Angelus

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16/20
Nom du groupe Supuration
Nom de l'album Angelus
Type Album
Date de parution 2002
Labels Holy Records
Style MusicalDeath Metal
Membres possèdant cet album78

Tracklist

1. Ex-Animo 07:09
2. Narration 1 00:32
3. Declivis 05:53
4. Narration 2 00:31
5. Orcinus 05:30
6. Narration 3 00:37
7. Resurrectio Animalis 05:51
8. Narration 4 00:40
9. Labi Mente 05:57
10. Narration 5 00:49
11. Umbrifer 07:12
12. Narration 6 00:36
13. Pendere Animi 05:51
14. Narration 7 00:35
15. Valefacio 05:39
16. Narration 8 00:52
17. Liberatio 05:48
18. Narration 9 00:49
19. Jampridem 10:57
Total playing time 01:05:47

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Supuration


Chronique @ TasteofEternity

30 Décembre 2012

... la Vérité est Ailleurs ...

« Fiat Lux »



S.U.P., trois initiales pour un univers à part, qui mobilise chacun de vos six sens et déconstruit une à une, vos idées reçues.

Après nous avoir faits sombrer dans une spirale angoissante, les Frères Loez continuent de travailler avec nos peurs, en nous proposant un face-à-face désincarné avec la Lumière originelle. Cette dernière redonne des couleurs à la sphère musicale de S.U.P., restée confinée dans une pénombre crépusculaire depuis Chronophobia. Alors que ce dernier nous piégeait dans des marais névrotiques, Angelus est animé d’un souffle libérateur. Le mouvement s’engage dans une élévation progressive. La torpeur cède peu à peu la place à l’Eveil.

En apparence plus accessible, car moins oppressant que son prédécesseur, Angelus fait office en réalité d’arcane majeur dans toute la discographie du groupe. Sommet hermétique s’il en est, l’ascension demandera de nombreux efforts à celui qui s’y risquera.

Plus question de défi avec Angelus, c’est un exploit qui est attendu. Alors que certains se contentent de l’Everest, S.U.P. s’attaque directement à l’Olympe. Véritable chemin initiatique qui fait du dépassement son principe, un temps de préparation et d’adaptation sera nécessaire pour surmonter cette première prise de conscience : tes yeux voient pour la première fois…


Qu’est-ce qui se cache conceptuellement derrière Angelus ?


La Clarté, enfin retrouvée, qui réunit dans un même mouvement intériorité et extériorité, dégagée de toute gangue idéologique mortifère.

Mais avant de s’élever, il est requis de se détacher de ses anciens habits : tous ces liens, et autres peurs, qui tapissent le tréfonds de chacun d’entre-nous, à l’instar de ceux du protagoniste du concept-album, ce prêtre qui, au seuil de la mort, se retrouve en proie au doute sur le sens de son existence, la foi qui l’anime et l’au-delà qui l’attend.

Pour faire court, et surtout ne pas vous priver du plaisir d’une telle découverte, on peut tenter de résumer Angelus comme une histoire abordant le thème de la vie après la mort d’un prêtre dont le corps est emporté par des extra-terrestres. Aucune profanation, mais simplement une libération, ayant comme point d’orgue la démystification des croyances sur l'Au-delà, perçues comme autant de sources de domestication de l’âme humaine. Faîtes vos « A-dieux » à tous ces célèbres passeurs d’âmes, Anubis, Caron, Saint-Pierre...

Comme toujours, quand on décide de s’investir dans un album de S.U.P., l’expérience est des plus prenantes. On sait par avance qu’on ne reviendra jamais comme on est parti : quelque chose va irrémédiablement se transformer. C’est ce qui fait de S.U.P. le synonyme « metal-lique » de profondeur. Avec du recul, cette rencontre entre l’œuvre et l’auditeur tourne à l’avantage de l’œuvre. Elle s’empare des rênes de votre Etre, pénètre votre for intérieur, vous scanne et se met au travail. C’est alors qu’elle vous emporte vers d’autres horizons oubliés. Et c’est à ce moment précis qu’il sera nécessaire de bien se cramponner. Angelus appartient à cette catégorie d’œuvres qui a le pouvoir d’ouvrir des portes insoupçonnées. Là où Chronophobia révélait les conflits intérieurs, Angelus les abolit. Finalement, il y a autant de points communs entre-eux, qu’entre la Lune et le Soleil. Ces astres qui ont une si grande influence sur l’Humanité, petit jouet fragile, entre les mains de forces qui la dépassent depuis sa création.

