Histoire d’une renaissance…
…ou comment un groupe déjà enterré peut montrer à la face du monde sa détermination et son talent, là où son génie murit doucement mais surement en quête de chef d’œuvre à venir. L’histoire est connue, un groupe,
Angra, un jour visionnaire et adulé, le lendemain au bord du gouffre pour cause d’une importante rupture interne. Son cœur (croyait-on), son âme, sa voix s’en allait, préférant voguer vers des horizons plus libres et emportant avec lui ni plus ni moins que la totalité de la base rythmique du groupe.
Le monde ouvrait donc les yeux sur un nouveau groupe
Shaman, sans même imaginer que l’aube avait également fait renaitre
Angra de ses propres cendres encore fumantes, de la part de guitaristes au talent aussi immense que
Kiko Loureiro et
Raphael Bittencourt, qui te tardèrent pas à fonder un nouveau line up.
"
Rebirth" eut pour but de présenter un groupe en partie remanié au public, sans pour autant changer radicalement la base musicale solidement inscrite dans les gènes d’
Angra. Les brésiliens étaient là, vivants et allaient rapidement confirmer avec un ep, "
Hunters and Prey", un futur s’annonçant radieux et plus magnifique que ce que l’on aurait même oser le croire et l’imaginer.
Si l’esthétique se rapproche logiquement de l’album précédent, dévoilant toujours ce mélange religieux, présentant un paysage angélique avec en toile de fond une industrialisation typiquement humaine et matérielle. La tessiture de bleu est identique, et les livrets se rapprochent…mais une première chose témoigne d’une différence fondamentale dans l’évolution du
Angra des années 2000 : le son. Denis Ward a produit cet ep en définissant un son qui caractérisera les albums suivant, une identité immédiatement reconnaissable, et perceptible.
Une chose est sure, et ce dès l’intro de "
Live and Learn", un aspect plus lourd, moderne et surtout très dense ressort de la musique et de la composition. Le jeu d’Aquiles Priester (batterie), d’une richesse sans précédent, se trouve être le pilier d’une production à la puissance énorme, mais à la densité tout aussi incroyable, recueillant d’innombrables éléments secondaires, notamment des percussions et des orchestrations n’ayant jamais été aussi bien intégrés à la musique. Quand au morceau en lui-même, le riff introducteur, très puissant et technique, semble être une copie imparfaite de ce que deviendra plus tard "
The Course of Nature" ("
Aurora Consurgens"). Mais surtout, il montre un Edu que l’on sent définitivement intégré, sur de lui et de son ascendant, utilisant parfaitement « son » registre vocal, plus ample et puissant que son prédécesseur, laissant échapper l’angélisme d’un Matos en faveur d’une plus grande chaleur.
Le fait que "
Hunters and Prey" soit un ep se défini également rapidement dans son absence de brulots speed comme l’est "
Live and Learn" ou les titres plus traditionnels de la déesse de feu. C’est donc une ambiance plus tamisé, atmosphérique et acoustique, sensible qui perle à travers ce mini de néanmoins trente huit minutes. Une sensibilité au final très agréable, touchante replongeant paradoxalement l’auditeur dans une ambiance proche de "
Holy Land", où quand le passé est produit par le présent.
"
Eyes of Christ" particulièrement, ancienne démo introuvable de cette époque, trouvant ici une vraie existence studio. Les arrangements évoquent immédiatement "
Holy Land", les soli de Kiko aussi, et Edu y trouve une plénitude parfaite, alliant puissance et ampleur dans son chant, quittant sa nature suave pour laisser perler une personnalité propre. Quand au jeune prodige Felipe Andreoli, sa basse vrombit littéralement, très mise en avant dans le mix, et étalant une technique des plus impressionnante, tout en gardant une grande beauté. Et c’est bien là qu’
Angra fait la différence, préserver la beauté dans la technique, la richesse dans la complexité, la féérie dans la musicalité.
"Bleeding
Heart", plus simple et intime, subjugue toujours par un vocaliste en état de grâce, et des soli aussi mélodiques que magnifiques. Quand au titre éponyme, la marque de Kiko y est prédominante, particulièrement ce qu’il fera en solo ou dans
Neural Code. Une ambiance jazzy, légèrement enfumée, très traditionnelle et brésilienne, aux percussions prédominantes mais couplées à la puissance d’Aquiles et au chant ici plus sucré d’Edu, chaud et accueillant. L’évolution du riff, de plus en plus heavy au fur et à mesure, montre toute l’étendue du répertoire des sud-américains. La virtuosité du groupe est évidente, sa capacité à créer des structures alambiquées également (les quelques notes de piano disséminées sur le solo).
Quand à l’ultime surprise, rendant ce "
Hunters and Prey" aussi indispensable que
Freedom Call en son temps (outre les versions acoustiques de "
Rebirth" et "Heroes of
Sand", sympathiques mais œuvres de remplissages), elle prendra la forme de cette reprise de "
Mama", originalement interprétée par Genesis. Une atmosphère intrigante, ritualiste même, plane dessus. Le chant de Edu se fait tantôt presque féminin, tantôt grave et cynique (les rires…), tandis qu’une mélodie malsaine plane inlassablement en fond, sur une base de percussions et de filaments de guitare.
…
Hunters and Prey…histoire d’une renaissance…
Je vais me pencher sur cet EP que j'avais complètement oublié! Ca me fera patienter en attendant le prochain album. 2010 avec Angra, Shining, Avantasia, ... C'est encore le portefeuille qui va déguster...
Sérieusement, Edu chante divinement bien sur ce ep...
Alors chapeau aux successeurs: Edu en tête!
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