Les anglais de
Judas Priest avec leur excellentissime Painkiller avait instauré, en ce début des années 90, les fondements d'une ère naissante dans laquelle l'agressivité, la rapidité et la puissance brute devenait la norme. Cette révolution, Heavy
Metal plus véloce et plus hargneux aux confins même parfois des contrées Thrash, véritable nouvelle tendance, aura pour conséquence bénéfique de réinventer un genre jusqu'alors pleinement satisfait par un conformisme commode. Ce bouleversement aura aussi pour résultat de décimer nombre de musiciens et de groupe incapable de réinventer leur art et continuant de vouloir se contenter de se complaire dans une habituelle oisiveté créative confortable. Sur ce champ de batailles sanguinolent les moins progressistes seront des proies faciles. Sur cette terre laminée les créatifs allemands seront laminés. Néanmoins, fait assez curieux lorsqu'on sait à quel point ce peuple rigoriste est peu enclin aux changements, certains saxons trouveront les ressources pour s'inscrire dans ce nouvel ordre mondial. Udo
Dirkschneider, désormais définitivement affranchis du joug artistique de ces camarades d'Accept, fait partis de ces exceptions germaniques.
Car, en effet, incontestablement, son quatrième effort intitulé
Timebomb, est un album qui se nourrit de cette tendance plus crue, plus sauvage et plus prompte. Tant et si bien que, sans pour autant singer de manière imbécile ce nouveau souffle anglais, Udo nous y propose l'exercice périlleux d'une variation sur le thème crée par le quintette de Birmingham. Citons pour illustrer cette consanguinité des titres tels que le très bon
Metal Eater, Thunderforce,
Burning Heat, ou encore, par exemple, le remarquable
Timebomb.
Toutefois, souvent présenté comme un manifeste dévoué à la nouvelle cause instaurée par les britanniques, et le contraire serait l'expression d'une malhonnêteté manifeste tant le lien de parenté est évident, cet opus recèle pourtant de quelques richesses propre à l'école allemande en général, et à Udo
Dirkschneider en particulier. Et, en effet, si l'œuvre est assurément plus sauvage et plus âpre que ne le fut les précédents méfaits du vocaliste, il n'en demeure pas moins que ce
Timebomb garde un socle mélodique très marqué. Une aptitude à la musicalité qui demeure, peu ou prou, un des trait de caractère symptomatiques des travaux du chanteur teuton.
Et ainsi, au détour de ces morceaux de bravoure dévolus à la puissance, à la vigueur, à la vélocité parfois et à virilité presque toujours, il n'est pas rare de retrouver un refrain, un air succinct, un solo ou encore un enchainement harmonieux dans lequel on reconnait la signature de cette formation. Evoquons donc ici, afin d'étayer l'argument des pistes telles que Back in
Pain,
Kick in the Face ou encore, par exemple, le lourd et lent
Metal Maniac Master Mind. Ces morceaux, outres l'énorme avantage de ne pas dénaturer l'âme profonde du groupe, auront aussi celui de nuancer, quelque peu, un propos que certains pourront, peut-être, trouver trop dense et uniforme au cœur de cet univers où la virulence et la vélocité priment souvent.
Au chapitre des autres divergences existante entre ce plaidoyer allemands et entre celui des britanniques, mentionnons en une autre de taille. Si les anglais auront, sans conteste, puisé une partie de leur inspiration au sein de la scène Thrash, il n'en sera pas de même pour les germaniques qui, quant à eux, auront composé ce nouvel effort en se nourrissant de leur culture Heavy qu'ils auront radicalisé.
Pas d'influences Thrash pour ce
Timebomb.
Timebomb est donc, quoiqu'on en dise, un album varié dans lequel Udo
Dirkschneider aura su, avec discernement, s'inspirer de l'ère du temps sans pour autant trahir l'identité artistique profonde de sa propre musicalité. Une prouesse que, finalement, peu seront parvenus à accomplir.
On sent l'influence du Painkiller, mais l'impression de plagiat que j'avais eu il y a quelques années n'est pas aussi forte aujourd'hui. Il faut dire que depuis j'ai écouté quelques "compositions" récentes de Kai Hansen...
Merci pour la redécouverte.
De loin plus nerveux que ces prédécesseurs... malheureusement la batterie sonne creux !
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