S’il fallait résumer "
Two Paths" en une image, ce serait celle d’un guerrier à la croisée d’un sentier enneigé, deux routes devant lui : l’une mène à la taverne, l’autre au champ de bataille. Et comme souvent chez
Ensiferum, il prend les deux.
Avec ce septième album, le groupe assume une dualité qu’il portait déjà en germe depuis "
Victory Songs" : faut-il continuer à marcher au pas, la face tournée vers l’horizon des anciens, ou faut-il s’autoriser la fête, l’accordéon, la chanson à boire, voire l’
Ironie ? "
Two Paths" ne tranche pas. Il célèbre. Et parfois, il dérape.
“For Those About to
Fight for
Metal”, en ouverture, donne le ton : un hymne mi-parodique, mi-sérieux, comme si
Manowar s’était invité dans une fête viking. C’est bruyant, galvanisant, un peu absurde — mais irrésistible. Le problème, c’est que l’album peine parfois à redescendre de cette montagne d’exubérance. “Way of the
Warrior” ou “
King of Storms” reprennent la formule gagnante : refrains fédérateurs, riffs solides, chœurs scandés. Mais à force de trop y revenir, la formule se dilue.
Heureusement, des respirations apparaissent. “
Two Paths”, morceau-titre, tente de poser le vrai dilemme sous-jacent. On y sent la volonté d’interroger la quête héroïque, de l’ancrer dans une dimension plus existentielle. Et puis vient “Feast with Valkyries”, et avec lui, la voix lumineuse de Netta
Skog. L’accordéon devient messager d’un autre
Ensiferum : plus dansant, plus coloré, presque festif à l’excès. Cela charme autant que cela déroute.
Musicalement, l’album est un joyeux patchwork : certains morceaux envoient sans fioriture, d’autres semblent issus d’une bande-son de jeu de rôle médiéval. Les chœurs virils côtoient les refrains pop-folk. Le chant growlé est solide, mais parfois relégué au second plan, comme si le groupe voulait s’ouvrir à une autre audience sans vraiment l’assumer.
Il y a ici de la générosité, de l’enthousiasme, mais aussi un manque de recentrage. "
Two Paths" donne l’impression d’un banquet où tout le monde a amené un plat différent : certains exquis, d’autres anecdotiques. Le tout déborde, amuse, épuise parfois, mais ne laisse pas indifférent.
En conclusion : "
Two Paths" est un album d’abondance et d’indécision. Il réjouit autant qu’il interroge, amuse autant qu’il divise. C’est un
Ensiferum en costume de bal, qui garde l’épée au fourreau mais le sourire en coin. Un album sincère dans sa diversité, mais qui gagnerait à choisir ses batailles. Entre tradition et fête, entre récit et exubérance, le groupe s’offre une parenthèse — avec panache, mais sans boussole.
Merci pour la chronique! Personnellement, je n'arrive pas à écouter cet album, ni From Afar; je sens que le groupe essaie un autre chemin sans nécessairement savoir quel chemin il a pris, ni celui qu'il doit prendre
J'aime beaucoup cet album, un des meilleurs du groupe même si très en deçà des trois premiers.
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