Revenir dans un passé glorieux ou s’embourber dans un présent sans saveur : voici comment nous pourrions définir aujourd’hui le paradoxe
Architects. En effet, depuis le décès de son guitariste et compositeur Tom Searle, le quatuor anglais semble être complètement démuni et la hargne d’antan s’est peu à peu transformée en un chagrin incurable. Cette lourde perte a valu un premier disque en demi-teinte en 2018 à savoir From Those
That Wish To
Exist certes créatif mais finalement peu convaincant à cause de sa longueur conséquente et de son esprit parfois prévisible. Mais c’est sur le second opus
The Classic Symptoms of a Broken Spirit en 2022 que la formation a complètement touché le fond avec des compositions ultra redondantes, une inspiration pop assez exécrable et un Sam Carter qui n’a jamais semblé si fatigué (sa prestation lors du Hellfest 2023 fut d’ailleurs vivement critiqué avec un chant majoritairement faux).
Depuis, les Anglais ont tenté une opération séduction plutôt réussie, d’abord par le biais du morceau
Seeing Red et sa phrase emblématique « Are you happy now ? », une invitation auprès des fans de la première heure pour montrer que les musiciens ne doivent pas encore être enterrés et qu’ils sont encore dans la capacité de produire des chansons véhémentes.
Whiplash et
Curse, sûrement moins marquants que les deux autres morceaux, n’ont pas forcément à rougir de leur initiative mais leur structure ainsi que les refrains n’ont rien de fondamentalement innovant.
Mais c’est avec
Blackhole que le collectif a affiché son visage le plus engageant depuis bien longtemps, une production moderne et mordante qui n’est pas sans rappeler l’imposante empreinte sonore d’un
Falling In Reverse. Ces deux compositions laissaient entrevoir un sérieux retour aux sources de la part du groupe et une future œuvre excitante. Pourtant, à l’écoute de son onzième ouvrage
The Sky, The Earth & All Between, le contrat n’est que partiellement rempli et nous sommes encore frustrés de certaines directions artistiques.
Commençons toutefois par le positif et par les prestations vocales de Sam Carter : largement mis en avant sur les quatre singles de présentation, il est impossible de bouder notre plaisir d’entendre à nouveau une palette ardente de la part du frontman et surtout un growling que nous avions déjà distingué sur certains titres de
For Those That Wish to Exist. Pour autant, la technique vocale impressionne davantage sur ce dernier venu, notamment grâce à la capacité du chanteur à jongler entre screaming, guttural et chant clair. De même, les courtes sections où ce chant rauque est exécuté sont majoritairement pendant les instants stratégiques, comme sur les breakdowns de l’ouverture
Elegy ou de
Judgement Day, et intensifient le caractère percutant des mélodies.
Le collectif montre aussi une capacité « modérée » de sortir de sa zone de confort grâce à des instrumentations électroniques, voire industrielles. Le riffing sur Landmines accompagné de ces effets aux synthétiseurs est particulièrement intrigant et l’on sent une tendance rock/alternative un peu plus expérimental qui n’est non sans rappeler les derniers travaux de
Bring Me The Horizon (ce qui n’a finalement rien d’étonnant lorsque l’on sait que c’est Jordan
Fish derrière la plupart des productions d’
Architects). Mais c’est sur
Brain Dead, en collaboration avec House Of Protection, que le quatuor étonne au moyen d’une forte inspiration punk hardcore, d’une dualité vocale fusionnelle et d’un rythme reggaton à la batterie. On décèle de même une certaine « joie » et une passion fiévreuse (qui se ressent expressément sur le clip vidéo) qui contrastent totalement avec les précédents opus.
Malheureusement, ces impressions positives sont régulièrement gâchées par des compositions bien inexpressives et à l’intérêt grandement limité. Parmi elles, nous pourrions citer l’effroyable Everything Ends, une balade sans charme, résolument pop comme une certaine continuité de
The Classic Symptoms of a Broken Spirit et qui s’apparente davantage à un titre de BMTH ou de
Starset que d’
Architects. L’instrumentalisation est dénuée de toute émotion (toute la première partie n’est qu’une ligne électronique sans variations notables), le chant de Sam est tout aussi vide avec une voix qui est même à certains moments autotuné et on sent globalement une chanson mélodique passe-partout, peu travaillée que l’on a entendu des dizaines voire des centaines de fois.
Certains pourront croire que la pop pose problème à votre modeste chroniqueur, ce qui n’est ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. Mais dans ce registre, un titre comme Broken Mirror, bien qu’elle ne soit pas particulièrement extravagante, s’en sort avec une belle mention grâce à une meilleure écriture, un lyrique étoffé, une orchestration plus personnelle, une proposition vocale ainsi qu’une progression hétérogène. Le chorus possède par ailleurs une allure directement calquée des récentes réalisations de
Bad Omens, une vision ultramoderne qui permet un équilibre intéressant entre fragilité et sensibilité. Le breakdown est une surprise inattendue qui vient briser cette bulle éthérée et administrer juste ce qu’il faut d’agressivité pour ne pas basculer dans la monotonie.
Avec
The Sky, The Earth & All Between,
Architects tente de redresser la barre après une période d'errance artistique mais le résultat reste contrasté. Dans l’ensemble, l’album parvient à raviver une certaine hargne passée grâce à des morceaux percutants, une production soignée, des expérimentations bien menées et une prestation vocale enrichie. Toutefois, cette embellie est souvent freinée par des compositions plus fades plombées par un excès de facilité ou une absence d’identité marquante. Ce onzième disque n’est aucunement un naufrage mais n’est pas non plus le retour triomphal tant attendu. Le combo esquisse une tentative de réconciliation avec son public de la première heure tout en conservant une approche plus mainstream, ce qui offre un résultat assez encourageant. Il ne reste plus qu’à voir si ce regain d’énergie ponctuel marquera le début d’une véritable renaissance ou s’il ne sera qu’un sursaut éphémère dans la trajectoire du groupe.
Le clip de Blackhole, tellement cringe... Et tellement médiocre. Un peu déçu, franchement
Je poste ce commentaire en sortant d'un concert d'Architects (je m'ennuyais, que voulez-vous). Lalentable, juste lamentable. Un sous-BMTH bis sans saveur et sans personnalité. Le pogo était bien, et intéressante première partie avec Brutus, c'est déjà ça, mais musicalement c'est zéro. Évidemment, aucune chanson jouée de leur précédent repertoire, comme si ça n'a jamais existé (el famoso "nous sommes mature maintenant"). Je ne connaissais aucune chanson jouée, toutes mauvaises et impossible de distinguer l'une de l'autre. Par moment j'ai cru voir Oliver Syles au chant, tellement celui-ci transpirait l'amateurisme et le faux.
Bref, pour moi Architects restera Hollow Crown et c'est tout. Enième groupe qui a sombré dans la nullité absolue.
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