Le long parcours de Mark Reale, guitariste fondateur du groupe
Riot, ne fut pas un périple tranquille sur les eaux quiètes d'une carrière paisible. Il y eut d'abord le temps des succès où des opus tels que les remarquables
Narita (1979) ou encore
Fire Down Under (1981), conféra à ces Américains un statut culte tout à fait mérité. Puis il y eut quelques déboires autour d'œuvres assurément moins inspirées. Faisant ensuite évoluer son expression artistique d'un Heavy
Metal mélodique aux touches
Hard Rock à un Heavy Speed plus preste sur le mythique
ThunderSteel (1988), le groupe semblait avoir trouvé une nouvelle voix dans laquelle, apparemment, il s'épanouissait pleinement. Un constat qui fut néanmoins démentis plus tard au cœur d'album à la musique souvent moins preste. Puis l'histoire fut moins glorieuse. Le groupe traversa les années en déversant des albums de Heavy
Metal mélodique à l'intérêt pas toujours avéré. Point d'orgue de cette période au cours de laquelle
Riot ne suscitait, au mieux, qu'un appétit désinvolte et, au pire, qu'une indifférence lasse,
Army of One (2006) scella définitivement son sort. Le groupe se sépara.
En 2011, Mark Reale, accompagné de quelques-uns des anciens compagnons de cette aventure, du temps d'une de ses splendeurs (à savoir Tony Moore, Bobby Jarzombek, Don Van Stavern et Mike Flyntz), décida de redonner vie à sa révolte. Un nouvel effort, baptisé
Immortal Soul, vit le jour.
Prenons le temps de le détailler. D'emblée, son premier titre,
Riot, est totalement déroutant. Si, musicalement, ce Heavy Speed prompt, aux sonorités de guitares surannées (une caractéristique que l'on retrouve également sur le reste de l'album, d'ailleurs) est délicieusement convaincant, force est de constater que le chant ultra aigu et ultra agressif de Tony Moore y devient très vite irritant. Non pas que les caractéristiques d'un tel exercice vocal soient de nature, a priori, à déprécier le travail d'artistes, mais l'acharnement avec lequel le chanteur s'y crispe en des hauteurs écorchées est pénible. Un premier titre dont l'objectif semble être d'imposer un impact fort à l'auditeur. Raté.
Au-delà de ce premier avertissement embarrassant, la suite de ce voyage est, fort heureusement, un peu plus appréciable. Tony Moore cesse de se cantonner dans un systématisme aigu insupportable et nuance son interprétation.
Et, par exemple, Still your Man vient, en effet, nous rasséréner. Ce morceau nous propose de nous égarer dans les méandres d'un moment aux airs aux accointances musicales, à l'évidence, proche d'un Iron Maiden. Cependant l'entame des refrains très mélodiques, aux arômes
Hard Rock évidents, font vaciller les intentions virulentes prêtées à un groupe dont, finalement, on fini par se dire qu'il aura voulu ménager les susceptibilités d'un public aux aspirations larges. Pour ce faire,
Riot aura composé une sorte de mosaïque musicale de toutes ses tendances passées. En effet, loin de s'évertuer à défendre systématiquement un Heavy Speed véloce et mélodique (
Riot,
Wings Are for Angels, Sins of the Father,
Insanity, Believe), les Américains s'emploient ici à nous offrir, aussi, un propos moins virulents, moins fougueux et plus harmonieux.
Evoquons par exemple le Heavy
Metal posé clairement plus tourmentés d'un Crawling ou, par exemple, d'un
Fall Before Me, ou encore celui d'un
Immortal Soul. Une expression moins exaltée dans laquelle
Riot ne parvient pas véritablement à se transcender et à nous offrir autres choses qu'un ressenti pas désagréable mais sans réel relief.
Il faudra noter aussi le très bon travail de Mark Reale sur des soli souvent séduisants. Mais aussi les spécificités mélodiques des refrains de la plupart de ces pistes. Des spécificités à la filiation
Hard Rock,
Hard FM, détonnant bien trop avec l'enthousiasme incisif du reste de ces compositions. Un contraste fort qui, assurément, handicape un album dont, parfois, on ne parvient pas à saisir ce qu'il est réellement.
Immortal Soul n'est donc ni le légendaire
ThunderSteel, ni l'excellent Privilege of
Power, ni même tout à fait comparable à aucune des œuvres de cette formation nées au cours de ces deux dernières décennies, mais il est assurément une synthèse de toutes ces aspirations-là. Sans grand éclat, il se contente, de surcroît, de nous proposer une incursion en un monde révolu, certes, agréables mais bien trop souvent sans ces qualités indispensables susceptibles de nous offrir quelques émotions plus fortes encore.
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