Lorsque Mark Reale s'éteignit des suites de cette maladie qui le rongeait depuis tant d'années, d'aucuns pensèrent que son rêve, et sa manifestation la plus tangible, à savoir
Riot, disparaîtrait avec lui. A priori ce n'est pas ce que le regretté guitariste voulait puisqu'il fit instamment savoir à ses acolytes d'alors qu'il fallait que sa créature lui survive. Une décision qui fut sans doute la cause de nombreux débats pour les rescapés de cette entité. Fallait-il se plier aux dernières volontés du musicien au risque de susciter l'agacement auprès des puristes les plus respectueux de la mémoire du défunt ou laisser
Riot partir de sa belle mort?
Le bassiste Don Van Stavern et le guitariste Mike Flyntz, deux compagnons de longues dates de Mark, le batteur Frank Gilchriest, surtout connu pour officier au sein de
Virgin Steele, le guitariste Nick Lee et le vocaliste Todd Michael Hall (Entice,
Harlet,
Jack Starr's
Burning Starr,
Reverence) choisirent la première solution. Ce "nouveau" projet baptisée
Riot V, en cette année 2014, nous proposent donc de découvrir
Unleash the Fire, le premier album sans celui qui fut à l'origine de tout.
Inévitablement certains y verront l'expression d'une trahison. Ils y verront une limite qu'ils ne pourront pas franchir animé par une indéfectible déférence pour celui qui désormais repose en d'autres cieux. Comment leurs donner torts? Comment aborder cet opus dont on ne sait pas véritablement ce qu'il est ? Un hommage ? La continuité de l'édifice mis en chantier sur un
Immortal Soul sorti en 2011 ? L'avenir ?
Difficile à dire car cet effort se nourrit de divers desseins.
Il y a, tout d'abord, indiscutablement ici une volonté passéiste exhalant ces parfums capiteux propre à cette période, ô combien mythique et excitante, où le groupe s'adonnait, fort d'un talent unanimement reconnu, à un Heavy Speed
Metal inspiré (les excellents Ride
Hard Live Free et
Unleash the Fire. Mais aussi
Fight Fight Fight ou encore
Fall from the Sky). Une tentative dont le but est, à l'évidence, de séduire les antiques adeptes de cette ère aujourd'hui révolu. La présence de l'emblématique mascotte marine (le fameux phoque dont on se souvient qu'il fut autrefois en de mauvaises postures et représentés de manière, un peu, caricaturale (
Narita (1979) par exemple)) ainsi que celle de cette version live de
ThunderSteel (au rendu étrange fort de ce public à la clameur étonnamment uniforme) viennent d'ailleurs encore renforcer.
Mais il y a aussi, ici, et ce afin de ne pas décevoir un auditoire aussi large que celui qu'il a conquis au détour d'albums à la musicalité aussi changeante, un propos façonné à partir d'éléments plus traditionnellement Heavy
Metal (
Return of the
Outlaw, Bring the
Hammer Down...).
Pour parfaire le tableau,
Riot V va même jusqu'à inclure quelques stigmates résolument
Hard Rock (Take Me Back).
La boucle est donc bouclée. Le tour d'horizon complet.
Deux ballades,
Immortal et Until We Meet
Again, viennent, quant à elles, joliment rendre hommage à Mark Reale.
En définitive, à dire vrai, le seul regret, en dehors, bien sûr, de celui consistant à déplorer l'absence du fondateur de ce groupe, concerne la production de ce manifeste qui en comparaison de celle de son immédiat prédécesseur semble plus lisse, plus mélodique, manquant, un peu, de ces aspérités et de ce grain nécessaire. Dommage.
Disons encore quelques mots s'agissant des prestations de ce nouveau chanteur qui s'acquitte parfaitement de la tâche maîtrisant avec aisances ces aigus extrêmes qu'impose le genre pratiqué ici.
Unleash the Fire est donc un album intéressant et réussi à bien des égards qui aurait sans doute mérité d'être un peu plus rugueux dans son approche sonore. Est-il pour autant un bon album de
Riot? La réponse à cette difficile question ne pourra se départir du ressenti, voire même du ressentiment, de chacun.
Cet album est plutôt dans son temps, il me semble. En temps que novice concernant Riot, je pense qu' "Unleash the Fire", ne fait pas tâche dans la carrière du groupe... Si ??? En tout cas, je passe un très bon moment à chaque fois qu'il est dans la platine. N'est-ce pas là le principal ?
Du coup, j’attends avec impatience de me plonger dans le reste de la discographie du groupe, dont j’ai d'ors et déjà commandé plusieurs albums (Rock City, Fire Down Under, Thundersteel, Immortal soul…).
Mieux vaut tard que jamais, je suppose.
Merci pour la kro ! :)
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