Plus qu’un énième concept-album, Angelus s’annonce comme un maître-album qui repose sur quatre piliers (plus fort que la Sainte Trinité). Quatre dimensions, différentes mais surtout complémentaires, à l’origine de ce monument hors-normes : un mausolée en forme de vaisseau spatial, qui garde secrète, jusqu’au bout, sa destination.

La première se retrouve dans la musique, ces dix pièces musicales, qui sont autant d’étapes nécessaires à la prise de conscience par le protagoniste du mystère qui entoure la Vie.

La deuxième se situe dans la narration, conduite par Danny Cavanagh d’Anathema, présente entre chaque morceau. Elle introduit et prépare à chacune des 10 étapes, qui sont autant de portes qui vous projettent dans la Réalité.

La troisième ouvre la dimension littéraire du concept-album, il s’agit de la nouvelle rédigée par Manuel Rabasse qui vient compléter sous la forme d’un second livret cet ensemble unique.

La quatrième vient parachever visuellement ce voyage aux frontières du Réel. Il s’agit des tableaux de Thierry Petit qui viennent éclairer et approfondir un peu plus le concept. Ils représentent un véritable tournant dans l’imagerie du groupe, qui décide de s’appuyer sur des fresques directement issues de la main de l’Homme, cette fois-ci.

En définitive, ces quatre voies représentent quatre variations sur le même thème. Elles peuvent être appréhendées individuellement ; mais elles gagnent en impact, pertinence et puissance lorsqu’elles sont combinées.

En fait la complexité qui ressort d’Angelus ne provient pas de l’idée qui l’habite mais de sa mise en forme(s). Toutes ces voies qui se chevauchent peuvent dérouter la personne qui n’a pas l’habitude de se plonger dans ce genre d’expérience.


Et musicalement ?


Concrètement, il n’est certainement plus question ici de death metal entendu stricto sensu. Cela ne l’était plus depuis The Cube, en fait. Ce metal atmosphérique empreint de mille et une nuances avait pris le chemin d’un « cold metal » sur Chronophobia, avec ses rythmiques suffocantes, et le growl omniprésent, mais cela n’est plus d’actualité. Car si l’atmosphère ne se réchauffe pas sur Angelus, une nouvelle orientation est clairement prise. Les touches dark wave/indus allègent l’atmosphère, et le chant clair retrouve sa place, ce qui rapproche l’album de Room Seven, incontestablement. Toutefois Angelus surclasse ce dernier en puissance, cela se perçoit grâce aux contrastes saisissants entre les titres brutaux initiaux censés représenter les doutes qui transpercent le prêtre (qui semblent dans la continuité de Chronophobia) et les titres plus atmosphériques caractéristiques de l’apaisement qui suit la rencontre du protagoniste avec ses créateurs (qui semblent directement en lien avec Room Seven). La production y est aussi pour beaucoup, et quand on sait que c’est le groupe qui l’a assurée, c’est encore plus impressionnant. L’ensemble sonne beaucoup plus rentre-dedans que sur Room Seven, avec un rendu presque live, cela contribue à atténuer le côté froid, et mécanique qui caractérise si bien le groupe.

Toutefois, le mystère reste entier, car s’il n’est plus question de death metal, on peut (doit ?) légitimement se demander s’il s’agit tout simplement encore de metal. En effet, les éléments réunis sur cet album sont si nombreux (metal, rock, gothique, indus, new wave…) et travaillés, que le metal s’il est encore présent se fond dans un alliage qui le dépasse à tous les niveaux, dureté, intensité et éclat. Ce faisant, on se retrouve face à une œuvre dont la puissance transcende les frontières du genre, une fois encore avec S.U.P. (maître du metal anticonformiste).

