Si l’on peut tirer un maigre point positif de la crise actuelle, c’est que les groupes dont la musique permet de vivre n’ont rien d’autre à faire que de composer et d’enregistrer en studio. Les tournées étant out pour une durée indéterminée, les groupes écrivent, créés et proposent des choses qui n’auraient peut-être pas vu le jour sans ça.
C’est un peu le cas quand on apprend que
Soilwork va sortir un ep après un "
Verkligheten" encore récent. Un ep, mais pas n’importe comment. Il ne s’agit pas d’un inédit avec des lives ou des bonus ou encore d’une compilation comme l’était "
Death Resonance". Non, avec "A Whsip of the
Atlantic", les suédois ont mis les petits plats dans les grands.
Jugez plutôt : un titre éponyme de 16 minutes (!), cinq inédits et plus d’une demi-heure de matériel, le tout dans une superbe édition vinyle limitée vendue (pour le moment) uniquement chez
Nuclear Blast. Là où
Soilwork a surpris ces dernières années en cherchant constamment à sortir de sa zone de confort d’un death mélodique « made in Göteborg », avec notamment un dernier opus beaucoup plus aérien, ou encore le double album "
The Living Infinite", le groupe Bjorn
Strid s’attaque cette fois à la composition à tiroir très progressive.
Se parant de tous les éléments connus du groupe, le morceau éponyme évacue de plus une violence surprenante, particulièrement dans certains growls bien plus noirs que précédemment, tout en mélangeant cet aspect à des passages purement progressifs, parfois presque jazzy où la basse et le piano mènent la danse (autour des 9’). Le chant sert toujours de fil conducteur, le combo ne se perdant jamais dans de longs dédales musicaux ou des soli à rallonges, notre frenchie Sylvain Coudret n’étant pas coutumier du shred, son compère David Andersson encore moins. Néanmoins, on ressent une réelle cohérence dans un exercice rare pour le genre et auquel
Soilwork ne s’était encore jamais frotté. Les blasts effrénés s’enchainent parfaitement aux plans beaucoup plus calmes et groovy et, en plus de ne jamais s’ennuyer, on a véritablement la sensation d’entendre une chanson évoluer, sans refrain revenant constamment mais en conservant un fil conducteur évident, se permettant même quelques écarts que
The Night Flight Orchestra n’aurait pas renié sur certains claviers. On pourra juste regretter, en chipotant un peu, ce final un peu longuet évoquant une BO façon
Broadway ou ce que
Nightwish avait fait avec "
Slow, Love,
Slow".
Les quatre autres titres nous laissent en compagnie d’un
Soilwork plus connu mais tout aussi efficace et ne souffrant aucunement du syndrome de l’ep poubelle. "The Nothingness and The
Devil" se concentre autour d’un riff catchy et rock sur lequel Bjorn se montre hargneux et agressif. Bastian, le nouveau batteur depuis l’opus précédent, se montre totalement à l’aise avec cette double pédale métronomique et semble totalement intégré à l’ensemble musical du combo. "
Desperado" se montre tout aussi efficace en un peu plus de trois minutes, avec un riff d’introduction typiquement suédois et le retour d’arrangements un peu plus cybernétiques comme ils le faisaient il y a quelques années. Le chant clair se fait également plus rugueux, moins éclatant que parfois, afin de conserver une certaine agressivité tout le long de la composition et de ne pas rester ancrer dans des schémas de composition répétés inlassablement (ce qui est extrêmement louable de la part d’un groupe à qui on avait reproché, lors des sorties de "
Figure Number Five" ou "
Stabbing the Drama", de trop se répéter).
"
Feverish" s’ouvre carrément sur des synthés 80s à la
Van Halen (hommage à "Jump" ?) avant qu’un blast beat, presque seul, n’arrive. Le riff se fait d’abord très minimaliste avant que Bjorn, décidément d’une humeur hurlante, ne déboule. Le ton est néanmoins beaucoup plus mélodique sur le pré-refrain et le vocaliste démontre toute sa versatilité sur un superbe refrain tout en nuances. "
Death Diviner" conclue l’ep de façon un peu plus anecdotique, malgré un solo qui donne de l’ampleur à la composition.
Si "
A Whisp of the Atlantic" n’est qu’un apéritif en attendant le prochain disque, il n’en est néanmoins pas inutile et permet surtout à
Soilwork d’expérimenter et de tenter des choses pour le futur full-lenght. Son morceau titre fleuve de 16 minutes est une belle expérimentation, réussie qui plus est, démontrant que les suédois ont encore des choses à dire et qu’ils ne souhaitent pas rester sur leurs acquis. Un joli travail à savourer qui, le temps d’une demi-heure, prouvera que les vétérans ont encore des choses à prouver aux plus jeunes.
Tu n'y vas pas un peu fort sur la note ?
Très bon ep effectivement, qui a permi d'expérimenter entre deux albums. Malheureusement pas vraiment mis en valeur par le contexte de sorti et son faible pressage ..
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