La trilogie initiatique de BLUT AUS NORD s'achève avec « Cosmosophy », dernière pierre apportée à un édifice imposant, 19 mois séparent le premier volet de la conclusion, 18 épitomes, comme autant de jalons d’un projet qui prend fin en apothéose.
Epitome : abrégé d’une histoire, précis d’histoire: sainte, grecque, latine, etc…
De manière plus extensive, l’idée de "condensé" s’impose, à propos de l’œuvre en question, et plus encore concernant le présent opus.
Quel chemin parcouru depuis «
Ultima Thulée » et son Black
Metal rocailleux et tranchant, d’inspiration scandinave !
Blut Aus Nord est sans conteste un groupe qui a su trouver sa voie propre, « MoRT » bien que plutôt décrié et il faut bien le reconnaitre difficile d’accès, est à mon sens la première manifestation de l’esprit qui aujourd’hui anime le combo : recherche de l’harmonie dans la dissonance la plus obscure, et l’âpreté.
Quoique, ceci ne vaut pas forcément pour « Cosmosophy », ce qui en fait un album vraiment à part. Même si «
Memoria Vetusta II » a magistralement réalisé la synthèse en proposant la quadrature du cercle entre les pulsions Black primitives et le vaste champ d’expérimentations qui s’ouvrent à coup sûr devant les esprits fertiles.
777 semble être l’aboutissement de la réflexion et de l’expérience.
Si tant est que l’on puisse retranscrire avec des formules intelligibles le sentiment éprouvé sur ce chemin :
« 777 Sect(s) » : chaos, violence, désordre, dispersion, épreuve (gare à l’épitome VI !).
« 777 The Desanctification » : contrainte, condensation, refroidissement (gare à l’épitome XII !).
Et enfin :
« 777 Cosmosophy » : Gnose, Illumination, Humanité (gare à toi !)
777 se découvre, l'indicible est énoncé, les vocaux dévoilent l’humain caché dans les ténèbres imposantes et torturées des volets précédents. Dès les premiers accords, le sentiment de plénitude est envahissant, mélodique, incantatoire, un en mot : rock. Même si la rythmique, cauchemardesque, imperturbable, tel un balancier, suit son chemin et les thèmes de la saga, dans le maelstrom réverbéré qui est la marque de fabrique des Normands. Rythme ralenti, pulsation.
«
Epitome XV » opère la mutation (alchimie?) la plus frappante, BAN met en œuvre des mélodies et des effets qui évoquent les moments les plus torturés du « Pornography » de The Cure (coldwave 80). Le décor n’est plus, c’est la vérité crue qui apparait, sensible, charnelle. Lyrics en français, en anglais, parlés, chantés, intelligibles, plus que de coutume, et surtout totalement poignants. « le temps ne martelait plus, rien n’avait été, rien ne serait plus jamais… ». On est loin, très loin du Black
Metal , même avant-gardiste.
«
Epitome XVI » affiche la sérénité trompeuse d’une intro aux nappes de synthés et guitare solaire, puis mêle à l’obsession morbide de 777 un chant émouvant et une montée, aux harmoniques diffuses, qui s’abîment dans un marasme sonore aux frontières d’un post rock incandescent.
«
Epitome XVII » évoque les fresques sonores oversized de la new-wave sonique la plus exigeante. Le break est un coup de cutter sur les cordes, aussitôt tempéré par un partie de guitare élégiaque, et enfin une plongée en apnée dans l’univers métronomique familier à 777.
Qui l’eut cru ?
le projet tient la route : 777, une œuvre, au sens le plus noble du terme.
Metal ou pas ?
Ce qui fut n’est plus, et ce qui sera n’est pas, …… et le chaos se tut.
La suite?
A l’heure de ces lignes, «
Memoria Vetusta III » est annoncé. Ils n’ont pas fini de nous surprendre.
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