The Butterfly Effect

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15/20
Nom du groupe Moonspell
Nom de l'album The Butterfly Effect
Type Album
Date de parution 13 Septembre 1999
Labels Century Media
Style MusicalDark Gothique
Membres possèdant cet album302

Tracklist

1. Soulsick 04:16
2. Butterfly FX 03:51
3. Can't Bee 05:11
4. Lustmord 03:44
5. SelfAbuse 04:16
6. I Am the Eternal Spectator 03:31
7. Soulitary Vice 03:27
8. Disappear Here 03:33
9. Adaptables 03:01
10. Angelizer 04:30
11. Tired 05:24
12. K 12:40
Total playing time 55:24

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Moonspell


Chronique @ TasteofEternity

01 Avril 2019

La promesse de la chenille n’engage pas le papillon

Le caméléon du metal lusitanien s’apprête à frapper fort. Coup d’œil sur la pochette, une photo d’un specimen de papilio thoas, ses ailes en gros plan, le titre de l’album, The Butterfly Effect. Une alternative semble s’offrir à nous, soit il s’agit d’un concept album sur la théorie du chaos, soit c’est une allégorie pour signifier la chrysalide du groupe. Poursuivons l’inspection des alentours, un frisson parcourt mon échine lorsque mes yeux tentant de s’agripper à un nouvel indice croisent sur leur chemin, un mot qui sonne comme une mise en garde, Lustmord, intitulé du 4e morceau présent sur la tracklist. Certains noms ne sont pas à écrire sans conséquence. Invoquer Lustmord, l’une des divinités du dark ambient, en dit long sur le voyage qui nous attend. Mais n’extrapolons pas trop pour le moment. Le jeu de piste ne fait que commencer.

La première écoute se réalise difficilement pour qui a l’habitude de Wolfheart, Irreligious, et je ne parle pas de ceux qui sont restés à Under the Moonspell, qu’ils se consolent comme ils peuvent avec Daemonarch. Tout d’abord, il n’y a rien de commercial dans cette démarche éminemment risquée quand on connaît la composition de la fan base du groupe. Oublier le romantisme nostalgique, autant que les déclamations grandiloquentes, et les harmonies langoureuses, bref tout le côté séduisant de Sin Pecado. Le rock gothique s’est retrouvé musclé par des samples et des claviers qui loin d’adoucir ou de rendre chaleureux le groupe glacent l’atmosphère et cristallisent des émotions pour en extraire une rare intensité. Ce type de sonorités indus renvoie aux groupes allemands des années 80 dans la lignée de KMFDM. Lorsqu’on creuse un peu, on découvre que l’album a été produit par Andy Reilly à Londres. Si ce dernier a travaillé avec Gary Numan et Pigface, entre autres, ce n’est pas non plus la référence dans le style. Initialement le groupe souhaitait s’adjoindre les services de Jacob Hellner connu pour ses travaux avec Clawfinger et Rammstein, mais justement les allemands l’avaient réservé en pré production de leur prochain album. Moonspell aurait aimé se rendre à Berlin plutôt qu’à Londres. Mais finalement tous ces compromis se sont révélés profitables donnant naissance à une œuvre des plus aboutie. L’homme qui est derrière cette orientation musicale n’est autre que le claviériste Pedro Paixao, secondé par Sergio Crestana, le remplaçant d’Ares qui incarnait la face occulte du groupe à ses origines. Les textes, très personnels, rédigés à la première personne, sont signés Fernando Ribeiro.

Une fois ces données intégrées, l’exploration peut commencer. Soulsick ouvre une marche funèbre désaffectée appuyée par une rythmique grondante, le chant clair de Ribeiro se transforme sur le refrain en hurlement pour mieux prendre un timbre sinistre par la suite. Moonspell a retrouvé une énergie et un impact à travers des sonorités froides et éprouvantes. Butterfly Fx casse l’élan de Soulsick initiant une rythmique tribale déconcertante, heureusement la voix de Fernando Ribeiro fait office de fil rouge pour nous repérer dans ce dédale de samples et sons tous plus synthétiques et inconnus les uns que les autres. Can’t Bee permet de reprendre son souffle, petite mélodie sur une rythmique éthérée, jusqu’au refrain où tout s’intensifie en un instant. A elle seule, Can’t Bee propose un voyage somptueux. A partir de ces trois premiers titres se dégage une structure assez nette dans la construction des morceaux : une intro samplée minimaliste très courte, un lancement qui installe le décor toujours froid et déshumanisé, et un refrain sur lequel le groupe et le chanteur lachent les chiens. Les samples et les mélodies aux claviers donnent la direction des morceaux. Après chaque titre va décliner une émotion fugitive à part entière. Mais voilà que Lustmord fait son entrée, une profonde rupture apparaît. Sans doute le morceau le plus sombre et le plus violent de l’album, comment aurait-il pu en être autrement avec un tel patronyme ? Loin de verser dans l’ambient apocalyptique, il réveille une agressivité encore inédite. Dieu que c’est bon de retrouver nos Portugais en pleine mesure de leur capacité. La suite de l’album se décline en une série de tableaux abstraits décrivant des état émotionnels souvent violents, entre deux accalmies de courte durée. Mention spéciale aux titres Adaptables, ses guitares puissantes et sa rage vocale poignante, Tired qui s'appuie sur un sample extrait du Requiem de Mozart, une décennie avant The CNK, et à l'ultime K, un délire instrumental qui navigue dans les eaux tumultueuses entre Lustmord et Frank Zappa. Un opus tout en rupture qui s’amuse à faire des clins d’œil à Depeche Mode, Nine Inch Nails, ou encore Stabbing Westward, mais de manière suggestive tout au plus. Approfondir la démarche et se jeter accord perdu dans The Butterfly Effect ne se réalise pas sans dommage. On en sort éreinté comme une traversée du désert : 12 titres, 12 épreuves, pour près d’une heure. Il appartient à chacun de dire ce qu’il en ressort, le soulagement ou le regret ; mais il est certain que le voyage en valait la peine.

Moonspell se redresse fièrement et tranche à nouveau. Inattendu et incongru sont les premiers qualificatifs qui viennent encadrer The Butterfly Effect. Si l’album dans sa construction musicale est sans doute le plus homogène jusqu’alors de la carrière du groupe, il ne s’agit pas pour autant d’un concept album. La métaphore du papillon est plus à prendre comme la réalisation du processus musical qu’est Moonspell. Ce dernier s’expose à travers une oeuvre intimiste qui nous jette au sol, nous délestant de notre confort, pour pouvoir enfin partir à la rencontre de nous-mêmes, sans autre motif que de nous retrouver. L’aventure n’a pas été du goût de tout le monde. L’album n’a pas convaincu, et une réorientation rapide se produira sur les prochains efforts. Déborder du cadre a un prix, que tous ne sont pas prêts à payer.

6 Commentaires

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JeanEdernDesecrator - 02 Avril 2019:

Je suis aussi passé à coté de Moonspell, mais ce que tu dis sur la chronique me tenterait pour une écoute attentive, vu que je préfère les sorties de routes au chemins tout tracés, arf ,!

TasteofEternity - 02 Avril 2019:

Je souhaitais insérer le clip de Butterfly Fx, mais impossible de l'intégrer à la chronique... 

ExtremeOnction - 04 Avril 2019:

Salut, merci pour ta chro,  pour continuer sur votre discussion il me semble que pour découvrir Moonspell le double album Alpha Noir / Omega White permet de voir le grand écart que peut faire le groupe et pouvoir se faire un avis sur leur façon d'évoluer qui n'est pas sans me rapeller Paradise Lost d'une certaine manière. En espérant que çà grandisse la fanbase de Moonspell.

TasteofEternity - 04 Avril 2019:

Excellente remarque que je vais m'empresser de suivre ayant abandonné le navire depuis un moment.

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Commentaire @ vraysol

28 Octobre 2005
"The Butterfly Effect" est un album extraordinaire, irréprochable. Apparu en 1999 chez Century Media, cet album est très différent de ce que Moonspell faisait par le passé. Ceux qui connaissent bien le groupe vont être surpris en écoutant cet album.
En effet, le groupe nous offre une musique très originale, unique, surprenante et surtout excellente.
Rien qu'en voyant la pochette, le livret et les photos, on s'attend à écouter une musique très sombre car les papillons qui y figurent nous rendent vraiment mal à l'aise et nous donnent la chair de poule. Confirmation à la première écoute !!
La musique de Moonspell nous emmène dans un monde inconnu, inquiétant et ténébreux.
"Soulsick" commence par une introduction aux claviers malsains créant une atmosphère souterraine et glauque. Ensuite, on s'aperçoit que la qualité du son est parfaite. La batterie est vraiment destructrice et les guitares/basses dévastent tout sur leur passage.
De plus, nous avons affaire à des musiciens très expérimentés et ayant un très haut niveau. Mike Gaspar (batterie) est impressionnant, Pedro Paixao (claviers) créée avec succès des ambiances malsaines et lugubres et Fernando Ribeiro (chant) a une sacré voix : caverneuse, très grave et démoniaque.
"Soulsick" est donc une excellente chanson avec quelques voix claires inquiétantes, quelques sons électro et des guitares très grasses.
"Butterfly FX" est aussi un titre très sombre, un peu électro avec des guitares apocalyptiques et une voix haineuse qui vous aspire impitoyablement dans un gouffre sans fond. Là aussi, les claviers sont très glauques. Terrifiant !!
"Can't Bee" est un titre très reposant et beaucoup moins violent que les précédents. Les claviers sont très mélodiques et surtout majestueux. Les ambiances sombres sont inexistantes sur cette chanson imparable et si particulière.
"Lustmord" est probablement le titre le plus violent de l'album. Les batteries sont rapides et dévastatrices, Fernando Ribeiro hurle comme un démon et les guitares sont très agressives. Cependant, c'est aussi une chanson très variée car on y trouve des éléments électro, des vocaux trafiqués, des percussions africaines et des claviers majestueux. Excellent !!
"Self Abuse" est un titre au tempo lent et très mélodique. Beaucoup de voix claires, mélodiques et trafiquées. On y trouve aussi des éléments électro qui créent une atmosphère très industrielle. Très agréable à écouter.
"I Am the Eternal Spectator" est aussi un titre très mélodique avec des éléments électro et des voix trafiquées. Néanmoins, Mike Gaspar est toujours aussi impressionnant et les guitares sont puissantes et destructrices. Magnifique et imposant.
"Soulitary Vice" est une chanson très électro avec des voix claires et trafiquées. Vraiment bizarre et assez captivant.
"Disappear Here" est le titre le plus calme et reposant de l'album. La voix grave de Fernando Ribeiro devient plus claire et les claviers deviennent plus joyeux. Nous avons plutôt affaire à du rock atmosphérique et on entend le bruit de la pluie...
Très agréable à écouter.
"Adaptables" est un titre très sombre avec des claviers atmosphériques effrayants et des vocaux démoniaques et haineux. Les vocaux trafiqués sont très efficaces et imparables. En outre, on ressent encore ces éléments électro et ces ambiances malsaines et souterraines.
"Angelizer" est un titre très sombre et aussi assez violent avec des vocaux monstrueux et malfaisants (Fernando Ribeiro a réellement une voix terrifiante et époustouflante). Bref, la chanson dégage une ambiance très lugubre et malsaine et quelques voix claires inquiétantes et des claviers symphoniques embellissent davantage la musique envoûtante de Moonspell. Monumental.
"Tired" commence par une intro avec des claviers souterrains (on a l'impression d'être dans une grotte ou dans les égouts), puis des orchestrations symphoniques majestueuses font leur apparition.
Puis, on entend encore des vocaux hurlés et trafiqués avec des guitares très mélodiques ainsi que des beaux claviers atmosphériques. Apocalyptique, effroyable et majestueux.
Le dernier titre qui englobe "K" et "O Mal de Cristo" est le plus long de l'album : plus de 12 minutes !!!
Ce titre est vraiment très particulier car pendant plus de 6 minutes, on n'entend que des claviers et diverses sonorités particulières. Donc, nous avons affaire à une bonne musique d'ambiance avec des atmosphères malsaines mais aussi joyeuses. Puis, on arrive à entendre la voix de Fernando Ribeiro qui est à la fois inquiétante et presque inaudible. Ensuite, on entend de l'orgue qui donne encore une ambiance d'outre-tombe et ça continue de nouveau avec les mêmes atmosphères. Surprenant, original et effrayant.

De plus, la pochette illustre très bien la musique et les diverses images font de ce disque un très bel objet. La musique, quant à elle, est irréprochable tellement les chansons sont excellentes. Cet album mélange merveilleusement belles mélodies, violence, atmosphères majestueuses et glauques.
Les musiciens sont vraiment excellents et on peut dire que l'album est vraiment unique.
En effet, il est difficile de donner un nom à leur musique car elle est très variée. En résumé, on pourrait considérer la musique de Moonspell comme du metal gothique atmosphérique et mélodique (voire même électro !!!!) pour cet album.
En tout cas, cet album est un chef-d'œuvre irréprochable et unique en son genre. Je vous conseille vivement de l'acheter au plus vite. Ce groupe portugais restera à jamais dans mon cœur et dans mon âme.
Merci Moonspell !!!!!!!!!!!!!!!!!!

2 Commentaires

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Skullface35 - 21 Novembre 2012: Trés bonne chronique (presque 8ans plus tard ^^), et un album toujours aussi bon =)
vedder - 28 Novembre 2014: Un des meilleurs albums de Moonspell.
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