Cold Metal Contamination...
To Live Alone, sorti en 2001 chez Holy Records, propose un double-exercice de style divisant l’œuvre en deux parties distinctes et déséquilibrées. La première présente Spherical Unit Provided en concert, sur 10 titres qui retracent la carrière du groupe, tout en faisant la part belle au dernier album d’alors,
Chronophobia. La seconde partie renvoie à l’un des péchés mignons du groupe, adepte des reprises, avec 4 morceaux qui révèlent un spectre d’influences excessivement large. S’ajoute à tout cela un titre studio supplémentaire tiré de
Still in the Sphere datant de
1994 devenu quasi introuvable.
Après avoir sorti
Chronophobia, Spherical Unit Provided décide de promouvoir son art à travers un enregistrement “live” remontant jusqu’à
The Cube, intégrant du même coup
Supuration à S.U.P., confusion des genres ou rapprochement consubstantiel en cours, le monstre bicéphale n’a pas livré tous ses secrets. On peut aller jusqu’à se demander si la dramaturgie autour de la gémellité qui se joue dans
Chronophobia n’est pas une allégorie des rapports ambivalents mais sempiternels entre les deux entités, difficile à clarifier.
Quoiqu’il en soit, plus que les titres sélectionnés, ce qui importe c’est l’atmosphère qui règne. Le processus de pétrification entamé sur
Chronophobia : ce froid qui ralentit toute forme de mouvement jusqu’à la paralysie, potentiellement mortelle ; ce processus a gagné l’ensemble de l’oeuvre des frères Loez. Les morceaux présents sur
Anomaly,
Room Seven et
The Cube étaient déjà empreints de cette cold dimension, mais ici cela prend des allures disproportionnées à l’occasion de cette performance. Les conséquences musicales sont effrayantes : tempo au ralenti, section rythmique pachydermique, riffs tétanisants, voix claires et growls désincarnés. Tous les morceaux sont retaillés pour rentrer dans l’univers chronophobien. Ce mélange de coldwave et de doom aboutit à une création terrifiante, où la vie en tant que mouvement semble bannie. On retient en particulier l’efficacité de la transformation des openers de
Room Seven et
Anomaly, autrement dit Bangs in My
Head et
Pain Injection, qui gagnent en puissance et en malaise, alors que sur album ils offraient une entrée en matière fluide et alerte. Ils écrasent les derniers soubresauts de lumière et d’espoir qu’il restait.
Chronophobia est bien présent avec 5 titres sur les 10 que compte cette performance plombant un peu plus l'atmosphère au cas où. Puis on retrouve 2 titres du sublime
The Cube, l’énigmatique et mélancolique 1308.JP.08 et le dantesque
The Cube en finish. Il ressort de cette démonstration une brutalité glaciale et insoutenable. Spherical Unit Provided continue à nous glacer le sang, à nous isoler, dans le cadre d’un live misanthropique.
Le projet ne s’arrête pas là, puisque à cette performance unique enregistrée au Spendid de Lille sans public, en dépit des photos qui illustrent le digipack, 5 titres s’ajoutent pour compléter l’ensemble. Parmi ces 5 titres, on retrouve 4 reprises, dont 3 inédites, 1 rééditée et un titre, Back from the
Garden uniquement présent sur le mini cd
Still in the Sphere de
1994. Cette partie de l’œuvre si elle reste secondaire, n’en demeure pas moins un des exercices de choix du groupe qui se plaît à corrompre l’âme de titres emblématiques et influents. Passerons à travers le processus, le nauséeux 100 Years des Cure, le planant
Angel de
Massive Attack, le théâtral Fou d’Ange, et l’hymne de la new wave Shout des Tears For Fears. Chacun de ses titres sous le joug de S.U.P. tend à se densifier, et à s’intensifier, se découvrant une dimension metal, à la fois glaciale et dramatique. Si les deux premières 100 Years et
Angel parviennent à atteindre l’objectif : s’approprier le titre sans le dénaturer outrageusement. La reprise de Fou avec Christian Descamps au chant semble moins indispensable, ressemblant plus à un remix qu’à une reprise. Quant à Shout qui remonte à l’ère
Supuration, si le groupe se l’ait appropriée comme peu d'autres ont réussi à le faire, elle peine à décoller du fait d’une aura death/doom/gothic trop sombre et lourde pour un hymne aussi aérien. Reste en définitive Back from the
Garden qui met dans le mille du premier coup et qui s’intègre parfaitement au milieu de ses reprises, de par ses riffs heavy, son growl, et sa basse puissante.
En définitive cette compilation brille par sa première partie "live" à la fois puissante et glaciale, révélant comment Spherical Unit Provided est capable de se réinventer au cours de ses étapes de transformations,
Chronophobia étant l’une des plus extrêmes. Elle interrogera sur la seconde partie. En effet les reprises représentent certes du travail de re-création, mais elles ne remplacent en aucun cas l’exercice de création tout court. Cela aurait pu peut-être être moins visible si Back from the
Garden ne s’était pas glissé au milieu de ses 4 reprises, révélant les limites d’un tel exercice. Sans vouloir faire offense au travail du groupe, ce titre studio n’a pas d’égal parmi ces reprises et prouve qu’il y a plus à gagner à poursuivre dans son univers plutôt que de tenter de se réapproprier celui des autres.
Perso, je trouve ce live d'un chiant.... Pourtant je suis fan de sup depuis des lustres.
Merci Art' pour cet article fort intéressant sur un groupe de légende sur lequel il est si difficile de mettre des mots tant son univers s'avère être complexe et insaisissable. Un petit apetizer de la tournée du mois prochain en compagnie de Gorod et Psykup.. Pas encore décidé à y aller pour ma part, le spot de l'opener de SUP me dérange un peu.. Un show au rabais serait la pire des expériences pour un groupe de ce calibre et de cette aura, d'ailleurs après avoir dévoré le chapitre du groupe de Wallers dans le bouquin "Enjoy The Violence" co-écrit par le Tommy Lee-wannabe Sam Guillerand dans lequel les frères Loez énoncent entre autres qu'ils ont toujours séléctionné leurs apparences scéniques pour être sûrs que les conditions des shows puissent sublimer ou tout du moins servir le concept du combo comme il le mérite, l'annonce de cette tournée mais surtout la place contre-hiérarchique occupée par SUP dans le running order (à la manière des tournées de SABATON + Accept ou plus récemment GHOST + Candlemass) m'ont vivement interpellé.. Qui vivra verra !
Durant mon escapade à Toulouse la semaine dernière, Max m'a dit tout le bien qu'il pensait de Psykup avec qui il a partagé la scène lors d'un Festival de mémoire. Il n'a pas fallu longtemps pour que nous tombions d'accord sur l'incongruité de l'affiche autant que son ordre ; toutefois je ne vais pas me priver de la possibilité de rencontrer les Frères Loez, la performance scénique n'apparaissant plus que comme un simple prétexte. J'espère juste qu'ils ne vont pas jouer aux fantômes.
Ca me tente bien de voir Sup live aussi, seulement comme ci dessus, me fader Psykup ne me donne pas tres envie. Décision au dernier moment sans doute pour la date de Toulouse.
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