1995…
Grosse année pour le
Metal Industriel d’
Outre-Rhin avec la sortie du premier album de
Rammstein : « Herzeleid ». Et pourtant, c’est en cette même année que sort le troisième album d’
Oomph ! : «
Defekt ».
Après avoir radicalement changé d’orientation musicale pour leur second album «
Sperm », le trio délaisse l’Electro/industriel pour une musique beaucoup plus crade et
Metal. «
Defekt » continue dans cette voie en y ajoutant son lot de samples bien plus conséquent que sur «
Sperm ».
Autant le dire tout de suite, cet album avec «
Unrein » est le plus sombre et malsain du groupe.
Alors, à quoi s’attendre ?
Le morceau «
Hate Sweet
Hate » nous met directement dans l’ambiance, chant désabusé (on flirte avec le growl sur le pré-refrain !) avec riff simple mais foutrement efficace (En même temps, c’est la marque de fabrique du groupe). Les samples restent discrets mais efficaces, laissant la place aux guitares tout en apportant une petite touche synthétique à la chanson ; vraie tuerie, le ton de l’album est donné : bienvenue en enfer !
Puis, déboule « Ice-Coffin », deuxième bombe de l’album avec des samples de
Carmina Burana (O Fortuna) qui s’intègrent étrangement très bien à la chanson. Bâti sur un riff entêtant, le refrain se veut mélodique sans pour autant dénaturer l’esprit malsain de l’album (à noter l’apparition de la basse, bien audible vers la fin de la chanson, assez rare dans le monde du
Metal Industriel). Considérée un peu comme le « hit » de l’album, elle s’est rapidement dotée d’un clip et constitue surement la chanson la plus abordable de la galette.
L’album est d’une réelle homogénéité en ce qui concerne l’ambiance et la sonorité des chansons :
Oomph ! surprend rarement et reste fidèle à la recette qui fait du groupe une exception dans le genre : riffs simples mais qui invitent au headbang, le tout saupoudré d’échantillonnages. Rajoutez une pincée de claviers et une bonne dose de chant venu d’outre-tombe et vous avez de quoi vous faire une petite idée à quoi ressemble «
Defekt ».
Les thèmes abordés ne sont guère joyeux : « Hello My Name Is
Cancer », « Your Love Is Killing Me », il faut dire qu’à côté «
Sperm » baignait plutôt dans l’humour gras… Ici n’y cherchez pas un poil de rigolade, l’album est dérangeant et il se dégage un côté morbide (sans être too extreme), comme si on avait laissé moisir quelque chose dans un laboratoire désaffecté et complètement putride (non je n’ai pas pris de champignons), à condition bien évidemment de se mettre dans le trip de l’album et d’éviter de l’écouter un jour de plein soleil quand votre voisin vous en met plein la tronche avec le dernier Black Eyed Peas héhé…
L’alternance entre l’anglais et l’allemand offre à l’auditeur un panel de sonorité lié au chant plutôt bienvenue. Autant dire que l’anglais à cette époque utilisé par le groupe n’avait pas pour objectif pour ce dernier de s’exporter plus facilement chez les publics réticents à la langue de Goethe… (Meuh non je n’ai pas mentionné «
Truth or Dare » !)
En ce qui concerne la face B de l’album, on retiendra comme titre marquant « Come
And Kick Me » avec un léger côté atmosphérique porté par les claviers et son riff lancinant vers le milieu de la chanson. Le chant, bien que moins varié que sur «
Wunschkind », reste rageur (Dero avait la patate à cette époque !) et énergique (C.F « Ice-Coffin).
Amateur de basse bien audible, écoutez « Turn The
Knife » ! Vicieuse à souhait avec son chant dégoulinant de haine (dans les couplets), de rage (dans le refrain) et construite sur un riff mid-tempo, elle illustre parfaitement bien l’esprit de l’album (mention spéciale au petit cri samplé à la fin de celle-ci).
MITTEN INS HERZ !!
Le deuxième hit de l’album ! Avec son pré-refrain mythique (d’ailleurs, si vous tendez bien l’oreille, les samples durant ce dernier sont typiquement l’image que je perçois des sonorités industrielles : des bruits mécaniques de machines couplés à des riffs hypnotisants, où l’industrie et le synthétique prennent le dessus sur l’humain !) Chanson phare du groupe (elle est toujours jouée en live), elle reste aussi une des meilleures de l’album avec son refrain ultra-simpliste (« Gott !! Ist !! Tot !! »).
« Your Love Is Killing Me » est dans le même esprit que la précédente, avec des samples mécaniques et un refrain haché.
Pas de grosses surprises, efficace mais déjà entendu auparavant.
Un petit mot sur les deux traditionnels morceaux ambiants propres à la période
1994-2001 :
- Zeitweilig Incontinent : Imaginez-vous dans un laboratoire abandonnée à la façon Bioshock avec un tas de bizarreries (non je n’ai toujours pas mangé de champignons !!), l’ambiance est là, faisant place à un moment de solitude, les sonorités transportent l’auditeur dans cet endroit inquiétant et sentant la mort (les bruits de corbeaux à la fin renforcent cette impression…).
- Decubitus Vulgaris : Beaucoup plus pesante que la première, elle fait ressortir un sentiment de tension, de danger. On peut la prendre comme une suite logique de la première. Des bruits de baguettes laissent présager à l’auditeur qu’il va faire une rencontre malsaine et peu chaleureuse.
Deux petits bijoux donc, à savourer en ayant un peu d’imagination et en aimant bien sur les expérimentations électro/industrielles.
La phase terminale de l’album se conclut par la chanson éponyme, assez répétitive avec son refrain entêtant («
Defekt !
Defekt !
Defekt ! »), elle reste cependant un cran en-dessous de l’album et demeure, disons-le, assez chiante (surtout au bout de 7 minutes…). Cela reste quand même du chipotage au vue de la qualité de l’album…
Vous avez aimé «
Unrein », mais vous préférez un côté plus direct et homogène ? «
Defekt » est fait pour vous. Accrocheur sans être racoleur et mélodique sans être mièvre, il reste une valeur sure. Une bombe difficilement trouvable sur le net à l’heure où ces écrits sont publiés, mais si vous êtes amateur d’Indus, que vous vous lassez de
Rammstein et que pour vous les derniers albums du groupe n’ont rien de transcendant, n’hésitez pas.
A noter : la réédition de 2004 comporte trois raretés intéressantes (et un remix inutile). « Fleisch » possède le même côté malsain que « Come
And Kick Me » et s’inscrit bien dans la lignée de l’album. Je ne ferais pas de commentaires sur «
Asshole » qui comme son nom veut bien le faire croire, est un peu plus barrée. Sympa mais sans plus (elle ressemble étrangement à l’ambiance que pouvait dégager l’album «
Sperm »). « A.L.I.V.E » est plus lente et plus lourde dans ses riffs. Toujours dans la continuité de l’album.
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