Au titre annoncé dès la parution de
Panzerfaust sur son livret,
Total Death, le sixième effort de
Darkthrone, ne tarde pas à sortir dès le début d’année 1996 chez le label
Moonfog de Satyr, après son enregistrement aux
Ancient Spectre Ruins entre août et octobre 1995. Comme en témoignent les paysages lunaires différents entre les éditions LP et CD,
Darkthrone rompt avec l’imagerie de ses précédentes réalisations, quittant ses sombres forêts pour un décor désertique, annonciateur d’une nouvelle ère succédant à sa période qu’il nommait lui-même «
True Norvegian Black
Metal » depuis l’inénarrable
Transilvanian Hunger.
Darkthrone délaisse en effet quelque peu ses structures minimalistes et son côté cru, pour tendre vers un blackmetal plus rond et plus cossu. Le binôme articulé autour de Fenriz et Nocturno Culto prend d’ailleurs quelques allures deathmetal au passage, à l’image du riffing entêtant et tout en puissance du fabuleux titre d’ouverture
Earth’s Last
Picture ou encore du redoutable Blackwinged dégageant une brutalité auquel le groupe ne nous avait guère habitué jusqu’à lors. Les vociférations de Nocturno Culto gagnent parallèlement en profondeur gutturale, contribuant à la densité toute particulière de ce début d’album. Si
Gather for
Attack s’inscrit dans cette même lignée, l’entrainant Black
Victory of Death renoue quant à lui avec ces two-beats binaires si renversants et si typiques de
Darkthrone.
Passé ces quatre premiers titres,
Total Death prend alors une autre tournure, en grande partie dû à sa production plus légère, scindant finalement l’oeuvre en deux parties assez distinctes. La caisse claire plus creuse de Fenriz et les guitares moins massives de Nocturno Culto font alors perdre les touches deathmetal que l’on remarquait au début. Cette différence se fait plus nettement ressentir dès l’arrivée du morceau
Blasphemer, sonnant davantage comme un blackthrash tout droit sorti des eighties. Puis l’ambiance devient plus sombre et s’intensifie sur le superbe Ravnajuv et le plus lent The
Serpent Harvest, tels deux hymnes dédiés à la période la plus noire de
Darkthrone.
Sensiblement différent de ses prédécesseurs,
Total Death créé ainsi la surprise de prime abord, montrant
Darkthrone capable de gagner en puissance pure au détriment de son black sale, minimaliste et intégriste, qui avait fait basculer tant d’âmes du côté sombre. Souvent mal aimé par la frange la plus radicale de son public blackmetal, pêchant il est vrai par un certain manque d’homogénéité, ce sixième disque reste pourtant une oeuvre notable du duo norvégien, qui garde immuablement cette identité inébranlable reliant chacun de ses albums. Enfin, pour les plus poètes d'entre vous, sachez que les quatre morceaux composés par Fenriz comportent des paroles respectivement signées par Garm,
Ihsahn, Satyr et Carl Michael Eide, rien que ça !
Fabien.
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