L’appel des sirènes est si fort... nombreux n’ont pu y surmonter... nombreux ont sombré...
Les sirènes de la popularité, de la commercialisation abrasive d’un art originellement noble et beau, d’une notoriété qu’il restait à construire sur une échelle plus largement populaire... les sirènes d’une destruction artistique en devenir... peut-être appelle-t-on ça également la simple rançon (naturelle ?) du succès.
Souvenons-nous de
Within Temptation lors de la sortie d’un "Enter"... rien n’était alors similaire...
Souvenons-nous des débuts de
Sirenia... rétrospectivement... puis plongeons dans la découverte de ce nouveau "
Enigma of
Life"... le parallèle est frappant.
Handicapés par d’incessants changements de line-up, les Norvégiens ont souvent dû faire face à des remaniements, notamment vocaux. Musicalement, une importante transformation s’était opérée sur "
Nine Destinies and a Downfall", avec l’arrivée de Monika Pedersen derrière le micro. Mais l’histoire en décida encore autrement et une troisième chanteuse officielle arriva sous le patronyme d’Aylin. "
The 13th Floor" fut une déception massive... les orchestrations massives appartenaient définitivement au passé, la nouvelle vocaliste, bien que très belle, ne parvenait pas à cacher des tics vocaux emplis de niaiserie et de jeunesse...
Sirenia se tournait vers un public de plus en plus adolescent... de moins en moins intéressant.
"
The Enigma of Life" s’inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur. Si Morten Veland avait retrouvé ses velléités les plus ambitieuses avec le récent album de
Mortemia, il n’en est rien ici tant la sensation de réchauffé, de grandeur synthétique et de facilité d’accès parsème ce cinquième opus studio.
Définitivement proche de combos dans la veine de
Within Temptation,
Delain ou ces groupes à facettes symphonico-commerciaux (parfois même
Evanescence) à refrains (veine dans laquelle
Nightwish a réussi à échapper grâce à un talent de composition indéniable),
Sirenia déçoit... et ne se rapproche que très rarement de ce que l’on peut attendre d’un groupe supposé culte. A l’instar d’un
Tristania ne sachant plus où il en est (entre "Illuminations" et "Rubicon", eux aussi touchent le fond...),
Sirenia s’ouvre avec des morceaux ne dépassant jamais les trois/quatre minutes (mis à part "
The Enigma of Life" qui atteint les six), des structures conformistes et sans inventivité et surtout une production foncièrement trop maigrelette pour évoquer l’admiration.
Un son poli, propre mais manquant énormément de profondeur et de clarté, et surtout de densité lorsque l’on écoute ces bien fines et synthétiques envolées lyriques, restant (pour rester dans la comparaison) loin de ce que les Hollandais avaient proposé avec "The
Heart of Everything".
Difficile de discerner des morceaux phares dans cet opus bien trop plat et uniforme pour captiver l’attention sur douze morceaux (une première). La voix beaucoup trop frêle de Aylin et l’absence totale d'un riff plus haut que l’autre n’y sont également pas pour rien.
Si "
The End of It All", "This
Darkness" ou le très intéressant "A Seaside
Serenade"(évoquant, de par ses symphonies, l’Eliade) ressortent par le growl de Morten, c’est au final bien peu. Pourtant, un titre comme "A Seaside
Serenade" justement démontre de belles choses, un pont symphonique très beau, une pluie de chœurs liturgiques dans l’esprit sacré d’un
Angra et surtout une ligne de piano omniprésente d’une superbe sensibilité. Malheureusement, ces moments sont si rares...
"Darkened Days To Come" ou "
Fallen Angel" sonnent à côté comme de vulgaires face B indignes d’un groupe comme
Sirenia. Trop niais, trop superficiel et puéril, il ne reste que de la déception envers des Norvégiens qui valent beaucoup plus que ça...
Que dire de plus ?
Sirenia ne marquera certainement pas les esprits en 2011, ni le metal symphonique (est-ce encore réellement vrai ? ) en général.
Sirenia est désormais un groupe de plus dans la masse, qui plus est dépassé par de jeunes combos aux dents longues de plus en plus nombreux.
Sirenia n’a plus à être envié par les autres... son statut ne fait plus sa qualité musicale...
Le début de l'album n'est pourtant pas mauvais, avec le puissant morceau d'ouverture "The End Of It All" ou encore "This Darkness".
Mais le titre le plus réussi est sans aucun doute l'excellent "A Seaside Serenade", le plus recherché instrumentalement, mais aussi le plus metal du disque, le feeling est vraiment présent du début à la fin et on redécouvre enfin un Morten Veland au top de sa forme, mais c'est malheureusement trop peu...
On retrouve malheureusement de nombreux déchets comme "The Twilight In Your Eyes", "Comming Down" ou encore "This Lonely Lake".
La power ballade "Fallen Angel" est assez correcte, alors que d'autres comme "Winter Land" ou "The Enigma Of Life" sont remplies de clichés à en faire une overdose...
Note: 11/20
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