Enslaved... Oubliera-t-on? Oubliera-t-on cette époque lointaine qui a vu naître le black metal proprement dit, comptant très vite de futures valeurs sûres tels
Mayhem,
Emperor, et
Enslaved lui-même. Oubliera-t-on l'agressivité d'un
Mardraum ou d'un
Blodhemn, mais également leur caractère pur et surpuissant? Oubliera-t-on la force d'un
Below the Lights, comparable à la poigne de fer d'un viking? Enfin, oubliera-t-on ce voyage épique que fut
Isa, ou comment exprimer l'essence de la musique dans toute sa splendeur, nous gratifiant au passage d'un ''
Return To
Yggdrasill'' touchant sans mal à la perfection. Rassurons-nous, l'heure n'est pas à l'oubli, car
Enslaved est encore des nôtres, actif et prolifique.
Enslaved EST, donc
Enslaved pense. À quoi? Aux ambiances... Aux atmosphères... Aux sonorités psychédéliques et aux mélodies cosmiques... Au heavy, au prog’, au rock, ... Bref, à tous les maillons qui composent la colonne vertébrale de notre chère musique, colonne qui permet à cette dernière de se tenir droite et fière. En un mot comme en cent,
Enslaved pense à
Vertebrae.
Et qu’est-ce donc que ce
Vertebrae? Il s’agit de huit chansons, faIsant suite à l’album
Ruun, lui-aussi d’assez bonne facture bien qu’un peu écrasé sous le poids d’
Isa - ce monument. Prenez les trois dernières productions studio du groupe, passez-les au mixeur, et vous obtiendrez ... une bouillie de disques ; certes. Il faut croire qu’en Norvège, on n’a pas les mêmes types de mixeurs qu’ici parce que la bande à Grutle, c’est un album une nouvelle fois très personnel et recherché qu’ils obtiennent.
Un constat vérifiable d’entrée de jeu avec le sublime
Clouds, tour à tour psychédélique, aérien, heavy, ... Les sonorités de claviers d’Herbrand Larsen ont conservé ce brio inné pour nous emmener loin, très loin. Un travail d’ambiances très fin, parfois épique, parfois progressif, nourri de finesse. Non content de ce boulot, le sieur Larsen se permettra une présence accrue de son chant clair, toujours envoûtant. Le fil rouge du morceau est un riff heavy entêtant, composé par des mains, cela se sent, expertes. Mid-tempo et progressif dans l’âme, une entrée en matière plus qu’honorable, laissant loin les déchaînements black du passé, notables en particulier sur
Mardraum par exemple.
Ce schéma pourra être distingué également à l’écoute du titre
Ground, garni d’un solo de maître Ice Dale, décidément toujours aussi inspiré, et atteindra son apogée sur Center, chanson tenant de l’inédit pour le groupe. Lente, répétitive dans sa première partie, progressive... Tant de qualificatifs qui pourraient aisément devenir des défauts. C’était sans compter sur la forme que les musiciens comptaient vraiment donner à ce titre. Peu après la moitié, un passage planant (on pense aux airs les plus calmes d‘
Isis), sans batterie et d’une simplicité sublimant sa beauté (arpèges lents, fond atmosphérique aux claviers, et voix susurrée) nous emmène avec douceur vers la partie finale, à la fois épique et aérienne, dont les mélodies charment comme rarement. ApaIsant et touchant, sans sombrer un instant dans l’ennui (on en redemande pratiquement...) ; du grand art!
D’autres morceaux, plus classiques dans leur forme, viendront se déposer entre les perles pré-citées :
Vertebrae, que l’on peut comparer par certains aspects au titre
Ruun de l'album du même nom, et New
Dawn, qui, par son riff dissonant, fait référence au passé black metal du groupe.
Je garderai toutefois mes distances quant à The Watcher, qui semble en marge comparé aux autres morceaux. Moins surprenant, quelque peu plus dépouillé, c’est loin d’être une mauvaise chanson mais à mon sens, elle entreprend une sorte de léger retour en arrière et aurait été plus à sa place sur
Monumension voire en tant que final de
Below the Lights... Le brûlot n’a donc pas la conclusion à laquelle je m’attendais.
Plus une gêne personnelle qu’un véritable faux pas, ce détail ne gâchera en rien l’écoute.
Une nouvelle fois un disque honorable donc, n’atteignant peut-être pas les rocs, pics, caps et autres péninsules magnifiés sur
Isa, mais ayant le mérite de ne pas stagner en tentant désespérément de reproduire les acquis.
16/20
Bon je suis pas là pour faire le psy, mais ce CD déchire, je reconnais bien là du Enslaved.
On ne peut satisfaire tous les goûts… ou changer notre manière de procéder.
Sinon, tentes d'autres opus d'Enslaved (si le coeur t'en dit), pas obligé que ce soit celui-ci ton disque de chevet ;p
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