Alors que depuis presque une décennie les Finnois de
Sentenced avaient cultivé leur art dans le souci d'une émouvante mélancolie tourmentée, dont, soit dit en passant, White
Cold Light et
Crimson furent, selon moi, les deux démonstrations les plus marquantes et réussies, voilà qu'avec
The Funeral Album, celui qui devait être leur épitaphe magnifique puisque le groupe avait décidé d'en finir et de se séparer, voilà, disais-je donc, qu'avec celui qui devait être le dernier chapitre d'une bible sombre et touchante, l'ultime pelletée de terre sur le cercueil contenant le corps pas encore tout à fait froid de la formation, l'apogée infinie d'une tristesse délicieuse, le quintette allait faire preuve d'une étonnante fébrilité quant à une expression dans laquelle pourtant on les croyait serein et passés maîtres depuis bien longtemps.
Mais que peut-on réellement reprocher à
Sentenced sinon d'avoir fait l'album de trop ? Et surtout, comment blâmer quelqu'un qui aura chercher à glisser à nos oreilles contrits par sa disparition un dernier mot alors que, visiblement, tout avait déjà été dit ? Car le souci principal de ce disque, outre le fait que
Sentenced y aura oublier un peu la facette la plus gothique et dépressive de son Rock Gothique au profit de quelque chose qui y ressemble, la sincérité et l'émotion en moins, sera de nous faire entendre des morceaux que, pour la plupart, il nous aura déjà servit et resservit auparavant. Prenons, par exemple, ce May Today Become the Day. Comment, au-delà de cette entame très Rock, ne pas y entendre les réminiscences d'un passé qui pourtant, à l'heure où sort ce
Funeral Album, soit en 2006, datent déjà de 3 ans ? Comment ne pas considérer ce titre, pourtant pas désagréable, comme une énième variations d'une variation déjà proposé par Ville Laihiala et ses comparses ?
Avec
Ever-Frost, là encore, la lumière semble éteinte et la piste nous traverse sans même provoquer le moindre frisson. Tout comme avec ce
Vengeance is Mine dont on ne parvient pas à saisir l'essence profonde. Une essence ressemblant à du
Sentenced sans vraiment en être. Ajoutons à cette liste peu convaincante un Lower the Flags où le quintet finlandais paraît emprisonné par ces automatismes.
Le peu de saveurs nouvelles qu'offrent ces pistes est une constatation malheureuse qui deviendra symptomatique alors qu'elles se suivent sans jamais vraiment parvenir à se différencier de celles proposées jadis. Sans jamais vraiment réussir à faire naître ne serait-ce que l'once d'un sentiment approprié.
D'aucun, nettement moins vindicatifs que moi, pourraient à ce stade faire valoir l’exagération critique avec laquelle il m'arrive parfois, pour ne pas dire souvent, de bâtir mes opinions tranchées et qui ici, une fois encore aura frappé. Ils pourraient ensuite défendre ces chansons qui, après tout, sorties de tout contexte (oubliant donc les travaux antécédents du groupe et des autres formations du genre) auront, qui sait, peut-être, quelques vertus à offrir. Même si je pense qu'elles se trompent en parti sur le contenu de ce
Funeral Album, accordons nous sur le fait que rien n'y est affreux, inécoutables ou honteux, loin s'en faut. Mais que tout y est tellement convenus, attendus ou loin de cette excellence à laquelle
Sentenced nous avait habitué, qu'on ne pourra être que déçu.
Ce
Funeral Album est donc un dernier râle anecdotique exhalé par un moribond à l'esprit déjà envolé ailleurs. Manquant cruellement d'âme et de cette charge émotive dont
Sentenced savait autrefois si bien alourdir ses disques, il laisse en nos esprits bousculés le goût amer d'une tâche inachevée ou du moins pas achevée comme elle aurait dû l'être.
Une douloureuse rupture alors que pourtant nous nous étions tant aimés...
moi c'est plutôt avec Crimson que j'ai du mal
Je pense que son problème majeur est sa prodction, plus froide et clinique, et le chant de Ville, encore plus rugueux mais qui semble plus détaché, moins habité. Du coup, même si objectivement, les compos sont globalement très bonnes, l'ensemble a du mal à nous immerger complètement, et on a souvent l'impression d'écouter des chutes de The Cold White Light sous mixées, en moins bien forcément, car avec l'émotion en moins.
Clairement un bon album en ce qui me concerne, mais très en deça du précédent qui, pour moi, reste intouchable dans le genre.
Nous sommes assez d'accord...sauf sur la hiérarchie puisque pour moi Crimson est au-dessus de Cold White Light. Les deux étant évidemment à des années lumières de ce Funeral...
Aie ! Moi je l'aime bien pourtant celui- là malgré quelques faiblesses... Après il fait pas le poids à côté de The Cold White Light. Pour le coup je rejoins ilugtod, n'ayant jamais vraiment accroché au pourtant très aprécié Crimson...
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