Alors qu’ «
Ensiferum » était, en l’espace de deux albums, un groupe déjà pris avec énormément de considération, le destin aurait pu régler son sort dès l’année 2004, à l’annonce du départ de Jari Mäenpää (parti pour se consacrer entièrement à son projet «
Wintersun »), Jukka-Pekka Miettinen et
Oliver Fokin. Il ne reste alors que deux survivants de l’entreprise, dont son fondateur Markus Toivonen, qui ne tarde pas à trouver en Petri Lindroos (alors chanteur et guitariste du groupe «
Norther ») un type qui pourra porter haut et fièrement les couleurs d’«
Ensiferum ». Le choix va s’avérer très judicieux, comme celui du bassiste Sami Hinkka, à l’époque assez corpulent, qui va être très utile à l’écriture aux côtés de Markus. Vient s’ajouter pour compléter la troupe le batteur Janne Parviainen, réputé pour sa participation au sein des formations «
Waltari », «
Barathrum » et «
Sinergy ». On a pas recruté des manchots, doit-on dire. Pourtant, prudent, Markus se permet de tester ce nouveau line-up à l’épreuve du studio sur un EP, le fameux «
Dragonheads » de 2006. L’expérience étant satisfaisante, ils se lancent aussitôt ensemble à l’enregistrement d’un troisième long volume aux Sonic
Pump Studios d’ Helsinki durant les mois de novembre et de décembre 2006. Le sang nouveau apporté à «
Victory Songs » sera un second souffle pour «
Ensiferum ».
Ce second souffle d’«
Ensiferum » commencera tout simplement avec celui du vent, celui d’une nature crainte, vénérée, vertueuse. De suite, l’ambiance épique envahie la scène, nous rappelant que nous foulons un sol sacré. Rien n’est plus majestueux et empreint d’une certaine teneur médiévale qu’une orchestration inspirée à celles d’un Basil Poledouris, en bon exemple. Le ton martial finira par prendre le dessus sur cet « Ad Victoriam », et nous entendons un air divin, magique, annonciateur d’exploits, celui que nous retrouverons bien plus tard, en conclusion, sur l’emblématique «
Victory Song ». Mais bien avant ce dernier, nous avons à croiser l’incroyable offensive de «
Blood Is the Price of
Glory », maintenant un rythme soutenu, un power extrême typique de la formation, d’ailleurs bien représenté par son confrère «
Wintersun ». Cette charge sera alternée par quelques passages moins vigoureux, relâchant un peu de la pression cumulée. On remarque dès lors que la production se peaufine d’album en album. Les compositions paraissent plus soignées, donne moins l’impression d’user de sonorités artificielles. La puissance se serait également quelque peu altérée si on la compare à celles fournie par les morceaux d’«
Iron » ou ceux de l’album éponyme.
Néanmoins, «
Ensiferum » n’a point renié sa recette depuis son changement de line-up. Il y a toujours ce goût démesuré pour des riffs accélérés, une rythmique quasi suffocante et des vagues mélodiques noyant tout sur leurs passages. « The New
Dawn » n’en fait pas exception. Il sait se montrer hyper incisif, même si la batterie est cette fois plus en retrait par rapport à la guitare de Markus. L’apport épique ne figure pas en option chez eux ; on la retrouve en bonnes proportions sur l’ensemble des titres de l’opus et sur le très marquant « Raised by the
Sword », qui renoue avec le décor sonore d’un «
Conan le Barbare », par ses symphonies que l’on sent puisées à Basil Poledouris. A retenir l’étonnante attaque en seconde partie de piste, où «
Ensiferum » impose une vitesse époustouflante. C’est comme un rappel adressé à Jari Mäenpää, que le projet saura exister sans sa présence. «
Deathbringer from the Sky » est un autre titre particulièrement dynamique. On notera chez celui-là une nature plus heavy speed, bien que le groupe inclus des éléments folk et des chœurs guerriers dans un dosage précis et calculé. La composition n’en est que plus palpitante et révèle une richesse que n’aurait pas renié un groupe comme «
Finntroll » par exemple.
Tiens ! En évoquant justement «
Finntroll », on croirait bien que la tournée avec ces garçons a profité à «
Ensiferum », si on en croit notamment « Athi » ou «
One More Magic Potion », qui exploitent plutôt de manière évidente des airs propres à la grande formation de Henri Sorvali. La magie festive et l’ambiance de taverne des réalisations de celui que l’on nomme
Trollhorn, sont inimitables. Bien entendu, la formation emmenée par Markus y va de sa propre sauce, alimentant en énergie, en électricité, le contenu. Ce qui n’est d’ailleurs pas un mal. «
One More Magic Potion » est devenu aujourd’hui un incontournable de ces géants finlandais. Comme l’est « Wanderer », reconnaissable entre tous par sa sublime ballade en entame, marquant le point de départ d’un instant féerique de toute beauté, d’un hymne enchanteur, simple d’apparence, mais qui remplit de courage tous ceux qui oseraient y dresser l’oreille. Cette sobre et apaisante chevauchée chevaleresque n’arrive étonnement pas à la cheville du long «
Victory Song », clou du spectacle annoncé en introduction, titre qui s’inscrira de façon indélébile dans les mémoires des auditeurs. Il deviendra le morceau le plus représentatif d’«
Ensiferum », une raison certaine de sa renommée. Après la magnifique ballade de ses deux premières minutes, tout droit issue d’un conte pour enfants, des riffs musclés, une musique qui devient obsédante, conquérante et combattive. «
Victory Song » forge la gloire d’«
Ensiferum » pour l’éternité.
Les remplaçants ont eu peu de temps pour faire ombrage des anciens camarades de Markus Toivonen et Meiju Enho. Ils vont vite abandonner leurs desseins avec leurs groupes respectifs pour trouver en «
Ensiferum » leur destinée, leur avenir. Petri Lindroos quittera «
Norther » en 2009 après de bons et loyaux services. Sami Hinkka ne regrettera rien de son départ du groupe de death mélodique «
Rapture en 2007. Une nouvelle épopée est lancée. Même, s’il faudra déplorer l’absence de Meiju Enho pour les années à venir, «
Ensiferum » démontre que le changement ne peut avoir raison de lui. Il faudra encore compter sur le groupe, propulsé dans les nuages dès les albums «
Ensiferum » et «
Iron », et dont aurait très bien pu voir redescendre.
Plus encore, cette mutation laisse derrière elle d’énormes pépites, émerveillant tout le milieu du folk/pagan, alors en plein bouillonnement durant cette période, grâce aux premières sorties d’«
Eluveitie », mais aussi à l’apparition sur le marché occidental des albums croustillants d’«
Arkona », rappelant qu’il existe une scène folk exceptionnelle dans les ex-pays communistes. L’Histoire du folk metal se créée ainsi avec «
Victory Songs ».
17/20
Et concernant le fait
qu'il était souvent un peu à l'écart durant leur concert, personnellement, le 24 janvier à Lille, ils ont joué : Deathbringer from the sky, One more magic potion, The new dawn et enfin la sublime Victory Song, donc presque la moitié de l'album =D
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