Isa

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17/20
Nom du groupe Enslaved (NOR)
Nom de l'album Isa
Type Album
Date de parution 01 Novembre 2004
Enregistré à Grieghallen Studio
Style MusicalBlack Progressif
Membres possèdant cet album318

Tracklist

1.
 Intro / Green Reflection
 00:51
2.
 Lunar Force
 07:04
3.
 Isa
 03:46
4.
 Ascension
 06:46
5.
 Bounded by Allegiance
 06:39
6.
 Violet Dawning
 03:49
7.
 Return to Yggdrasil
 05:39
8.
 Secrets of the Flesh
 03:37
9.
 Neogenesis
 11:58
10.
 Outro / Communion (Excerpt)
 00:57

Bonus
11.
 Isa (Video Clip)
 
12.
 20 Minutes Video Interview
 

Durée totale : 51:06

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Enslaved (NOR)


Chronique @ AmonAbbath

16 Octobre 2009
L'absolu. Pour beaucoup une constante recherche, pour d'autres une finalité inaccessible. C'est bien cet absolu, cette position au dessus de la meute, que l'homme présent sur la pochette d'Isa, tendu, étiré, semble tenter d'atteindre en vue de devenir indépendant de toute contrainte. La rune dénommée Isa symbolise d'ailleurs le ''Moi'' façonné autour de ses propres particularités, un ''Moi'' qui n'a pas recours à une existence autre que la sienne en vue d'exister également, d'être. Un ''Moi'' indépendant donc. Oui, j'ai bien parlé de ''rune'' : les runes sont des lettres constituant un alphabet utilisé par les anciens peuples de langue germanique. Une description plus pointilleuse sera toutefois plus indiquée sur le disque suivant, Ruun, j'en resterai donc là en ce qui concerne l'alphabet runique.

L'absolu, Enslaved semble bien l'avoir allègrement touché avec cet Isa, je ne parle pas d'un absolu musicalement universel mais bien de celui qui convient aux musiciens eux-mêmes, le point où ils rêvaient d'amener leur oeuvre pour qu'elle aussi puisse exister d'elle même sans qu'une quelconque comparaison avec différentes formations black-metal ou autres ne voit systématiquement le jour.

Lunar Force paraîtrait pourtant presque signifier un retour en arrière, et ce du fait d'un degré de dissonance très prononcé au niveau du riff principal. On remarque une basse relativement audible, qui développe des lignes typiques du black-metal. Nous serons pourtant happés après quelques minutes vers un long break véritablement lunaire, déroutant. Un passage bruitiste permettra à l'autre riff principal du morceau de revenir par surprise - parfait pour stopper un hoquet - , accompagné du chant d'Abbath d'Immortal, invité à la voix ici méconnaissable.

Ensuite, au contraire, c'est un riff nettement plus heavy qui mettra Isa, le morceau titre, sur les rails. Mid-tempo de courte durée présentant un risque réel de propagation du virus du headbang (avouez que c'est mieux que la grippe porcine ! ...), ce titre lance une bonne fois pour toutes la machine qui ne s'arrêtera désormais qu'aux dernières notes de l'outro (et encore, le virus du ''replay'' rôde également ...).

Enslaved en apprécie des choses, croyez-le, et parmi elles figure le bon vieux rock progressif. Du coup on retrouve nombre d'éléments psychédéliques, dont une structure très progressive des morceaux (Reogenesis, Bounded by Allegiance, ...) ou encore, sur Ascension, un mellotron (pour ceux qui comme moi l'ignoraient encore : instrument de musique polyphonique à clavier, qui lit les sons sur des bandes magnétiques, très utilisé dans les seventies ; merci Wikipédia). Je crois me souvenir, pour l'anecdote, que Steven Wilson de Porcupine Tree est également un grand afficionado de cet instrument.

Revenons à nos moutons. Chaque chanson est d'une fluidité déroutante au niveau de la composition. Prenez Bounded by Allegiance, très progressif : d'abord un fil rouge martelé qui gagne en puissance jusqu'à ouvrir la voie à un passage semi-épique, semi-planant du plus sublime effet. Nous sommes ensuite ballottés entre soli somptueux, passages typiquement black ou mélodies dissonantes propres au groupe lui-même. Parlons-en de la dissonance, on a presque droit à un cours de double riff au début de Violet Dawning : une première rafale très dissonante est additionnée d'un second riff qui la complète à merveille, produIsant une mélodie bien entendu irréalIsable avec une seule guitare. Ce morceau sera à la fois le plus rapide de l'album et l'un des plus épiques grâce à deux passages semblables, dont un additionné de choeurs masculins subtils, et tous deux jouissant d'une superbe mélodie de fond jouée aux claviers. Enslaved utilise donc dissonances et subtilités pour accoucher d'une chanson qui fleure bon l'harmonie sonore.

Le plus drôle dans tout ça, c'est qu'ils étaient alors encore loin d'avoir tout donné et le prouvent avec un bijou nommé Return To Yggdrasill. Ne vous fiez point au nom (''Yggdrasill'' étant l'une de leurs premières démos) pour croire qu'il puisse s'agir d'un quelconque retour vers des sources plus sombres et brutales, il n'en est rien. La furie de départ du morceau sera freinée en pleine course pour laisser la place à un passage envoûtant, qui fait figure de retour à l'essence même de ce qu'est la musique, à savoir un enchaînement de sons agencés de façon à produire une réaction ou une(des) émotion(s) chez l'auditeur. Et ici, la réaction dans la plupart des cas risque fort d'être l'effarement face à une telle maîtrise musicale, surtout lorsque Herbrand Larsen (claviers) nous gratifie de son chant clair très inspiré ou qu'une guitare acoustique vient ajouter une touche atmosphérique... Assurément LA chanson de ce disque.