Malgré toute sa diversité, et les qualités indéniables de cet album, Angelus est loin de faire l’unanimité. Certains l’adulent comme étant l’album du groupe le plus accompli depuis The Cube, d’autres fustigent sa complexité, et un certain nombre de choix qui plomberaient l’ensemble, à commencer par ces narrations, qui casseraient le rythme de l’album, pour continuer sur l’utilité de la dernière piste, Jampridem, qui semble tout droit tirée de la bande son d’un film de SF, en rupture (musicale !) avec le reste de l’album, et qui n’en finit pas.

Encore une fois, ce concept-album n’est pas donné, et oui, il brille par son hermétisme. Mais dans notre cyber-époque, où la consommation, que dis-je le gavage et le formatage, règnent sans partage, rien de plus compréhensible qu’Angelus détonne et dérange.

Toute la question est de savoir s’il ne s’agit que d’esbroufe, ou s’il y a un sens derrière toutes ces formes improbables. C’est à chacun de se prononcer en son âme et conscience, mais une chose est sûre : la facilité n’a pas sa place dans l’univers de S.U.P.. Angelus, c’est un Tout qui gagne à être envisagé comme tel, sa fragmentation l’affaiblit plus qu’autre chose et relève sans doute plus d’un besoin d’accessibilité que d’un choix délibéré, à l’instar du découpage du Cybion de Kalisia. Deux projets qui partagent nombre de points communs : artworks majestueux, autoproductions talentueuses, et concepts-albums d’une puissance renversante ne sont que quelques-uns des traits qui rapprochent ces deux phénomènes.

Dans tous les cas, alors que la sortie de CU3E est imminente, il est grand temps de se replonger dans la discographie d’un des groupes français les plus créatifs de ces 20 dernières années.




3 Commentaires

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MarkoFromMars - 30 Décembre 2012: Bravo pour la maîtrise du sujet. SUP, un univers dans lequel il est difficile de pénétrer et que j'ai tenté d'apprivoiser de The Cube en passant par Still in the Sphere jusqu'à Room Seven. J'ai jeté l'éponge depuis par impatience sans doute car l'immersion n'était pas immédiate et ignorance certainement.
Je te remercie de me fournir les clefs qui manquaient à ma compréhension pour la tentative d'un nouveau plongeon.
TasteofEternity - 30 Décembre 2012: Ha un courageux, ça fait pléz'.
Angelus est un véritable paradoxe Marko, le fond se veut d'une simplicité confondante ("arrêtez de vous prendre la tête avec votre peur (aussi individuelle que collective) de la mort, et tous les possibles qui se trament derrière car vous ne contrôlez rien "), mais la forme a le don pour mettre à l'épreuve tous les valeureux auditeurs qui se présentent la fleur au fusil.
Il y a mille et une façons pour aborder un album de SUP, mais je ne voulais pas en rajouter une couche et sombrer dans le trip mystique alors que le fond du propos est justement de vouloir en faire sortir l'Homme. Le problème c'est qu'au lieu de faire table rase des croyances, en proposant une réponse, le groupe prend le risque de substituer aux anciennes croyances, une autre croyance (à l'image du serpent qui se mord la queue). Parfois, et sur de tels sujets aussi controversés, mieux vaut se contenter de poser une bonne question, plutôt que de vouloir à tout prix proposer La Réponse.
D'un point de vue strictement musical, c'est toujours aussi chiadé et surprenant, ne serait-ce que pour ça le groupe mérite une attention particulière. Encore merci pour ton intérêt...
tbc85 - 31 Décembre 2012: Merci Arthur pour cette superbe chronique. SUP est un groupe à part. J'espère qu'il le restera avec le prochain album. Album que j’attends avec impatience. Encore merci
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