Under a Funeral Moon... un album bien plus important pour
Darkthrone que ce qu’on veut bien le croire. A|symmetryprès avoir donné A|symmetry
Blaze in the Northern Sky à Peaceville, le groupe était tranquille pour un bout de temps : aucune pression de la part de Peaceville qui avait eu sa part de gâteau tant attendue et pour le moins originale, espérant qu’après cette petite « erreur » le groupe referait du death : après le succès de A|symmetry
Blaze in the Northern Sky, la maison de disque fut bien contente que le groupe continue sur la voie du black ! Et les fans ben... les fans on s’en fout, surtout qu’au début de l’enregistrement, la formation ne savait pas encore comment A|symmetry
Blaze in the Northern Sky serait accueilli. Peut-être se sont-ils demandés si une basse ne manquait pas à la formation, toujours est-il que les rôles changent un peu au niveau de la répartition des instruments : Fenriz est toujours à la batterie, mais
Zephyrous s’occupe de l’unique guitare, tandis que c’est Nocturno Culto qui se charge de la basse et du chant. A|symmetrylors voila : une année tout entière exclusivement consacrée à l’élaboration d’un album de black metal pur, 100% froid, sinistre, acéré, glauque et satanique. Et quel album !
D’abord la pochette : encore plus sinistre que la précédente, on y voit Nocturno Culto en paint corpse, livide et fantomatique, tenant d’un bras semblant sortir de nulle part un bâton couronné d’un crâne (humain j’espère). L’arbre à sa droite est comme une lacération lumineuse dans les ténèbres scandinaves. Les yeux nous fixent, sans pupilles, d’une lueur démoniaque. Le seul défaut est qu’on n’y voit pas de lune : la pochette de
Panzerfaust serait plus appropriée à ce niveau, mais ce ne sont que des détails.
On saisit tout de suite l’ambiance de l’album lors de la première chanson : pas d’intro, on rentre directement dans les compositions longues et répétitives du disque. Une guitare plus saturée et plus réglée sur les aigus que dans A|symmetry
Blaze in the Northern Sky ? Si si, c’est possible ! Le tremolo continu de cet instrument est un bourdonnement régulier, perçant, acéré, sans aucune épaisseur, qui à mon avis pourrait vraiment être utilisé pour tester la capacité de résistance d’aimants aigus d’enceintes. On a le droit de temps en temps à de petits solos semblant crades au premier abord, mais extrêmement bien menés et précis, gérés par
Zephyrous.
La présence de la basse permet de donner un poids supplémentaire et non négligeable au temps, lui permettant de ne pas être en retrait par rapport au contretemps marqué par la caisse claire de la batterie. D’ailleurs cette batterie, produisant essentiellement des blast-beats tonitruants, est composée uniquement d’une caisse claire, de cymbales, de charleston et d’une grosse caisse : Fenriz, dans sa période anti (en est-il jamais sorti ?), se réduit au minimalisme le plus poussé, d’où une impression d’une batterie toujours là, omniprésente, mais jamais au premier plan, toujours en toile de fond, comme un martellement lointain dont on ne peut se détacher.
Mais le plus marquant dans cet album est la voix de Nocturno Culto : cette voix lacérant le ciel nocturne, sans le moindre timbre, est un pur déchirement de gorge, un hurlement sorti non pas d’outre-tombe mais d’au-delà. La reverb accentue ce phénomène, la rendant caverneuse et distante : arrachage de cordes vocales en direct, et pas avec des outils de chirurgien ! Bref, au niveau du contenant, on a du pur trve black metal.
A|symmetryu niveau du contenu, il est également trve comme on n’en fait plus : du tremolo à gogo, du blast-beat en continue (ou presque), quelques transitions mid-tempo, le tout sans jamais étouffer les cordes : tout est intégralement joué en laissant résonner, donnant cette impression de bourdonnement continu. C’est froid, c’est noir, c’est sinistre, c’est dépourvu de toute chaleur et de toute compassion. Les paroles font froid dans le dos : torturées, elles nous plongent dans les abysses de la haine de l’autre et de soi, dans les tourments de l’amour de
Satan et des sacrifices démoniaques, dans les flammes de l’espoir qui ne parviennent pas à réchauffer la lande glacée... Toutes sont écrites de la main de, je cite, « Fenriz,
Satan’s Poet and Percussion ». Seules ces paroles pouvaient convenir à la voix si crue de Nocturno.
On peut noter pour finir (enfin !) que beaucoup de chansons sont composée par Nocturno Culto et
Zephyrous, ce qui est assez surprenant étant donné l’homogénéité presque redondante de l’album (mais qui fait également son charme) : le groupe est à fond dans le black metal minimaliste, et les membres partagent le même but.
La déception de l’album est due à deux chansons qui se ressemblent vraiment beaucoup, toutes deux écrites par
Zephyrous :
Under a Funeral Moon et
Unholy Black
Metal. Minimalisme d’accord, mais faire deux chansons qui à la base sont identiques relève presque du foutage de gueule ! Heureusement que le reste est excellent...
Un album clé pour les oreilles averties : il est le premier album de
Darkthrone sans aucune incursion de riff de death, et la structure des chansons et du disque a un peu servie de pilier aux autres albums de
Darkthrone. Mais il n’est pas historique : encadré par deux géants, A|symmetry
Blaze in the Northern Sky et
Transilvanian Hunger, il fait un peu pâle figure et sa possession n’est pas indispensable. Il reste cependant un très bon album de black metal.
En espérant que cet avis vous sera utile.
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