La voix furieuse et possédée de Grutle (j'aurais adoré porter si charmant prénom) se bonifie avec le temps, parfaitement en phase avec la musique, surtout lors des moments les plus ''tempétueux'' (Violet Dawning).

Le pavé Reogenesis (12 minutes) conclura à merveille Isa sur une note épique et une nouvelle fois très mélodique, garni à l'instar de Bounded by Allegiance de superbes soli grattés par la patte experte du prodigieux Ice Dale (responsable également des soli de i, projet parallèle d'Abbath, leader d'Immortal, et présent au sein d'Enslaved depuis Below the Lights). Morceau long oui, mais qui ne manque une nouvelle fois pas de cohérence et s'apprivoise après quelques écoutes, attentives ou non vu qu'il entre facilement en tête.

Tout comme cette esquisse d'oeil encadre l'être au centre de la pochette d'Isa, les huit morceaux du disque sont encadrés par deux pistes similaires entre elles (Green Reflection en intro et Communion en outro), hypnotiques et hantées, de courte durée.

Le livret nous offre des paysages à la fois grandioses et figés, comme gelés, la glace étant aussi l'un des attributs conférés à la rune Isa.


Chaque carrière a un sommet. Celle d'Enslaved en a trouvé un monumental, digne des plus grandes chaînes montagnardes. Il vous appartient désormais de l'escalader à votre tour, et qui sait, peut-être vous trouverez-vous, au détour d'une impasse, face à un absolu qui puisse vous convenir...

19/20

7 Commentaires

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AmonAbbath - 14 Décembre 2011: Merci !
J'ai écrit cette chro' avec beaucoup d'admiration pour le groupe (d'ailleurs ça se ressent, un peu trop "fan" je trouve, ça n'a pas changé hé hé) mais j'espère être resté juste. Ma note de 19 me fait un peu sourire moi-même, mais je n'aurais pas pu être moins subjectif, surtout avec cet album. J'aurais peut-être mieux fait de ne pas le noter.

Merci pour ta lecture en tout cas, je ne sais pas si je chroniquerai encore (un peu lassé, je chronique maintenant pour un blog plus Rock où il y a plein de choses à faire découvrir sur le Metal), pas pour l'instant en tout cas mais je suis content si certains de mes textes d'ici semblent être de bonne facture.
ArchEvil - 14 Décembre 2011: Bah te prends pas trop la tête avec ça. On est tous quelque part soumis à la loi de la subjectivité, et perso je ne vois rien à rajouter d'essentiel à ta chro. C'est du bon boulot.

Et l'admiration pour Enslaved, c'est tout de même compréhensible quand tu vois la carrière du groupe, sans aucun réel faux pas... jusqu'à Vertebrae inclu.
morgothduverdon - 15 Décembre 2011: En ce qui me concerne, aucun réel faux pas tout court (même si je n'ai pas écouté le dernier EP téléchargeable et en vinyle). :)

Ah, j'ai pas encore lu la chro du coup, bon promis, je vais le faire, mais pas à cette heure-ci, j'ai le cerveau qui chauffe. Et je ne doute pas de sa qualité^^
David_Bordg - 28 Décembre 2014: chef d oeuvre!
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Commentaire @ Coercition

15 Décembre 2007
Et les sons montent et s'accordent au firmament. Le bruit humain peut se substituer aux musiques généreusement offertes par Mère Nature.
Par quelle magie ces sons artificiels font-ils écho à nos sentiments les plus enfouis et nous déconnectent de la réalité physique ? Comment un assemblage de sonorités s'impose-t-il à notre âme pour ne plus jamais cesser de la hanter; comment croire que cette perception chaude qui coule et nous transporte a pu être engendrée par l'homme, pire encore a pu un jour ne pas exister, privant une humanité pauvre de bénédiction, la laissant languissante et torturée dans sa quête de sens ?
Inimaginable- mes semblables auraient-ils façonné cette pièce parfaite, inscrivant l'absolu au nombre de leurs accomplissements ?
Quoi- Admettre que cette relique ne soit un don divin.
Quoi- Artificielle, cette possibilité de transcendance ? Quel génie pour capter et reconstituer ces fragments d'infini qui dormaient dans l'éther, pour les révéler à l'homme en une visite écrasante de l'au-delà ?
Tolérer de ne pas partager cette merveille- y a-t-il des barbares pour ne pas idolâtrer ce qui seul fait à présent mon bonheur et éveille chez moi une étincelle de philanthropie, me poussant convulsivement à propager ce qui contient trop de beauté pour être embrassé par moi seul ? Garder jalousement ce qu'autrui pourrait ne pas apprécier à son inestimable valeur ?
Toutes ces questions, seul un chef-d'œuvre est de nature à les imposer chez le fortuné découvreur qui, par le meilleur des hasards comme par une sélection rigoureuse, se trouve condamné à vivre lié dans cette joie irrationnelle, diffuse et euphorique à celui-ci.
Isa est un chef-d'œuvre.

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