Comme jadis les habitants des contrées sujettes aux périodiques et brutales incursions des hommes du Nord scrutaient l’horizon, les 3 ans nous séparant de leur dernière offensive nous faisaient regarder vers la région des fjords afin de nous préparer au nouvel assaut d’
Amon Amarth (bien préparée par une armada de singles).
La question principale que l’on se pose à chaque nouvelle sortie, c’est : « Alors, quoi de neuf ? ». Car, oui, 12ème incursion déjà et, comme les Saxons autrefois, nous sommes dorénavant habitués et préparés à les recevoir de pied ferme.
Hé bien, c’est le calme blanc sur le fjord où est ancré le drakkar
Amon Amarth, alors forcément on rame un peu!
Quand il y a une absence totale de vent, l’immobilité de l’atmosphère est telle qu’elle devient blanchâtre. En milieu marin, les eaux sont plates et totalement immobiles.
Cette analogie climatique avec le groupe est incontestable tant au niveau stylistique ils nous fournissent des albums assez interchangeables depuis quelques années maintenant ; mais qu’en est-il de cette « platitude » ?
Leurs deux derniers skeuds, bien que contenant quelques morceaux de bravoure, commençaient à marquer un certain essoufflement au niveau de l’inspiration. Plates on ne peut décemment pas les qualifier ainsi, mais oui, on rame un peu, car on n’y retrouvait plus la fougue et l’envie de ces grandes cavalcades qui emportaient tout sur leur passage.
Le titre de ce nouvel album est directement inspiré de la grande armée païenne (également connue sous le nom de Grande Armée viking) qui était une coalition de guerriers scandinaves qui envahirent l'Angleterre en 865 après JC. Ce fait historique explique la pochette très finement dessinée mettant en scène nos 5 musiciens au milieu de la meute d’envahisseurs. On connait la fierté de nos gaillards à propos de leurs racines, mais là, perso, bien que « jolie », je la trouve un peu « kitsch » et présomptueuse dans une certaine mesure (l’explication de ce dernier argument viendra plus tard). Au final, une belle fresque de bataille historique eut été mieux je pense. Tant que nous sommes dans le kitsch, les textes en sont la plus belle des expressions …
L’attaque va débuter avec un certain effet de surprise. Dès le début, ce premier riff me fait penser à un autre groupe. Le son et la tonalité ne sont pas les mêmes mais … cassure à 0.28 qui me conforte dans cette idée, riff en béton armé à 0.42 … "
Bolt Thrower"! Je me suis planté de cd ou quoi!? Puis la voix de Johan apparait, balayant les doutes. Rassurez-moi et dites-moi que je ne suis pas le seul à avoir entendu cette similitude! Bon premier titre pour lancer cette nouvelle offrande, mais le reste de l’invasion nordique se déroulera selon des plans archi-connus.
L’éponyme qui suit débute de manière plus lente, Johan nous contant de manière solennelle l’histoire de cette great heaten army, avec leads en arpèges, refrain scandé taillé pour le live … tout est millimétré et archi attendu mais efficace.
"
Heidrun" est la chanson festive et sautillante par excellence où l’on imagine nos guerriers nordiques festoyer bières en main et contant leurs exploits réalisés sur le champ de bataille. Une petite recherche pour voir si l’instinct est toujours au rdv :
Heidrun est dans la mythologie nordique la chèvre qui se nourrit des feuilles de l’arbre de Laeradr. De ses pis sort une abondante quantité d’hydromel qui est recueillie et stockée dans une cuve par Andhrimnir, le cuisinier divin, afin que les dieux et les Einheryar puissent s’en abreuver. Bien vu : après la bataille, on picole!
Le reste de l’album va défiler sans surprise ni déplaisir. Rythme tantôt galopant ("
Oden Owns You All"), tantôt lent ou festif et toujours ces leads aussi prévisibles qu’efficaces mais qui manquent de pêche et semblent être là pour cocher une case dans le cahier des charges.
Prévisible comme la barbe au menton de nos braves, le désormais traditionnel morceau où un guest vient pousser la chansonnette. Cette fois, c’est Biff Byford de
Saxon qui s’y colle sur "Saxons & Vikings" (gros comme un château des Cornouailles ça !), ce dernier s’étant également chargé de l’écriture des paroles pour une des réussites de l’opus.
Au moment de la conclusion, force est de constater que le groupe continue à ne prendre AUCUN risque,
Amon Amarth récite ses gammes mais se contente de prendre d’assaut des régions déjà sous son contrôle.
D’embryonnaires pseudo nouveautés telles que ces quelques notes de basses en avant sur "Find a Way or Make One" (0.31 & 1.30), ces cloches que l’on entend sur le titre d’ouverture, ces légers chœurs féminins ("Skagul Rides with Me") ou encore orchestrations çà et là peuvent soulever le cœur de certains, mais cela reste très classique et insuffisant. La plus grande innovation, en fait, est notre biquette qui vient braire à deux occasions (3.40 & 4.02) sur "
Heidrun" et qui fait d’elle la 2ème guest surprise de l’album…et qui n’est même pas créditée sur le livret!
Je suis dur et je rigole là, mais il faut avouer que MALGRE TOUT, l’album reste sympa à écouter …
On passe un bon moment, c’est facilement mémorisable, les refrains restent en tête, tout est propre avec un son puissant signé Andy Sneap (Cradle,
Carcass,
Saxon (tiens-tiens)); avec, à noter, une belle présence de la basse mais, comme souvent dans ce type de production, au détriment des cymbales, très en retrait.
Cela fait son petit effet, mais vu ce qui a été réalisé par le passé, cela donne la mauvaise impression qu’ils sont juste là pour capitaliser. Tout est calculé au millimètre, quand prendre la pose groupés guitares vers le ciel, quand haranguer la foule pour scander les refrains, même les light-show doivent déjà être pensés et conçus avec la musique. Album qui va bien se vendre, tournée lucrative avec un merchandising imposant, cela sent un peu trop le business.
Je reviens, pour terminer, sur la pochette que je jugeais présomptueuse : la pose des fiers guerriers beaux, forts et victorieux ne colle pas avec ce que l’on entend…il ne suffit pas de paraître sur le champ de bataille, il faut s’y battre!
Refaites preuve de la hargne qui vous animait pour arriver sur le trône au risque de le perdre, car même les sujets les plus fidèles peuvent un jour vous abandonner.
Les die-hard fans vont aimer
Les indécis s’en écarter/ne pas trop s’en approcher
Les réfractaires vont détaler
Veni, Vidi, bientôt l’ennui ??
...Johan...
Bon ben, je l'ai pas encore écouté, ça me fait déjà peur! Amon a fait du Amarth en gros!
En tout cas superbe chronique super bien écrite! Je m'en vais le commander et l'écouter directement car ta Chro m'a justement donné envie de me remettre à ce groupe que je n'ai plu écouté....depuis que je les ai vu avant COVID
Plus je l'écoute plus je le trouve très très bon ce cd
Superbe chronique, merci! Grand fan du groupe depuis le début, je kiffe tous les albums jusqu'à Deceiver of the gods.
Je trouvais que les deux derniers avaient perdu leur âme créatrice. Mais celui là c'est encore pire.
Peut être plus la même inspiration et énergie, en même temps ils vieillissent....
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