Parfois, après bien des réflexions et contemplations, il arrive qu’on souhaite jouer les paladins loyaux bons (**) afin de réhabiliter les anges noirs déchus, tel ce
Spiritual Black Dimensions. Qu’a pu représenter ce disque aux yeux de l’auditoire sceptique à sa sortie ou tout au plus, quelques années après, le temps d’avoir un avis tranché ? Une décadence ? Un essoufflement ? Ou une œuvre trop ambitieuse ?
1) Décadence !! Cette fois, ils en ont trop fait ! Ils ont mis les claviers totalement en avant ! Le chant multiforme de Shagrath et la majorité des riffs sont quasi-inaudibles dans ce mix affreux, et-et-et... et en plus, ils ont osé ajouter des voix claires ! SBD ? Rien qu’un vaisseau-train fantôme en carton pâte d’où des diablotins hurleurs sortis de leur boîte nous donnent une bonne tranche de rigolade. C’est terminé
Dimmu Borgir ! Avec leurs pentagrammes à la noix, leurs arrangements overdosés qui veulent cacher la pauvreté de leurs riffs, et leur gros son aseptisé made in
Nuclear Blast, ils ont définitivement rejoint Cradle dans la course du plus populaire groupe de blague sympho easy-listening !
2) Essoufflement : il est dommage que plusieurs compositions sur ce second volet enregistré aux célèbres
Abyss Studios reprennent beaucoup trop d’éléments déjà présents sur
Enthrone Darkness Triumphant ou manquent de répondant. La sophistication apportée par Mustis et la finesse du jeu d’Astennu ne peuvent masquer le manque d’innovation de “ Dreamside Dominions ” ou même de “ The Promised Future
Aeons ”, quoique ces enchaînements de pièces brumeuses, ces notes lourdes de claviers et ce glissement de soli bien exécutés donnent un joli caractère mystique à l’ensemble. L’effet de surprise manque ici.
3) Trop ambitieux : à travers des morceaux assez homogènes,
Dimmu Borgir a essayé de retranscrire les atmosphères de
Stormblåst le bien-nommé à travers un opéra noir rappelant les premiers
Limbonic Art. Astennu, le cerveau de
Carpe Tenebrum et soliste sur le célèbre
Nexus Polaris de
Covenant, a dû apporter un plus dans l’écriture mais à part “ Reptile ”, “ The Insight and the
Catharsis ” et “
Arcane Lifeforce
Mysteria ”, où le chant clair de
Vortex est diaboliquement divin, les progressions sont handicapés par la multiplication de courts changements de rythmes ou par des breaks mal ajustés.
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Voilà pour les arguments défavorables suffisamment convaincants qui me viennent à l’esprit. Autant vous dire que je ne partage dans ces avis (presque) fictifs que certaines remarques des 2 et 3 – en ce qui concerne le 1, sans commentaire. Si par le passé j’aurais dit : « disque coincé entre deux monstres », ce n’est plus le cas aujourd’hui.
EDT était percutant et multipliait les atmosphères mais souffrait d’arrangements un peu “ too much ”. SBD, lui, est plus mélodique et rajoute de la cohérence dans la musique des Norvégiens. “ Behind the Curtains of
Night -
Phantasmagoria ”, “
United in Unhallowed Grace ” et “ The Blazing Monolights of Defance ” montrent tous les trois les limites de la section rythmique avec cette batterie manquant d’enchaînement quand l’opus accélère la cadence à coups de double ou de blast. Mais en revanche, les trois suscités sont un théâtre où s’expriment la variété des guitares et le savoir-faire de Mustis. Quelques bons ralentissements ici et là couplés à des poussés symphoniques astrales majestueuses suffisent à enterrer les si estimés titres ambiants de l’opus précédent des Norvégiens.
Que manquait-il finalement pour que cette œuvre soit plus équilibrée ?
Pas forcément une meilleure production ou plus d’agressivité dans les vocaux principaux, la voix rauque de Shagrath étant excellente, particulièrement pour ces growls de “ Grotesquery Conceiled (Within Measureless Magic) ”. Des compositions un peu plus relevées ou aventureuses, peut-être ? Quoiqu’il en soit,
Dimmu Borgir a défini son style : l’homogénéité et des riffs black/heavy laissant davantage de place aux orchestrations. Même s’il montrera un regain de vélocité, l’original
Puritanical Euphoric Misanthropia deux ans plus tard, ne fera que confirmer cette orientation.
Qu'on se le dise : si l'on veut s'amuser à classer les différents disques sortis par Silenoz et Shagrath,
Spiritual Black Dimensions rivalise pour atteindre la première place du podium. Les titres ne se dégagent peut-être pas entre eux, mais chacun apporte sa pierre à l'édifice. Un cru norvégien 1999 qu’il serait bête de ne pas essayer de même que son contemporain “ The Nightspectral Voyage ” d'
Obsidian Gate.
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Hail to the Eternels !
Pourquoi parles tu de Vortex? N'a-t-il pas remplacé Nagash après la sortie de l'album?
Mes souvenirs commençant à être malheureusement nébuleux vers ces périodes plus réculées, je ne me souviens en revanche plus qui était le bassiste fin 1999 lorsque j'ai assisté à la tournée française de Dimmu Borgir en compagnie de Dark Funeral. Je pencherais hasardeusement pour Vortex...
Enfin, merci à Furia pour son intervention. Une divergence de perception étant toujours bonne à prendre si l'argument suit. Sinon, à quoi bon partager ses opinions ?
Fabien.
Pour ma part cet album flirte élégamment avec la perfection, entre un Enthroned Darkness triumphant aux sons de claviers trop "basique" (même si ce n'est sans doute pas voulu) et un PEM, sans doute trop partisan sur certains points (la prod, certain arrangement -même si moi j'adore^^).
Là, on tient l'archétype parfait du disque black sympho, l'album à conseiller pour une découverte objective du genre.
Je ne le trouve pas très black dans l'esprit, mais je dois dire que les ambiances sont très bonnes, à chaque écoute je redécouvre un univers nouveau.
Un album très complexe, plusieurs écoutes sont nécessaires pour vraiment rentrer dans ce disque. Mention spéciale au très sombre "United In Unhallowad Grace"...
Note: 15/20
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