Par rapport aux autres groupes cultes de Death
Metal,
Nile est arrivé très tard, on pensait d’ailleurs à l’époque que tout avait été dit niveau
Metal de la mort et qu’il était condamné à la redite éternelle. Seulement voilà, dès la sortie de
Amongst the Catacombs of Nephren-Ka en 1998, on a senti qu’il se passait un truc, et les albums suivants ont confirmé le talent du combo de Caroline du Sud, le plaçant littéralement aux côtés des légendes du style.
Dotée d’albums exemplaires loués par les scribes de tous pays, la discographie du pharaon
Karl Sanders et ses prêtres est d’un niveau et d’une régularité dont peu de groupes peuvent s’enorgueillir mis à part
Immolation. Alors à chaque sortie d’albums on guette le faux pas, la tuile, la faute qui enverra le combo dans les ténèbres d’
Anubis rejoindre d’anciens rois d’antan déchus comme
Morbid Angel. Que les détracteurs calment leurs ardeurs tout de suite, ce n’est pas pour cette fois ci.
Comme les galettes précédentes,
What Should Not Be Unearthed (2015) a été mis en boite par Neil Kernon, mais si At the
Gates of Sethu possédait un son puissant mais relativement clair qui mettait en valeur le toucher très précis de cet album, ici le retour à un son old school plus goudronneux est évident. Une évolution idéale pour coller aux morceaux de cette nouvelle offrande qui s’avèrent plus directs, brutaux et lourds que ceux de ATGOS.
Quand j’entends que
Nile serait soit disant désormais en mode pilote automatique, que les derniers albums se copient les uns les autres, je conseille à certains de soigner leur otite séreuse persistante :
Those Whom the Gods Detest était axé sur des compositions épiques, At the
Gates of Sethu sur l’habileté technique et la précision dans le riffing, quant à WSNBU lui mise un maximum sur la violence : en somme une évolution perpétuelle tout en gardant leur âme originelle.
D’ailleurs rapport avec la violence évoquée, aucune intro grandiloquentes avec cuivres et instruments traditionnels ne vient en prélude, et les musiciens appliquent immédiatement le conseil du titre
Call to Destruction. Voix hargneuse de Toller-Wade alternée de temps en temps avec le growl sépulcrale de Sanders, blast-beats dévastateurs de Kollias, leads aux sonorités égyptiennes, les caractéristiques sont présentes mais ce n’est qu’un échauffement, Negating the Abominable Coils of Apep enchaine avec une furie peu commune qui allie vitesse surhumaine (9 G dans la gueule lors du décollage à 1 :43), ambiance des catacombes, technique affolante et lourdeur pachydermique.
Lorsque l’on croit avoir atteint un crescendo, Liber Stellae Rubeae surgit avec un départ absolument bluffant de puissance et une suite assez étonnante chez
Nile avec des plans presque typés
Origin, à 1 :13 on croirait clairement un riff de Paul Ryan, impression qui revient plus tard sur Rape of the Black
Earth. Le moment est bien choisi pour proposer enfin de la musique traditionnelle égyptienne sur la courte minute d’introduction de In the Name of Amun, le morceau peut être le plus proche de
Annihilation of the Wicked au niveau de la structure et des leads et qui pourrait bien devenir un classique du groupe en concert d’après ce que nous avons pu voir au
Fall Of Summer 2015.
La chanson titre est idéalement placée, une piste tout en lourdeur et en ambiances qui fait suite à un déluge d’énergie, « ce qu’il ne faut pas déterrer » ne parle pas uniquement de Toutankhamon, mais des recherches archéologiques en général dont certaines ont bouleversé les façons de penser comme les dinosaures ou les hommes de Neandertal.
Avec
Call to Destruction,
Evil to Cast out
Evil est l’autre single de l’enregistrement, et lui non plus ne fait vraiment pas dans la dentelle, débutant d’abord sur du mid-tempo relativement enlevé et quasi mélodique,
Nile lâche une fois de plus les chevaux à 1 : 48 délivrant des rythmiques impressionnantes de dextérité et de violence, du vrai brutal Death en somme, pas celui des guitares lourdingues, de la voix de lavabo ou de porcinet, du concours de notes à la minute et du blast à gogo dans le vide…
Pour être totalement juste, il manque tout de même à WSNBU quelques détails pour être à la hauteur du mythique et impitoyable ITDS : les leads sont un peu moins flamboyantes par rapport au quatrième album et on trouve quelques morceaux un léger ton en dessous sur la fin. Attention tout est relatif car Age of Famine et le final To Walk Forth from
Flames Unscathed sont de très bons morceaux, mais être comparé à la perfection est toujours difficile. Il n’en reste pas moins que l’on à faire à une tuerie et qu’on voit difficilement qui pourrait ravir au trio le titre d’album Death
Metal de l’année, voire album de l’année tout court.
Définitivement
Nile ne tourne pas en rond et continue d’exploiter son concept unique avec brio, délivrant un huitième album compact, impitoyable et inspiré, dissipant les doutes que pouvait éventuellement inspirer le disque précédent. Ensemble avec
Hate Eternal, le Death de deuxième génération (celui apparu fin 90’s / début 2000’s) semble toujours au sommet de sa forme et n’a pas l’intention de baisser pavillon face à la concurrence plus jeune.
The scourge of
Amalek is still upon you !
BG
Je veux pas relancer un débat houleux, surtout aussi longtemps après la guerre mais au cas où ça en intéresserait encore certains :
Je sais pas si quelqu'un l'a déjà fait remarquer (flemme de tout lire) mais on ne parle pas de peuple juif mais de peuple hébreu. Les juifs sont des religieux, les hébreux un peuple. Comme les musulmans et les arabes. Le terme peuple juif est un abus de langage et est erroné.
Du coup je suis assez d'accord avec BG, je ne comprends pas qu'on puisse en mettre plein la gueule de certains et qu'on ne puisse même pas murmurer sur d'autres.
Personnellement je suis pour les amalgames, pour moi ils sont tous aussi cons :)
Eh bien, quels commentaires ! Pour en revenir à la musique, je trouve ce Nile fort goûteux, riche et construit sur une base brutale et massive fort bien adaptée à la musique des Américains. Même sans la spécificité des ajouts célèbres "à l'Egyptienne", comme sur d'autres albums, Nile a pondu ici un disque très actuel, personnel et d'une puissance assez hallucinante. Je connais mal d'autres albums de la formation, mais celui-ci est un vrai très bon disque, avec, chose intéressante, un petit texte explicatif au sujet du thème de chaque morceau permettant une compréhension totale de l'univers de cet album.
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