Le mur de
Jericho : nouveau monde, univers céleste et encore vierge de toute impureté. Dans la mythologie hébreu,
Jericho est l’une des premières villes à avoir eu comme culte la lune, et est également reconnue comme étant l’une des plus anciennes villes habitées du monde. Une citée avant-gardiste donc, ouvrant de nouvelles perspectives à l’humanité, encore innocente et pure. Un mur protecteur d'une civilisation en avance sur son temps qu'
Helloween détruira complètement sur sa pochette, comme la métaphore de cette volonté de dépasser tout ce qui avait été réalisé jusqu'alors. C’est sous cette appellation symbolique que
Helloween, encore sous le joug du visionnaire allemand Kai Hansen, décide de sortir son premier album, faisant suite au légendaire ep éponyme et vision parfaite d’une scène heavy metal que Kai avait à cœur de propulser en avant de par sa puissance, sa technique et son agressivité presque anachronique, alors que les premiers berceaux de brutalité métallique commençaient timidement à voir le jour (
Slayer,
Celtic Frost alors sous le nom de
Hellhammer,
Exodus).
Helloween enfoncera le clou quelques mois plus tard avec le sortie de ce "
Walls of Jericho", aujourd’hui aussi seul qu’une oasis en plein désert dans la féconde discographie des citrouilles.
Logiquement basé autour des compositions de Kai, Micheal Weikath (guitare) ne tentant l’exercice réellement qu’à partir du second volet de "Keeper of the
Seven Keys", ce premier vrai album évoque bien plus les bases archaïques et brutes de
Gamma Ray qu’
Helloween, qui voguera vers des horizons bien plus mélodiques dès l’opus suivant, et encore plus suite au départ du sympathique leader. Encore d’une incroyable agressivité, les riffs distillés par Hansen & Weikath feraient pâlir plus d’un groupe de death mélo actuel, autant dans la vitesse d’exécution que dans la combativité qui en émane ("
Ride the Sky", "
Metal Invaders", "Heavy
Metal (Is
The Law)"). On ressent une fureur démoniaque dans chaque ligne de basse, dans chaque riff tranché à la hache, proprement brutaux replacés dans leur contexte. Le phénoménal "
Ride the Sky", l’intro éponyme passée, kitsch et ridicule au possible (culte, ce son de trompette !), détruit toute la concurrence qui pouvait alors exister et aplatit complètement les maîtres du moment, à savoir Iron Maiden,
Judas Priest (alors en phase d’amollissement de sa musique) ou même
Metallica, bien loin de la puissance antédiluvienne de ce fabuleux riff d’ouverture, aussi surpuissant qu’il n’est destructeur. On remarque d’entrée également que le chant si caverneux du ep s’est précisé. Il tente de légères incursions vers des aigus encore très approximatifs mais parfaitement symptomatiques d’une époque visant à la différenciation des autres et à l’épanouissement artistique.
La production s’est également affinée, apparaît plus précise, plus puissante et laissant libre cours à une basse indomptable (énorme GroBkopf sur ce disque), complètement en marge des guitares et se créant son propre espace, ses propres rythmes et des lignes uniques bien loin de la synchronisation des guitares ("
Reptile" notamment). Le déluge de solos alimentant chaque titre n’a eu que peu d’égal dans le style à travers les années qui passèrent et laissent encore à "
Walls of Jericho" la place d’ovni dans une expression musicale s’étant sans doute trop rapidement enfermée dans un champ d’espace mélodique que Kai voulait alors littéralement exploser. On retrouve néanmoins de fortes réminiscences à Iron Maiden, mais de manière subtile, plus dans le fond que la forme, particulièrement dans la façon de débuter un morceau, avec un riff parfaitement identifiable ("
Ride the Sky", "Phantoms Of Death", "
How Many Tears") comme le fit si souvent la vierge de fer. "Phantoms Of Death" évoquant inéluctablement l’esprit de "
Gamma Ray Of The Opera" ou "
Prowler", voire même de "
Two Minutes to Midnight" (peu de rapport vous en conviendrez). Une incroyable richesse ressort de compositions parfois longues mais regorgeant de breaks et soli tous plus ingénieux les uns que les autres, "
How Many Tears" pouvant même lorgner vers un Santana l’espace de quelques furtives secondes.
