Liste des groupes Black Folklorique Finntroll Vredesvävd

On ne présente plus les trolls finlandais. Finntroll est devenu une institution dans le monde du folk, avec un style dansant et bourru unique maintes fois copié mais jamais égalé, et ce dès le succès de Jaktens Tid en 2001. Depuis, le groupe n’a fait qu’asseoir sa notoriété, et son troll metal aura inspiré diverses formations qui tenteront de s’engouffrer dans la brèche folklorico dansante avec plus ou moins de réussite. Après le carton plein qu’est Nattfödd en 2004, les Finlandais s’orientent vers une musique un peu plus sombre et moins festive, direction confirmée sur le dernier album en date, Blodsvept, datant tout de même de 2013. Sept ans sans nouveaux morceaux, cela commençait à faire long, et le premier live de la horde nordique l’année suivante ne suffira pas pour aider à prendre notre mal en patience. Pourquoi autant de temps pour sortir ce Vredesvävd vous demanderez-vous peut-être ? C’est que Sorvali et sa bande voulaient vraiment un album digne de leur carrière, et alors que tous les morceaux semblaient déjà prêts, ils ont décidé de tout balancer pour plancher sur de nouvelles compositions, plus à la hauteur de leurs ambitions. Et honnêtement, à l’écoute du résultat, comment leur en vouloir ?

C’est d’abord une introduction épique qui nous accueille, plus dans l’esprit d’un Gryning que d’un Bakom Varje Fura, rappelant plus l’avancée impitoyable des forces du mal dans les plaines du Mordor que la ballade champêtre et chamailleuse d’espiègles créatures fantastiques.
Ceci dit, il serait faux d’affirmer que ce nouvel opus continue là où Blodsvept s’était arrêté, explorant un répertoire toujours plus sombre et guerrier. Si on reconnaît immédiatement le style de nos trolls préférés, la question serait donc plutôt de savoir où se situe cet album dans la discographie déjà riche du groupe ? Finalement Vredesvävd s’impose comme une sorte de best of, un très bon album qui parvient à réunir le côté dansant, trollesque et un rien déjanté des débuts au caractère plus noir et froid des derniers albums par exemple (outre le superbe Väktaren introductif, très cinématographique, on retrouvera ainsi un Forsen sombre à la profondeur dramatique palpable ou un Vid Häxans Härd aux mélodies certes épiques et féériques mais sur lequel on sent que le groupe s’essaye à provoquer des émotions plus profondes que d’habitude chez l’auditeur).
Ce septième opus constitue donc une bonne synthèse des plus de 20 ans de carrière des trolls, et peut se targuer d’une expérience et d’un savoir-faire à toutes épreuves. En effet, tous les morceaux sont au moins très bons et savamment composés, et à l’écoute de ces dix titres, si on se prendra souvent à penser à d’anciens morceaux, ces 37 minutes restent très agréables car les Finlandais ont assez de bouteille (glou !) pour éviter de donner dans la redite stérile et sans âme de leurs travaux précédents. L’ensemble est varié et explore tous les registres de la troupe, passant d’un excellent Ormfolk qui pourrait figurer sans problème sur Nattfödd, avec cette énergie rafraichissante et ces mélodies de clavier envoûtantes, à un Stjärnos Mjöd au souffle épique et à la profondeur mélodique qui flirterait presque avec le power metal, à l’instar d’un Ensiferum par exemple, tandis que l’explosif Myren, virevoltant, espiègle et irrésistible, rappelle l’époque de Jäktens Tid.

Bien sûr, l'ensemble est puissant, prenant et entraînant (le bourru Grenars Väg avec avec ses « eh !» communicatifs et sa mélodie folk guillerette en guise de refrain, propulsée par des grosses guitares, le vigoureux et remuant Myren, qui fout une patate d’enfer) et l’ennui ne pointe jamais le bout de son nez. Et, plus important, la magie opère toujours ! Subtil mélange entre black, folk et humppa sautillant, tiraillé entre moments légers et passages plus menaçants et agressifs, ce nouveau cru se déroule de façon parfaitement fluide et naturelle, et ces dix nouvelles compos trouvent idéalement leur place dans le répertoire de la horde. Certes, Vredesvävd n’apporte rien à la discographie du groupe, restant dans des sonorités déjà bien connues, mais le champ musical est suffisamment large et maîtrisé pour en faire un excellent album de Finntroll, qui devrait ravir tous les amateurs et redonner le sourire aux nostalgiques des débuts du groupe.

Une fois n’est pas coutume, c’est finalement Trollhorn qui décrit le mieux Vredesvävd, le présentant comme un album en dehors des modes, furieux et accrocheur qui s’insère parfaitement entre Nattfödd et Nifelvind. Pour le coup, la promo n’est pas putassière, et on ne peut que donner raison au bonhomme : si ces dix titres ne surprennent pas, ils font sacrément plaisir à entendre, et en ces heures moroses, c’est déjà énorme. Voilà un retour aux sources réussi et rafraîchissant à l’originalité certes nulle mais à l’efficacité maximum et honnêtement, je n'en demande pas plus à mes trolls préférés. Sköll !