The Classic Symptoms of a Broken Spirit

Liste des groupes Metalcore Architects The Classic Symptoms of a Broken Spirit
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15/20
Nom du groupe Architects
Nom de l'album The Classic Symptoms of a Broken Spirit
Type Album
Date de parution 21 Octobre 2022
Style MusicalMetalcore
Membres possèdant cet album24

Tracklist

1.
 Deep Fake
 03:35
2.
 Tear Gas
 04:48
3.
 Spit the Bone
 03:33
4.
 Burn Down My House
 04:20
5.
 Living Is Killing Us
 03:42
6.
 When We Were Young
 03:32
7.
 Doomscrolling
 04:22
8.
 Born Again Pessimist
 03:32
9.
 A New Moral Low Ground
 03:32
10.
 All the Love in the World
 04:02
11.
 Be Very Afraid
 04:21

Durée totale : 43:19

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Architects


Chronique @ Eternalis

01 Novembre 2022

Une musique désormais plus aérienne, plus viscérale et universelle.

“Notre plus grande faiblesse réside dans l’abandon. La façon la plus sûre de réussir est d’essayer encore une fois”
Thomas Edison

Des raisons d’abandonner, Architects en a eu de nombreuses. Sans revenir une fois de plus sur le cataclysme que fut le décès de Tom Searle, principal compositeur et alors maître à penser du combo de metalcore, le groupe aurait pu (et dû, si on écoute certains), jeter l’éponge ou commencer une nouvelle aventure. Mais sous l’impulsion de son frère Dan (batterie), de Josh Middleton amené à le remplacer et d’un Sam Carter qui allait se révéler comme l’un des plus talentueux chanteurs de metalcore de sa génération, Architects fit acte de résilience et décida de continuer l’aventure.
Dire que cette tragédie eut un impact artistique déterminant n’est pas peu dire tant, depuis le fabuleux "All Our Gods Have Abandoned Us" (la colère de la perte, le désespoir de la mort), le groupe britannique n’a eu de cesse d’évoluer et de s’émanciper d’une scène au demeurant très étroite et trop souvent amenée à s’enfermer dans des carcans. "Holy Hell" était une version “+” évoquant le deuil mais avec encore énormément de brutalité dans lequel le lyrisme s’installait, c’est avec le surprenant "For Those That Wish to Exist" que le groupe a pris son tournant définitif. Laissant derrière ses démons, sans jamais renier son histoire, Architects regardait devant avec un concept plus universel, plus global et une ouverture musicale le sortant du metalcore pur (provoquant ainsi une certaine déception chez les puristes). Le covid aura donné l’occasion au quintette de réenregistrer cette perle avec l’orchestre symphonique du Parallax Orchestra aux mythiques Abbey Road Studios, démontrant la faculté du groupe a évolué vers d’autres sphères tout en conservant une intensité d’interprétation impressionnante.

"The Classic Symptoms of a Broken Spirit", au titre toujours très torturé et introspectif, arrive ainsi pour confirmer ou non cette émancipation définitive du metalcore pour continuer dans la voie d’un son unique pouvant même dépasser certaines barrières du metal. Et disons-le de suite ; ce dixième album explose allègrement les frontières, jouant sur de multiples tableaux, enterrant les espoirs d’un retour au metalcore d’antan tout autant qu’il intègre définitivement les envies de Dan et Sam à sortir du metal dit moderne.
Les immenses progrès vocaux de Sam Carter ont forcément amené vers ce point où il est désormais capable de chanter aussi bien qu’il ne hurle, tout en insérant toujours ses lignes mélodiques et ses notes à l’intérieur de ses hurlements (chose dont il est l’un des seuls à réellement faire). Sans dire que l’ensemble est plus mélodique (il l’est, mais ce n’est pas le point central), il faut surtout intégrer le fait que les compositions ne tournent plus nécessairement autour des riffs mais beaucoup autour des arrangements, des textures sonores et des ambiances pour conférer un aspect clairement plus industriel et électronique à l’ensemble de ces onze compositions. L’album est plus concis, plus direct et efficace et, s’il s’apprivoise assez vite, dévoile de nouveaux détails encore et encore après de multiples écoutes.

Nous avions eu "When We Were Young" l’été dernier, comme un retour à un metalcore plus racé, plus agressif mais possédant un refrain aérien et absolument dantesque, au texte magnifique de recul sur la vie et l’expérience, dont chacun peut, à un moment de sa vie, se reconnaître dedans. Sam est impressionnant dans tous les compartiments du chant, les riffs de Josh et Adam sont efficaces et écrasent tout durant un break simple mais sublimement efficace. Ce morceau était une bonne base de travail : les titres sont assez courts, les structures sont plutôt classiques et moins progressives que sur son prédécesseur mais la quantité de travail sur les arrangements réalisés par Dan Searle est impressionnante.
"Deep Fake", qui se retrouve en ouverture, était un autre indice sur la direction plus électronique de l’album. Pas ou peu de guitares sur les breaks, des samples servant de support sonore, un chant clair avec énormément de reverb et un refrain qui explose littéralement. Mais surtout, cela fonctionne incroyablement bien ! Tous ces éléments auraient pu affadir la musique ou la rendre accessible mais les quelques éclairs de violence, les riffs utilisés avec parcimonie et les explosions sonores ne font que conférer un plus grand impact à chacun d’entre eux. J’en prends pour preuve le break totalement indus de "Deep Fake", assez simple, mais glacial et torturé, syncopé et étouffant, qui permet de plonger dans les méandres de cet esprit brisé qui nous représente tous. "Tear Gas" va encore plus loin, avec des guitares absentes sur une grande partie du titre (ou sous forme de grosses nappes monolithiques) et un Sam chantant sur des beats électroniques et des patterns imprévisibles de batterie. "Spit the Bone" propose même un beat quasiment dansant, surprenant au premier abord, mais qui prend tout son sens après plusieurs écoutes et profite surtout d’un refrain à l’impact énorme où l’on parle gaiement de cannibalisme (métaphore de notre audodestruction ?).

Comment ne pas parler également du surpuissant "Living is Killing Us", parfait étendard de la direction prise par cet album, montant en puissance pour exploser sur un break assourdissant et presque poétique dans sa violence, comme si Nine Inch Nails rencontrait les anciennes compositions du groupe. Il est presque inutile de parler d’autres influences désormais tant Architects déploie ici un son et une personnalité qui lui est propre, loin des "Ruins" ou "Hollow Crown" qui devaient surtout à Gojira et Meshuggah.
"All the Love in the World" s’ouvre ainsi sur des sonorités technoïdes qui pourraient sonner chez un Scar Symmetry avant que la ligne vocale ne s’enlace dans une mélancolie pleine de rage, comme si cet amour décrit était factice et emplie de cynisme. Un cynisme qui éclate sur la brutalité d’un "Be Very Afraid" qui retrouve ses premiers amours dans une violence presque death metal et des riffs hachés à la Machine Head. Sam Carter retrouve toute la brutalité de sa voix et le groupe nous assiège littéralement pendant trois minutes de toute la colère qu’il lui reste, symptomatique de cette peur qui s’insinue dans nos esprits, nous rend fou et psychotique. Le final est lourd au possible, écrasant et hypnotique et, s’il est joué en live, pourra à n’en pas douter être un grand moment de puissance musicale.

Totalement cohérent dans sa démarche et sa globalité, "The Classic Symptoms of a Broken Spirit" continuera de décevoir ceux qui attendent un retour au metalcore tandis qu’il comblera les autres qui trouvent désormais en Architects une musique plus aérienne, plus viscérale et universelle. Capable de souffler poésie et agressivité électronique en quelques instants (les mouvances de "A New Moral Low Ground", passant d’instants en suspens à des sursauts industriels pour ensuite déboucher sur le seul solo de l’album), le quintette, peut-être pour la première fois depuis plusieurs années, donne l’impression de s’être vraiment fait plaisir et de ne plus être prisonnier de ses démons. Il préfère désormais les sonder, les exposer mais ne plus en être victime comme par le passé, en témoigne un "Doomscrolling" étonnamment optimiste. Il est certain que, plus que jamais, l’album ne laissera pas insensible, scellera définitivement le sort pour certains tandis qu’il ouvrira grand les portes de son univers à d’autres.
Rien n’est jamais simple ou manichéen en musique. L’album s’affiche pour moi comme l’une des très grandes réussites de cette année, notamment dans la production gargantuesque et l’intensité de l’interprétation.
When We Were Young, we thought we had the whole world figured out, We flew into the sun”. Cela n’a jamais été aussi vrai …

5 Commentaires

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Eternalis - 02 Novembre 2022:

J'attendais ton commentaire. Il serait même intéressant, si tu pouvais, de faire une chronique pour confronter nos points de vue totalement opposés. Tu reproches exactement ce que j'approuve et recherche l'inverse de moi. C'est assez intéressant.

Je ne vais pas tout reprendre (ma chro parle) mais justement, j'ai toujours trouvé que, depuis le décès de Tom Searle, le groupe s'est trouvé (c'est moche à dire). Je comprends qu'on puisse aimer les débuts mais Architects n'était alors qu'un énième groupe de metalcore avec une jolie promo mais les influences se sentaient à des km, les morceaux tournaient en rond et oui, il y avait du riffing mais les titres se ressemblaient quand même tous en partie. La donne a commencer à changer avec Lost Forever et surtout AOGHAU. Puis l'évolution et le changement de composition (quoique Dan est toujours au centre, et Sam prend de plus en plus de place) qu'ils se sont émancipés.

Je comprends ce que tu reproches mais aujourd'hui, on reconnaît un titre de Architects distinctement, ce qui n'était pas le cas avant. Oui, on est sur des structures simples mais le groupe ne fait pas de prog, et la quantité d'arrangements font que les titres ont une atmosphère propre. Pour les textes, je ne suis pas vraiment d'accord mais c'est une question de ressenti. Je trouve au contraire que, comme pour For Those, ils ont un côté universel qui peut toucher tout le monde à un moment de sa vie et j'ai trouvé la plupart plutôt bien fait et percutant. Là aussi en sortant de la colère ou du défaitisme habituel.

C'est évident que pour toi, ils se "viandent" et j'y vois une validation de l'album précédent qui tourne encore régulièrement après 2 ans (et sa réinterprétation symphonique). Là on est même plus dans "les goûts et les couleurs" mais les attentes auprès d'un groupe déjà installé.

Ainsi va les chroniques qui, à un certain point, font vraiment ressortir la subjectivité de la musique wink

Groaw - 02 Novembre 2022:

Je verrais si j'ai le temps de faire une "contre-chronique" car j'ai pas mal d'albums que je souhaiterais chroniquer avant. Mais effectivement, ça peut être intéressant de confrontrer nos deux points de vue. En tout cas, je ne peux être qu'en accord avec cette phrase : "Tu reproches exactement ce que j'approuve et recherche l'inverse de moi.". En effet, dans le metalcore, et c'est peut-être mon appréciation du deathcore qui joue sur ce paramètre, je suis bien plus enchanté sur des prestations vocales screamées, voire growlées. Je n'ai pas forcément une dent contre le chant clair mais je préfère quand il est plus mesuré, plus discret. Et dans le cadre d'Architects, je le trouve justement trop omniprésent. On perd vraiment la hargne et l'énergie des précédents opus pour un travail plus aérien et accessible. Car c'est mon avis également mais les Anglais se montrent bien plus abordables que les précédents opus. Les schémas et les riffings choisis y sont aussi pour quelque chose et c'est sans doute ce qui me dérange le plus sur cette nouvelle facette d'Architects.

Je ne suis pas forcément en accord sur ta vision des débuts du groupe. Je te rejoins sur l'énorme pub/visibilité qui a été fait sur la formation, comme d'autres combos anglais à cette époque (While She Sleeps, Bury Tommorow ou Bleed From Within sont quelques noms qui me viennent en tête, même si leur popularité n'est peut-être pas aussi importante que le quintet) mais pas vraiment sur le style adopté par les anglais. Bien au contraire, l'aspect plus progressiste de leurs compositions était quelque chose d'assez novateur au début de la décennie 2010's, c'est à ce moment que le metalcore "classique" s'est petit à petit estompé pour laisser place à un metalcore plus mélodique dont le collectif anglais a clairement été partisan. On peut retrouver des similitudes entre compositions (à vrai dire, je pense que c'est un argument valable sur une bonne majorité de la discographie d'un groupe) mais c'était tout de même un tournant majeur dans l'histoire du metalcore et en ce sens, Architects s'est toujours distingué des autres formations du style avec ce penchant plus progressif. Et même dans les albums les plus récents, on retrouve cette étincelle, ce petit quelque chose qui distingue dès les premières notes le groupe anglais.

Un exemple d'un titre qui reprend à peu près les codes posés sur ce The Classic Symptoms of a Broken Spirit, c'est Royal Beggars présent sur Holy Hell. Riffing classique, éléments électroniques, schéma assez conventionnel, c'est ce que l'on retrouve sur l'album. Pourtant, à mon sens, on est à des années lumières d'un when we were young par exemple (désolé, j'ai l'impression de m'acharner sur ce titre). Le chant plus screamé y est sans doute pour quelque chose, j'y ressens plus d'émotions et de poignant au niveau du refrain contrairement à when we were young où je trouve ça trop propre, trop poli, trop simpliste au final. Le titre n'est pas foncièrement mauvais mais je ne sais pas, mon ressenti me donne une impression de vide sur l'ensemble de cette toile ...

Dans une gamme chant clair, même si on est plus sur du shoegaze, Thornhill me touche beaucoup plus. Mais là, c'est clairement les goûts et les couleurs. Par contre, la réinterprétation symphonique de For Those That Wish to Exist, ce fut une assez bonne surprise sachant que je n'y attendais pas grand chose. Mais j'ai retrouvé une puissance instrumentale et émotionnelle que je trouvais plutôt absente des versions originales, ce qui explique pourquoi j'ai eu un meilleur feeling. Dommage que Josh n'ait pas plus de place dans les vocaux car ce qui fait sur Sylosis et sur la réinterprétation, je suis grandement fan.

Astorias - 03 Novembre 2022:

je l'ai trouvé vraiment long a écouté cette album, j'ai l'impression que toutes les musiques se ressemble...  pas desagréable pour autant  mais je me suis ennuyé trés vite.

Molick - 07 Novembre 2022:

Je rejoins un peu l'avis de Groaw. C'est pas mal, mais assez passe-partout, notamment le chant. Je ne connais quasiment pas le passé du groupe, et n'étant pas fan de metalcore, j'étais assez attiré par l'éloignement de leur style de base dont vous parlez.

Mais là au niveau du chant (qui est quand même l'élément central), que ce soit les mélodies vocales ou la voix du chanteur, j'ai l'impression d'avoir entendu tout ça 150 fois dans d'autres groupes. Je trouve les mélodies vraiment pas inspirées (et très répétitives), et la voix très quelconque (en clair ou en saturé) et manquant souvent de nuances. De mon côté pas plus de 12-13 (cer qui n'est pas une mauvais note), pour un album aussi "facile".

J'ai largement préféré le dernier Northlane (bon sans aller à lui mettre 18, je vais rester sur un bon 15), que je trouve plus travaillé notamment grâce à l'apport de l'électro, une prod bien plus organique et contrastée, et le chanteur beaucoup plus versatile (et plus "viscéral" en chant saturé). Alors certes c'est aussi une musique assez simple, très inspirée de la pop, mais plus travaillée à mon sens.

C'est assez dur de faire de la pop variée (par exemple le dernier Imagine Dragons), et du coup couplé au metalcore (auquel on reproche souvent son manque de variété) ça demande 2 fois plus d'effort pour faire quelque chose de pas trop répétitif et déjà entendu.

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