De même, on remarque l’arrivée, encore timide mais existante, de cet humour si caractéristique qui fera la marque de fabrique du groupe, autant dans les paroles que parfois dans la musique délicieusement décalée ("Gorgar"). Le parodique mais génialissime "
Metal Invaders", où Kai réalise des envolées proprement splendides sur le refrain et aux aigus volontairement ridicules, la relative fausseté de son chant ne nuisant (étrangement ?) pas au résultat final. L’inoubliable "Gorgar" également, contant la vie d’un flipper ( ?), et son intro au tapping (quelle partition de basse !) suivie d’un des seuls riffs mid tempo et affreusement lourd de l’album. Le refrain très « raw », les chœurs vomis et hilarants, le chant une nouvelle fois parodique, tout y est dans cet hymne à la bonne humeur et à l’imbécilité textuelle sous couvert de musique pourtant si novatrice.
Judas conclura les hostilités avec agressivité, rapidité, et dégageant cette envie de liberté et de pouvoir total dont rêvait Kai à son plus jeune âge (de nombreuses paroles, anciennes ou contemporaines, traitant de ce sujet mythique).
Alors finalement, comment définir "
Walls of Jericho" ? C’est un album où tout est « raw », pur et sincère, où les angles ne sont pas encore arrondis et où l’atmosphère n’avait besoin que de fiévreuses guitares et d’une voix intemporelle pour vivre, loin de la surenchère noyant les productions actuelles. C’est un album où la puissance tétanisante n’a d’égal que le sentiment de vivre un fragment d’histoire en écoutant ces riffs supersoniques et très rarement égalés dans le style. C’est un album où les approximations techniques et technologiques s’effacent au profit de la sincérité et des tripes mises dans cet enregistrement. C’est un album d’adolescent rêveur voulant changer le monde et le bouffer à pleines dents. C’est un album culte, simplement…
C'est à se demander comment ils ont faits pour avoir autant d'inspiration. Du pur bonheur ! Pas un morceau à jeter ! L'ouverture avec Ride The Sky, on se dit qu'ils ne peuvent pas aller plus loin. Bah si et difficile de départager un morceau de l'autre même si j'ai un chouia de préférence pour How Many Tears.
Les fanas du batîment et d'architecture parleront de pierre angulaire.
Sans doute que toutes les planètes étaient alignées dans cette période décidément riche en albums d'exceptions,il est vrai que cet album est très différent du reste de la discographie de Helloween sans doute que le départ de kai hansen du groupe y sera pour beaucoup.
.J'ai commencé à écouter du Hard, Métal en 1970, j'avais 10 ans. Et pendant de très longues années, je n'ai pas compter le nombre de disques qui ont tournés sur ma platine. Et à la fin des années 90, j'ai eu un trop plein de Hard Rock, trop écouté surement. Plus aucuns groupes ne me bottait. Et un jour de l'an 2000, j'ai vu Hammerfall et son morceau Renegade à MTV, j'avais bien aimé. Je venais de découvrir sans le savoir le Power Mélodique et le gout pour la musique de ma jeunesse est revenu. Et depuis, bien sur, j'ai découvert d'autres groupes, dont Helloween. Je suis pas très fan de ce 1er album, mais la suite va mieux me plaire. 15/20
Pour moi c'est une pierre angulaire, il a changé ma manière d'envisager le Heavy Metal après quelques années d'apprentissage, j'avais pas 16 ans lorsque j'ai reçu ce disque directement du groupe, signé des 4 membres et il a été maintes fois copié sur des cassettes pour les copains avec le sentiment de posséder une drogue puissante à écouter à la récré au Lycée, avec toujours le même sentiment, celui de ne jamais en revenir... Je place How Many Tears au rang des plus grandes chansons que le Heavy Metal n'ait jamais porté à mes oreilles... tel un Hallowed be Thy Name.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire