Depuis plus de vingt ans les Norvégiens d’
Enslaved s’emploient à explorer le black metal, que ce soit à travers le plus pur viking metal, sans concession, à l’image du culte
Frost (
1994) ou de Eld trois ans plus tard. Par la suite ils ébaucheront un metal plus progressif notamment avec
Monumension (2001) et les chefs d’œuvres Below The Light (2003) et
Isa (2004), toujours emprunt d’un univers nordique fort mais moins guerrier que spirituel. Nouvelle clef du son
Enslaved, la sortie de
Vertebrae en 2008 forge encore une nouvelle identité sonore du combo, plus psychédélique, plus rock aussi avant que Axioma Etica Odini ne vienne brutaliser la sauce en prise sur
Vertebrae.
Dire que la sortie de ce
Riitiir était attendue est un euphémisme, il faut bien avouer que
Axioma Ethica Odini avait pour le moins diviser les fans, entre ceux qui criaient aux chef d’œuvre, et les autres, les nostalgiques du son froid et rigoureux des premiers albums.
Déjà ce
Riitiir se présente bien: la pochette est une nouvelle fois signée Truls Espedal, qui réalise les artwork des Norvégiens depuis
Monumension, et est franchement réussie. Mystérieuse et mystique, elle tranche avec les artwork gris/noir dont on avait pris l’habitude depuis Below The Light.
Révélé bien avant la sortie de l’album, "Thoughts Like Hammers" ne surprendra pas l’auditeur habitué d’
Axioma Ethica Odini: un riff lent en guise d’intro, beaucoup (trop) de chant clair pour déboucher sur un linéaire black particulièrement intéressant mais malheureusement trop court. J’aurais préféré parler de ce point plus en avant dans cette chronique , mais il faut reconnaître que le chant de Herbrand Larsen est devenu franchement trop envahissant, alternant souvent des parties ultra mielleuses à des refrains sans grand intérêt ("Veilburner", "Thoughts Like Hammers", "Death in the eyes of dawn"). Ce qui était devenu franchement une force sur
Vertebrae (les chœurs de "The Watcher") rend parfois des parties sur ce
Riitiir particulièrement ennuyeuses.
D’un autre côté il y a un travail indéniable sur les parties vocales notamment celle de Grutle Kjellson, on y retrouve ce grain très particulier vraiment bien rendu et surtout quand le bonhomme ouvre un peu plus ses cordes vocales avec de nombreux growls toujours bien placés ("Death in the eyes of dawn", "Materal"), les parties de Herbrand Larsen ne sont pas non plus toutes à jeter ("Roots of the Mountains", "
Riitiir") en témoigne aussi l’incroyable break de Veilburner et de son duo de voix Grutle/Herbrand magistral.
Riitiir malgré le désagrément évoqué plus haut reste un album franchement bien ficelé. Déjà la production est excellente malgré l’enregistrement dans trois studios différents (la sonorisation de la batterie devrait être enseignée à l’école), mixé au Fascination Street studio en Suède, on retrouve toujours ce grain très particulier d’
Enslaved. Même si nous sommes en terrain connu , on remarquera déjà que le son s’est énormément densifié au fil des ans. La basse sonne plus « ronde » qu’à l’accoutumer, souvent gavée d’effets en tous genres ("Thoughts Like Hammers", "Storm of Memories"), on note aussi un énorme travail abattu par Ivar Bjornson la tête pensante d’
Enslaved, avec notamment beaucoup plus de couches de guitare, souvent très travaillées et surtout des solos excellentissimes du début à la fin comme celui de 'Death in the eyes of dawn' bien introduit par un riff particulièrement épique.
Mais ce qui rend ce
Riitiir particulièrement intéressant c’est que tout au long des huit titres qui le compose on a l’impression qu’il revisite la discographie complète d’
Enslaved. Si les trois premières pistes sentent bon l’ère Axioma/
Vertebrae, à partir de
Riitiir on se retrouve dans le bain Below The Light/
Isa/
Ruun de plein pied. Magnifiant une quête spirituelle de tout les instants parfois lumineuse, parfois cosmique (
Riitiir), parfois noire comme la nuit ("Materal" qui n’aurait pas démérité sur Below The Light) ce dernier album des Norvégiens possède une atmosphère des plus prenante et travaillée. Le triptyque central RIIITIIR/ Materal/ Storm Of Memories fait partie des meilleures compositions du combo norvégien depuis des lustres (contenant pas mal de ces linéaires black dont Ivar Bjornson à le secret).
Forsaken le dernier titre termine l’album de belle manière avec tout ce qui fait d’
Enslaved ce qu’il est depuis des années : un groupe de black progressif puissant, atmosphérique, sensible où l’ombre d’un certain Meddle de Pink Floyd n’est jamais bien éloignée, tout comme le fantôme de
King Crimson.
Au final ce
Riitiir se révèle l’album de la synthèse de plus de vingt ans de carrière et plus particulièrement à partir de
Monumension. Doté d’une atmosphère spirituelle prenante, parfois déchaînée, le plus souvent contemplative, relevée par ce feeling nordique si particulier dont seul
Enslaved a le secret. Reste le cas Herbrand Larsen, je sais que le monsieur a ses fans, je n’en fais pas partie, préférant la rudesse du timbre de Grutle Kjellson. Mais ce point ne pèse finalement que peu face à ce nouvel effort des Norvégiens, qui nous prouvent encore leur allégeance sans faille au metal et nous démontrent aussi qu’ils en maîtrisent l’essence même.
Je vais peut être commencer par ceux là du coup.
Complètement d'accord avec ArchEvil, c'est plutôt soft, on est plutôt sur de la prog par (courts) moments black, voix claire ultra présente mais j'aime ça tant elle est super mélodique...un groupe qui ne se contente pas de resservir la même sauce à chaque disque. La longueur des titres me fait toutefois décrocher parfois...
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