Rien ne semble jamais simple pour
Soilwork. Pilier du death mélodique suédois depuis plus de vingt ans, le combo s’est fait en revanche plus discret depuis la sortie de "
The Ride Majestic" en 2015. Une tournée qui a suivi, un disque de compilation (l’excellent "
Death Resonance" en 2016, avec des pressages nippons et des faces B jamais dévoilées) et surtout deux albums de
The Night Flight Orchestra dans lequel Bjorn
Strid et David Andersson sont compositeurs principaux.
A cela s’ajoute le départ définitif du maestro Dirk Verbeuren chez
Megadeth et de Markus Wibom pour raisons familiales (paternité) font que
Soilwork est désormais un quintette sans bassiste (le groupe semble vouloir rester ainsi, avec un musicien de session). Bref, la sortie de "
Verkligheten" sonne comme un nouveau léger départ, surtout après trois opus qui s’inscrivaient dans une ligne directrice similaire, depuis "
The Panic Broadcast". Et il est peu dire que
Soilwork surprend avec son nouvel opus ...
Comme beaucoup d’artistes ayant écrit un certain nombre d’albums et arrivant à un stade de la carrière où la plupart des « hits » sont derrière, Bjorn « Speed » avoue ne plus véritablement faire attention à ce que l’on peut dire de son groupe, et compose avec instinct sur le moment. C’est pourquoi ce nouvel opus a été mis en boite comme un effort de groupe, composé en partie en studio (les Suédois ont également le Fascination Street Studios pour travailler avec un nouveau producteur plus habitué à la pop qu’au metal) et en totale démocratie.
"The Ride Majectic" avait suscité en moi quelques doutes à sa sortie, notamment dans une dimension parfois trop mélodique en comparaison du propos, bien qu’avec le temps, il soit devenu un album dans lequel j’y trouvais de plus en plus de qualité. "
Verkligheten" s’éloigne du regain d’agressivité qu’avait apporté
Soilwork dans sa musique sans pour autant revenir à des compositions très calibrées « melodeath » comme ce fut le cas sur "
Natural Born Chaos" ou "
Figure Number Five". Non, ce que l’on ressent énormément, c’est la lumière et le côté très accessible de
The Night Flight Orchestra. C’est choquant au début, surprenant ensuite et devient finalement revigorant.
Très organique, la production va dans le même sens et l’ouverture éponyme (enregistrée par un groupe bourré à 3h du mat’ « dixit » Speed) va en ce sens. Instrumental de deux minutes basé sur un piano désaccordé qui sent bon la Scandinavie et la mélancolie allant avec. "
Arrival" s’ouvre derrière sur un blast qui rassure directement sur le niveau de Bastian Thusgaard, dont Dirk lui-même fut le prof. Moins exubérant que son prédécesseur belge, Bastian se veut probablement moins technique mais cherche à s’inscrire dans le bien du morceau comme le décrit le chanteur. Ainsi, il ralentit le tempo sur le refrain très lumineux du titre, qui comporte en revanche des couplets vindicatifs et des riffs typiques du combo. Une ouverture évidente, bien que possédant quelques indices, particulièrement sur un break très aérien et un solo quasi heavy metal qui débouche sur le refrain, chanté en clair mais sur un blast effréné.
Pour ceux qui ont écouté les premiers extraits, "Stalfagel" est un bon exemple du contenu de l’album. Le rythme est plus proche du rock, les lignes vocales sont très mélodiques, quasiment pop, le riff très organique sans pour autant être plat et du chant féminin se cumule à celui de Bjorn pour un refrain qui pourrait très bien passer en radio, sur lequel quelques growls discrets viennent se greffer pour densifier le titre. D’abord gênant, le titre devient carrément entêtant et monte en puissance pour devenir un véritable hit, bien que différent d’un "
Overload", "
Stabbing the Drama" ou "Late for the
Kill, Early for the
Slaughter". Le solo est une petite merveille mélodique pleine de virtuosité qui vient parachever ce pur single qui risque de faire couler de l’encre. "Witan" s’inscrit dans une même logique, avec beaucoup de chant clair, un refrain ultra mélodique (mais pas convenu) même si les couplets se veulent plus agressifs. Le gros point fort reste ces mélodies très marquées mais poignantes de mélancolie et sonnant finalement moins niaises que d’autres titres des premiers albums où le groupe avaient parfois des difficultés à les doser. "
Full Moon Shoals" est du même acabit, avec un riff principal plus rock et direct mais des nappes de claviers aériennes et planantes qui font clairement écho au second groupe des deux principaux compositeurs. Abstraction faite de cette envie de voir Bjorn hurler et d’entendre des blasts à répétition, on remarque qu’un gros travail de composition a été fait et de nombreux risques pris.
Finalement, ce sont sur des titres plus traditionnels que le frisson est moins fort. Le plus burné "
Bleeder Despoiler" par exemple qui marque un retour aux premiers amours des suédois mais dénote un peu du reste. "When the
Universe Spoke" explore le meilleur des deux mondes, entre sa mélodie principale très forte et son blast supersonique qui pourfend l’atmosphère par-dessus. Les riffs sont plus extrêmes et incisifs, tout comme le chant de Bjorn qui retrouve toute sa violence et son aura, entre des couplets assassins et un refrain mélancolique et simplement beau.
Les deux derniers morceaux du disque semblent avoir été choisis car tout les oppose. "Needles and Kin" oppose Bjorn à Tomi Joutsen (
Amorphis) pour un pur titre de death mélodique des années 90, aux mélodies froides et aux chants extrêmes des deux compères qui se retrouveront pour la prochaine tournée. Le growl profond de l’invité se marie à merveille avec ce titre rapide et ciselé pour la scène (et qui pourrait bien être joué par les deux protagonistes sur la prochaine tournée !). Quant à "You Aquiver", il est, d’après Bjorn, le meilleur exemple « de black metal disco qui est un genre sous-estimé dans le metal ». Blague à part, nous tenons un morceau de fermeture très accessible et mélodique avec quelques écarts extrêmes et surtout un refrain qui aurait pu être sur un disque de
Sybreed (on n’est pas si loin de "
Doomsday Party" que ça) tant il groove !
"
Verkligheten" (réalité en suédois) est surprenant, différent et démontre surtout que
Soilwork se contrefout désormais des « qu’en dira-t-on » inhérents aux fans. Il fait ce qu’il veut et surprend là où on ne l’attendait pas forcément.
Pas un retour aux sources, différent de l’excellent triptyque proposé avant cet opus, l’album est surtout une libération pour ses auteurs. Après, qu’en penseront les fans, seul le temps le dira. Car il serait dommage de se fier aux premières écoutes qui peuvent clairement décevoir si l’on reste attaché à ce que l’on connait du groupe depuis vingt ans. Et cela ouvre clairement de nouvelles perspectives pour l’avenir ...
WORKFLAME90 il sera dans les tops de l'année avec certitude.
On a pas dû écouter le même album.
C'est claire David_Borg
Rien de transcendant ce nouveau Soilwork , du death mélo? On ce fou de notre gueule là! À mettre dans le même plat que In Flames et Sonic Syndicate,honnêtement c’est le dernier skeud du groupe que j’écouterai. En live c’est bien mais sans plus
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire