi "

Voilà exactement ou le groupe veut en venir. Son oeuvre est suffisamment barrée pour attirer les amateurs de délires musicaux mais suffisamment cohérente pour titiller les oreilles des fanas d'expérimental.
fabkiss - 13 Fevrier 2009: d'ailleurs, je trouve néfaste pour Sigh,
de le cloisonné dans le BM
leur musique à base de Heavy Thrash
Psychédélique à tendance progréssive
est définitivement inclassable
LuneNoire - 05 Décembre 2009: Chronique digne d'un colosse en or pour le chaton.
En effet, les nippons marquent un point sur cet opus qui ne laissera pas indifférent les amateurs du genre.
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Commentaire @ infernis

30 Mai 2007
Si vous avez été attentifS à la pochette ( magnifique comme le livret et oui si vous l’avez gravé vous l’avez pas na, na, na!) vous avez lu la mise en garde sur la quatrième de couverture (Est-ce que ça se dit pour un cd ?!)
En effet cet album va au-delà de tout! Dans le genre métal en tout cas. Dès le premières notes de « Hail Horror Hail » on sent qu’on a là une perle, un bijou. Les riffs plutôt heavy sont excellents et la guitare s’envole. Les arrangements ne sont pas en reste . Mirai en véritable chef d'orchestre sait varier les plaisirs. Le seul point faible est peut être la voix écorchée qui est un peu monotone.

Cet album se déroule comme un film avec des interludes tout les deux trois morceaux: Burial, Pathetic. Ecoutez l’intro de « 12 Souls » si vous n'êtes pas convaincu. Ce morceau est d’ailleurs un de mes préférés : un brin de suspense et d’angoisse en introduction et l’explosion avec la fête foraine. On se voit presque dans ces films de seconde zone avec des poursuites entre flics et tueurs dans des manèges! Et la conclusion orchestrale est fabuleuse.
« The Dead Sing » est aussi un chef d’œuvre du genre avec ses coupures incantatoires et le son de clavier qui rappelle des orgues rétros des années 70.
« Invitation to Die » est sans hésiter ma préférée! C’est un véritable ovni. Avec un titre pareil on s’attend à du brutal du méchant, alors écoutez -la je ne peux pas en dire plus cela gâcherai la surprise !
« Curse of Izanagi » devrait rassurer l’auditeur métalleux qui commençait à s’inquiéter. Dans les paroles du livret il y a des passages écrits en japonais mais je ne sais pas si cela correspond à des didascalies ou si Mirai chante vraiment en japonais.
Enfin « Seed of Eternity » vient clôturer l’album. Ecoutez le superbe solo et les orchestrations, il n’y a rien à redire. L’album s’achève sur un son de cloches et nous ramène à la réalité et à la fin de cette chronique. J’ai pas pu m’empêcher de l’écouter en l’écrivant et je ressens toujours le même plaisir.

Comme il est dit dans la mise en garde, cet album peut en dérouter plus d’un. Dans mon entourage « métalleux » je ne connais qu’une personne qui ait vraiment accroché à cet album les autres l’ayant rejeté et conspué.

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ArchEvil - 28 Janvier 2009: Rejeté et conspué dis-tu? Ces gens là n'ont-ils même psa prit le temps de l'écouter convenablement?
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