Depuis ses débuts il y a maintenant vingt quatre ans,
Dimmu Borgir a montré à quel point il était prolifique et talentueux en sortant tour à tour des opus de grande qualité qui auront inspiré bon nombre de formations actuelles. Il a aussi pris son public par surprise en transformant sa musique, devenant peu à peu une sorte d'hybride très porté vers la grandiloquence des orchestrations. Et puis depuis 2010 et la sortie du très partagé «
Abrahadabra », une grosse pause, bien trop longue pour tous les fans. Alors qu'elle ne fut pas leur excitation lorsque les Norvégiens annoncèrent leur retour...sauf que l'enthousiasme laissa vite place à la déception : la prochaine « sortie » est en réalité un DVD live proposant deux shows qui ne sont même pas d'actualité. Le premier a été réalisé en 2011 au Oslo Spektrum en compagnie des musiciens du Norwegian Radio Orchestra et des membres de la chorale Schola Cantorum (oui, les mêmes que sur l'opus «
Abrahadabra »), tandis que le second a été tourné au Wacken Open Air de
2012 avec une centaine de musiciens. Pour les besoins de la chronique, nous nous intéresserons à la version album de ce live.
L'auditeur se retrouve avec deux cds pour un total d'une heure vingt trois, soit une moyenne de quarante minutes par cd. Comme les concerts proposés sont assez proches du «
Abrahadabra », c'est donc surtout cet album qui sera à l'honneur, et la première tracklist lui est quasiment entièrement destinée. De l'intro dark « Xibir » à «
Born Treacherous », en passant par « Ritualist » sans oublier le mémorable «
Gateways », tout y est ou presque. Pour pallier l'absence de « The Demiurge Molecule » et de « Endings and Continuations », le groupe intègre deux fois le morceau «
Dimmu Borgir », le premier étant une version purement orchestrale où les musiciens s'en donnent à cœur joie (les choeurs sont immersifs, les cuivres relativement puissants), le second étant la version « normale » quasiment à l'identique de celle qu'on peut entendre sur l'album. Enfin, en bout de tracklist, en guise de conclusion, on retrouve le «
Eradication Instincts Defined » de «
Death Cult Armageddon » qui avait marqué les esprits par son côté hollywoodien et particulièrement ténébreux. Ici encore, c'est orchestre only. Alors oui, c'est beau, c'est grandiose avec tous ces choeurs et ces cordes qui nous baignent, mais qu'est-ce qu'on aurait aimé la déflagration de riffs et la rage qui va avec.
Passons au second cd live. Celui-ci met l'accent sur les gros « hits » du groupe, ceux qui ont marqué pour de multiples raisons. On a évidemment les plus grandiloquents et les plus hollywoodiens avec « Progenies of the Great
Apocalypse » ou «
The Serpentine Offering ». Là, l'orchestre apporte un véritable plus en renforçant le côté majestueux des cuivres. C'est dark et particulièrement immersif, même si parfois un peu trop lisse. Le feeling de Mustis manque cruellement ainsi que la voix angélique de
Vortex, remplacée par des choeurs qui n'essaient même pas de suivre sa ligne de conduite : ils ne sont pas aigus mais plutôt graves et n'apportent pas le même flot d'émotion....même si c'est, indéniablement, très beau à entendre.
On retrouve aussi « Puritania », la surprise du «
Puritanical Euphoric Misanthropia », avec son côté mécanique dans la rythmique et les sons. Ici, on tente de préserver l'enrobage industriel caractéristique du morceau avec des samples et quelques bidouilles, mais la batterie manque cruellement de force et se fait littéralement happée par les offensives aux violons. Quant au terrible « Mourning
Palace », il manque clairement ce côté atmosphérique et majestueux qui enivrait l'auditeur, mais la montée en puissance vers la fin est plutôt réussie, amorçant la fin du concert avant l'instrumental « Perfection or Vanity ».
Même si la production est incroyable, avec une bonne lourdeur dans les parties métalliques et une retranscription quasi parfaite des instruments symphoniques, la mayonnaise prend difficilement. D'une part, il n'y a de black metal que l'ambiance, soutenue par la véhémence de l'orchestre. D'autre part, avoir fait de certaines pistes des pistes uniquement orchestrales cassent un peu l'ambiance, surtout lorsqu'on connaît (et apprécie) les originales. Et enfin, on a l'impression que Dimmu, pas plus impliqué que ça, fait son taff sans s'octroyer quelques folies, comme si intégrer un orchestre et un choeur était bien suffisant. Je suis sûre que les plus fermés au metal extrême prendraient leur pied sur de telles compositions. Il n'empêche que cette sortie fait son petit effet : non seulement elle fait office d'amuse-bouche en attendant le nouvel album prévu pour cette année, mais elle permet aussi de se replonger dans l'univers de
Dimmu Borgir. Les nouveaux fans découvriront aussi une autre facette du groupe. D'autres se répéteront encore une fois que c'était mieux avant. Mais l'évolution est là, bien confirmée avec ce live orchestral.
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