Samedi 23 mars 2013, 23h, GETEC
Arena de Magdebourg, Allemagne. Karim Achour (14 victoires, 2 nuls, 4 défaites), champion de France de boxe anglaise des poids moyens originaire de Thourotte (60) affronte à l’occasion de sa première chance continentale le tchèque expérimenté de neuf ans son ainé Lukas Konecny (49 victoires, 4 défaites) dans le but de ravir une ceinture européenne WBO vacante car nouvellement créée. Courtisé seulement trois semaines avant le Jour J, le franco-algérien étudiant en STAPS, facteur et surveillant de collège dans le civil ne s’est pas défilé face à un adversaire jugé supérieur, espérant inscrire enfin dans la Légende du Noble Art son éternel Boxing Club Thourottois entre les murs duquel il s’évertue encore à frapper fidèlement non sans force et précision les sacs de sable malgré les alléchantes propositions émanant de région parisienne. Héros et ambassadeur véritable du dernier bastion communiste du département de l’Oise, Achour est un gars simple roulant en petite voiture essence de seconde main et n’étant jamais avare d’une attention sincère pour ceux qui le connaissent et le reconnaissent au supermarché ou à la gare TER, pulvérisant ainsi du poing les stéréotypes fomentés à tort ou à raison par les mêmes chiens qui jadis les condamnaient dans un dessein purement électoraliste (SOS..).
Après être monté discrètement le premier sur le ring avec pour seul artifice un certain maillot de l’Equipe de France de football blanc époque Coupe du Monde 2006 floqué Zidane 10 sur les épaules (coup de boule, coup de boule..), le boxeur picard voit son adversaire slave du soir faire le show sur un épique «
Hard As a Rock » d’AC/DC déflagré au volume maximal avant de dévoiler entre les 16 cordes un immense tatouage dorsal à l’effigie du logo de Kralovopolska-Brno ; société métallurgique centenaire pour laquelle le protégé d’Ulf Steinforth loue ses bras depuis toujours en tant qu’agent de production lorsqu’il est déganté. Alors même si le voisin pugiliste professionnel depuis 2008 manqua de peu cette nuit là une belle ceinture en cuir garnie d’or à cause d’un pointage des juges contestable au terme de douze intenses rounds de trois minutes qui virent notamment l’ouverture de l’arcade et la face ensanglantée de Konecny alors que le combat aurait justement du être arrêté sur blessure et voir Achour logiquement l’emporter, ce fut un réel plaisir que de regarder sur écran autour de quelques pintes de breuvage houblonneux cette campagne européenne et ses références au vrai et à l’authentique : la fidélité, la passion, le sport comme canalisateur social et culturel, l’abnégation au travail et le sacro-saint hard rock.
Mythe incontesté de la rock n’ roll music au sens large du terme, AC/DC sort en septembre 1995 son douzième album studio international dénommé «
Ballbreaker » sur le label Eastwest Records et sous le catalog number européen 7559-61780-2. Produit par le prolifique et multicarte Rick Rubin, «
Ballbreaker » succède ainsi à « The
Razor’s Edge » paru cinq ans plus tôt et voit le retour providentiel derrière les fûts du légendaire
Phil Rudd viré en 1983 du quintette pour cause de soucis toxicomaniaques et de conflits physiques récurrents avec le school boy six-cordiste
Angus Young. Illustré par une somptueuse pochette du genre de celles que l’on photocopiait et collait dans son cahier de texte au cours de ses jeunes et irretrouvables années bercées d’illusions, «
Ballbreaker » s’avère être promu par le single «
Hard As a Rock » comprenant également le titre « Caught with Your Pants
Down ».
AC/DC, groupe australien tellement populaire remplissant stades et arènes au travers le monde que son essence intrinsèque s’en verrait presque galvaudée… Merchandising outrancièrement polymorphe, surmédiatisation et compagnie, difficile parfois d’apprécier objectivement ce combo d’anthologie à sa juste valeur, celle d’une entité de hard rock working class sans fard empreint d’un délicieux feeling bluesy dont l’Histoire authentique et l’incontestable efficience musicale se suffisent à elles mêmes et finissent par reléguer au second plan toute considération satellite finalement vaine et dispensable. Qu’importe, la vérité sortant purement et simplement des enceintes, «
Hard As a Rock » est introduite par un tempo ralenti lancinant laissant transparaitre d’une façon on ne peut plus ostentatoire la patte singulière et reconnaissable entre mille (malgré les copies) du grand AC/DC. Morceau au groove jouissif et aux riffings implacables des frères de sang Malcolm et
Angus Young animé de plus par les vocaux nasillards uniques du blue collar à la casquette de laine Brian Johnson, le téméraire et tamisé «
Hard As a Rock » constitue une démonstration de force tranquille, celle là même qui ne souffre d’aucun complexe et qui s’avère être généreuse dans l’effort et garante d’un résultat décisif le moment venu de l’inévitable passage à la caisse. En somme, un titre conditionnant quasi optimalement la rage de vaincre de celui qui est prêt à mettre sa vie en caution dans le seul but d’arracher avec honneur et courage une victoire si possible méritée et de faire ainsi bouffer la poussière à son ennemi désigné, bête à tuer destinatrice de tous les assauts et de toutes les haines le temps d’une opposition dans les règles de l’art avant l'armistice et les marques de respect mutuel.
A l’heure infecte et vomitive des warriors électroniques, des aberrations sociétales pour tous, de la tartufferie politique absolue, des trahisons sociales, des mensonges de l’élite, des injustices généralisées, du mondialisme mortifère et pire, de la pseudo intellectualisation intéressée de certaines sous-cultures populaires ; qu’il est bon d’apprécier les choses simples et de revenir aux fondamentaux d’une vie saine et équilibrée. Se défoncer la tronche à la salle de sport jusqu’à la syncope après une journée passionnément harassante de boulot, vider quelques cannettes d’or liquide en face d’un bon match de foot ou d’une mise à mort éventuelle, se délecter d’une vodka ou d’un whisky à l’écoute suramplifiée d’un hard rock qui nous ressemble tant et auquel il est si facile d’identifier nos vies trimardes faites de sueur, de sang mais ô grand jamais de larmes. En définitif, collaborer inconsciemment et alimentairement à leur monde pourri mais pouvoir te regarder dans une glace sans dégueuler ta bile dans la seconde et savoir mettre au tapis quiconque te manquant de respect au prix même de ta liberté.
Hard As a Rock.
Car, l'abnégation et la vérité, comme le dirait Adrien, finissent toujours par porter leurs fruits.
Comme Cho', voir les boys sur cette tournée fut un moment jouissif.
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