C'est après un festival très démonstratif, qui a ôté toute dignité à ma coiffure, a vu une de mes boucles d'oreille prendre son indépendance, mes jambes se colorer de délicates touches bleutées, mes pieds fusionner avec mes chaussures, mon corps opérer des rapprochements tactiques involontaires et puissants avec la population finlandaise et a irrémédiablement condamné mes vêtements à se précipiter dans la machine à laver, que m'est apparue dans un éclair d'ébriété, la vérité, crue et implacable :
Finntroll ça déchire !!
Revenue de cette constatation certes primaire, mais pour le moins sincère, il fallut donc me pencher un peu plus sur les albums de ce groupe. Je les avais découverts et déjà fortement appréciés sur ce
Midnattens Widunder, mais mon oreille trop sollicitée s'était égarée deci delà, il était grand temps de coucher sur papier virtuel mes impressions!
Ce que j'aime chez
Finntroll en premier lieu, c'est le chant. Le langage choisi déjà, ne cédant pas à la facilité de l'anglais, est exécuté en suédois, contrairement à ce que ce nom pourrait laisser entendre, suédois qui est la seconde langue officielle de Finlande (ça c'était la seconde culturelle ...), et qui s'harmonise parfaitement avec la globalité et la tonalité voulue par le groupe. La voix est purement typée black, imposante et redoutable, sachant toutefois s'offrir de temps à autres quelques légers breaks de chant clair.
La musique quant à elle, avouons-le n'est pas dune technicité affolante, les musiciens sont certes de talents, mais les riffs sont plutôt nets et efficaces. Je trouve cependant que le batteur et les claviers tirent leur épingle du jeu et savent imposer leur virtuosité et leur talent au sein des compositions.
Mais alors donc cet album, que contient-il ?
Après une brève introduction qui pose une ambiance dark-fantasy (il y aura par ailleurs régulièrement des résurgences de ce ton voulu par le groupe, lors d'interludes monstrueuses sur Bastuvisan ou les craquements de bûches de Blodnatt) s'enchaine le premier morceau Svartberg, reprenant la même ligne de claviers. Dominée par les synthétiseurs folks, parsemée de quelques chœurs masculins, soutenue par des guitares acérées le morceau est entrainant et très justement dosé musicalement. Les instruments se mélangent et s'harmonisent et aucun n'est écarté au final (même la basse est relativement audible, pas suffisamment à mon goût, mais elle na pas été complètement effacée au mixage). Une excellente première véritable chanson qui laisse présager d'autres instants de bonheur.
A la sixième piste donc, se trouve ce Blodnatt, peut-être mon morceau préféré, et ses fréquents changements de rythme qui donnent un dynamisme vrombissant à la chanson. Une fois encore des les premières notes j'ai complètement adhéré. Festive dans sa première partie (pour le coup je m'imaginais bien partager la table et la corne d'ívrognes païens) le dernier tiers se veut plus grave délaissant un peu le côté chanson à boire pour aller côtoyer des sonorités plus mélancoliques et profondes. Le changement de style au sein de la même chanson m'a ici semblé très bien géré et apporte une autre dimension au morceau. Étonnant.
Bastuvisan, morceau d'une durée avoisinant les 1.20 min, a plus valeur ici d'entracte que de véritable composition. Passés les premiers bruitages d'ambiance, quarante secondes de musique s'enchainent, à la sauce
Finntroll classique, rapide et folklorique, sympathique, mais pas essentielle.
Autre morceau très court de l'album, Segersång, au rythme effréné, entrecoupé d'un passage mid tempo de rigueur, s'écoute comme une petite bouffée d'air vivifiante et apporte joyeusement malgré sa brièveté son quota de satisfaction à mes tympans avides d'émotion ... Ce n'est clairement pas le morceau le plus recherché de l'album, mais je trouve qu'ils ont réussi à concentrer dans cette courte partie beaucoup d'énergie et de plaisir de création, et cela se ressent véritablement à l'écoute.
Bon maintenant je vais dire un peu de mal de l'album. Comme je l'ai déjà suggéré je pourrais reprocher au groupe d'avoir trouvé la recette qui fonctionne et de l'appliquer systématiquement à tous leurs morceaux. A quelques exceptions on a l'impression qu'ils sont tous bâtis de la même manière (en particulier la deuxième moitié de l'album), et cela peut créer une certaine forme de redondance. Autant les premières écoutes de
Finntroll sont étourdissantes, autant je ne pense pas pouvoir passer en boucle ce même album pendant plusieurs heures sans en éprouver une certaine lassitude.
Je ne sais si
Finntroll est le créateur ou simplement celui qui a popularisé ce genre, mais pour moi cet album est un essentiel que tout bon historien du metal se devrait de connaitre.
L'album de
Finntroll se vit comme un livre de fantasy épique, on s'y adonne avec passion et on en ressort éreinté!
On aimerait , je pense , te lire plus souvent car c'est réussi . Merci . Glad.
Certe 9 ans après la rédaction de ta chronique (et je m'étonne de ne pas l'avoir lu plus tôt) je voulais donner mon petit point de vue sur Bastuvisan.
En effet, le début du morceau montre des personnes se prélassant au sauna quand soudain des trolls surgissent avec le craquement de la porte.
S'ensuit le massacre en bon et du forme des gens tranquilles en peignoir avec le seconde partie musicale.
J'adore c'est juste excellent cette interlude!!
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