Shiki

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17/20
Nom du groupe Sigh
Nom de l'album Shiki
Type Album
Date de parution 26 Août 2022
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album21

Tracklist

1.
 Kuroi Inori
 00:16
2.
 Kuroi Kage
 07:55
3.
 Shoujahitsumetsu
 03:52
4.
 Shikabane
 05:28
5.
 Satsui - Geshi No Ato
 07:07
6.
 Fuyu Ga Kuru
 06:28
7.
 Shouku
 05:30
8.
 Kuroi Kagami
 01:10
9.
 Mayonaka No Kaii
 05:24
10.
 Touji No Asa
 02:53

Durée totale : 46:03

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Sigh


Chronique @ Eternalis

28 Octobre 2022

L'occasion pour tous de se pencher sur le plus grand étendard extrême du pays du soleil levant

Sigh, c’est l’histoire d’un groupe anticonformiste qui n’a eu de cesse tout au long de ses trente ans de carrière de ne jamais rien faire comme les autres. Le compositeur japonais Mirai Kawashima a pour culte le bizarre et l’étrange, mêlant le black metal primitif et violent à une horreur baroque et une poésie désenchantée qu’on a pu autant apparenter à du black symphonique, expérimental ou même parfois plus mélodique. Aucun album ne se ressemble, si ce n’est la folie qu’ils contiennent et un goût évident pour le macabre et les légendes les plus glauques des continents occidentaux ou asiatiques.

Inutile de revenir sur les nombreux travaux du duo entre Mirai et la déjantée Dr Mikannibal. Désormais épaulé par Peaceville après une longue période chez Candlelight, "Shiki" annonce un tournant à bien des égards. Il officialise dans un premier temps le divorce avec You Oshima, le fantastique maître à penser de Kadenzza qui officiait en tant que guitariste soliste sur "Graveward" et "Heir to Despair", deux opus plus virtuoses et symphoniques (notamment "Graveward"). Il débute également une collaboration avec le multi-talent Frederic Leclercq qui est décidément partout depuis qu’il n’est plus dans Dragonforce (et confirme encore une fois que le metal extrême est bien sa nature la plus profonde).
"Shiki" se démarque également d’une façon prodigieuse de l’ensemble de ses prédécesseurs : la production. C’est simple ; jamais aucun opus de Sigh n’a sonné aussi puissant, aussi percutant et n’a semblé aussi équilibré (il faut dire que les japonais sont aussi reconnus pour leur son parfois atroce qui a toujours pu rebuté tant elle rendait difficile à concevoir toute la richesse des compositions). Certains diront peut-être que le côté crade qui émanait d’albums comme "Scenes from Hell", "Gallows Gallery" ou "Hangman’s Hymns" allaient effectivement avec le genre pratiquée et cette volonté malsaine de Mirai mais force est d’admettre, à l’écoute de "Shiki", que la puissance qui émane du disque renforce encore un peu plus la noirceur et l’ambiance rampante et démoniaque.

"Shiki" se veut moins fantasmagorique dans son concept, évoquant la mort dans son fondement plus matérialiste, plus viscéral. Mirai l’évoque en interview, que la réalité de la mort se rapproche inéluctablement avec l’âge, qu’il apparaît moins comme une fiction et c’est cette peur, ce fatidique compte à rebours qui sert d’inspiration à l’album.
Dès "Kuroi Kage", on ressent ce côté oppressant et lourd, parfaitement mis en valeur par ce son irréprochable, légèrement dissonant mais bien plus heavy qu’avant, avec une batterie enfin parfaitement mixée et claquante pour ressentir l’impact de chaque roulement ou accélération. Les vocaux de Mirai sont crachés, éructés, très old school (Celtic Frost et ses “hu” des années 80) et la prononciation japonaise n’est en rien un frein à la noire émotion qui émane de cet écorchement vif. Le tempo s’accélère radicalement sur "Shoujahitsumetsu", complètement cinglé mais conservant une pointe mélodique servant d’accroche entre les blast beat. Etrangement, on ressent aussi une réelle accessibilité, une facilité d’accroche malgré le caractère toujours résolument anticonformiste de la musique de Sigh (le son y est pour beaucoup). Le break du titre, peuplé de samples étranges et glauques, propulse parfaitement un solo totalement heavy metal dont on ressent la patte d’un Fred Leclercq n’ayant jamais caché ses inspirations pour les idoles de cette époque.

"Shiki" se partage ainsi entre un metal extrême plus traditionnel, comme un retour aux sources avant les grandes expérimentations, et une prolongation de sa bizarrerie dont Mirai est si coutumier. Pour preuve le fabuleux "Satsui - Geshi no Ato" qui débute comme un black mélodique aux nappes de claviers donnant une réelle couleur atmosphérique et asiatique à la musique, malgré un chant une fois encore très cru, bien plus primitif que sur les précédents albums. Un solo sublime surgit du chaos en plein milieu du titre tandis qu’il finit sur trois minutes de samples dissonants et aliénants, répétitifs à l’envie comme peut le faire (la comparaison pourra surprendre mais prend sens) Psygnosis sur ces albums. Suit parfaitement le rampant "Fuyu Ga Kuru" et ses longues phases introspectives, où les flûtes et les chœurs enchanteurs côtoient les sonorités presque industrielles du titre précédent.
Pendant qu’un "Shouku" revient à du Sigh plus traditionnel (avec un riff assez proche du "Mononoke" du premier Kadenzza), "Shikabane" explore le penchant le plus abrasif des japonais avec un phrasé vocal une fois de plus impressionnant de rugosité avec un japonais qu’on aurait jamais cru aussi adapté à un chant black étonnamment audible, parfaitement dicté et compréhensible (on ressent énormément à quel point il est à l’aise pour chanter dans sa langue maternelle).

Meilleure surprise de la rentrée pour un groupe toujours confidentiel, précieux en tournée et touchant depuis 30 ans un public assez restreint, "Shiki" est peut-être l’occasion pour tous de se pencher définitivement sur le plus grand étendard extrême du pays du soleil levant. Aussi personnel qu’émotionnel, maîtrisé qu’imprévisible, il est l’aboutissement de nombreuses années d’expérimentations en tout genre. Un aboutissement.

2 Commentaires

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Jibe - 28 Octobre 2022:

Bravo pour la chronique !

fufupue - 09 Novembre 2022:

Oui, très bonne chro et encore un groupe culte dont je n'ai aucun album, à part peut-être sur une compilation ...

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