1991 marque la fin d’un combo aujourd’hui oublié, et ayant splitté car ses fondateurs désiraient tout reprendre à zéro et proposer quelque chose de nouveau. Ainsi, Ivar Bjørnson et Grutle Kjellson ont décidé d’enterrer
Phobia pour donner naissance à
Enslaved, le Death
Metal laissant pour sa part place au Black. De l’aveu des deux musiciens précités, il s’agirait parallèlement d’une forme de réaction au règne Death
Metal du début des années 90’, éminemment représenté par des formations telles qu’
Autopsy ou
Entombed. Il est à préciser que même s’il s’agit d’une « réaction », elle est plutôt positive car ces derniers groupes ne sont, du fait de leur influence, pas étrangers à la noirceur et la profondeur que la musique d’
Enslaved va se mettre à développer.
Ceci étant, c’est bien la scène Black
Metal norvégienne, en pleine émergence, qui va faire office de catalyseur principal pour le combo : on peut citer
Mayhem et
Darkthrone, et, pour la petite histoire, préciser que c’est un certain
Demonaz qui a suggéré le nom d’
Enslaved, en référence au morceau «
Enslaved in
Rot » d’
Immortal. Un nom, un bagage d’influences, il ne restait plus qu’à mettre en forme une première démo. C’est chose faite dès 1991, l’arrivée du batteur Trym Torson aidant, avec le trois-titres «
Nema », suivi en 1992 de «
Yggdrasill », qui permettront au groupe d’assurer ses débuts sur scène. Constituant pratiquement exclusivement la scène extrême dans leur ville natale, les trois musiciens devaient se rendre à Bergen pour voir d’autres concerts et fréquenter des gens avec lesquels ils pouvaient, musicalement, s’entendre et se comprendre. C’est de cette manière que les cassettes et les vinyles d’
Enslaved ont commencé à circuler. À l’écoute de l’une de ces démos, ce n’est autre que feu Euronymous de
Mayhem qui proposera à Ivar (14 ans à l’époque) et Grutle (18 ans) un contrat chez
Deathlike Silence Productions (DSP), label dont il était propriétaire. Cette démarche aboutira en
1994 avec la sortie de l’album «
Vikingligr Veldi », qui fut retardée par la mort d’Euronymous…
Cependant, au début de l’automne 1992, un coup de téléphone a permis l’arrivée dans la mare d’un pavé très conséquent. Un jeune homme anglais du nom de Lee Barrett, venant alors de lancer son propre label Candlelight Records, appelait DSP dans l’espoir de trouver matière à réaliser deux mini-albums (également disponibles en un split) sur lesquels officieraient deux groupes de Black norvégiens, que l’on estimait pleins d’avenir. Euronymous lui a proposé deux noms :
Enslaved et
Emperor. C’est ainsi que vit le jour le split culte entre ces deux groupes, sur lequel on retrouve respectivement les MCD «
Hordanes Land » et «
Emperor ».
«
Hordanes Land », sorti en vinyle en octobre 1993, a été enregistré au cours du mois de novembre 1992, et ses trois chansons continuent de faire la fierté du groupe encore aujourd’hui. La musique, à l’image d’une pochette sombre, hivernale et guerrière, s’adjoint d’une atmosphère immersive. « Allfadr Odinn », déjà présente sur «
Yggdrasill », a été quelque peu remaniée depuis et, bien entendu, jouit d’une meilleure production que sur la cassette d’origine. La présence de claviers est également remarquable : outre le fait qu’ils amènent une ambiance par moments atmosphérique, on peut également d’ores et déjà faire le rapprochement avec le côté psychédélique emprunté au Rock progressif et qui sera, des années plus tard, amplement développé par le groupe.
On pourra, légitimement, moins apprécier l’entrée en matière « Slaget I
Skogen Bortenfor », la faute à quelques longueurs (13 minutes, c’est un peu excessif pour le coup) et à des claviers cette fois très kitsch. En revanche, « Balför » impressionne par la fluidité de sa composition, la qualité de ses mélodies, et l’ambiance qui peut s’en dégager grâce à l’utilIsation simple et mesurée d’un piano. L’introduction ne laisse aucun doute sur la musicalité délicieuse de cette chanson, alors que des accords de guitare sèche accompagnent la mise en forme d’un riff hypnotique et prenant qui s’apprête à surgir. Comme si cela ne suffIsait pas, un second riff tout aussi agréable que le premier fait son entrée, porté par le chant à l’époque très brut et possédé de Grutle. Le morceau ne cessera de conserver le même fil rouge du point de vue de l’ambiance (une grande force chez
Enslaved), tout en variant le tempo ou les airs tout le long de ses presque dix minutes.
À l’issue de ces trois chansons dont la qualité ne fait qu’augmenter de minutes en minutes pour atteindre son point d’orgue avec « Balför », il était déjà facile de prévoir un avenir radieux à une formation qui a, depuis, livré des albums studio inoubliables.
«
Hordanes Land » est l’œuvre qui permit à
Enslaved d’être musicalement reconnu dans le monde.
17/20
C'est à essayer en tous cas, je recommande chaudement. "Isa", que Mighty a cité, est très bien pour commencer je pense.
Merci à vous deux.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire