Omega White

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16/20
Nom du groupe Moonspell
Nom de l'album Omega White
Type Album
Date de parution 27 Avril 2012
Produit par Tue Madsen
Style MusicalDark Gothique
Membres possèdant cet album163

Tracklist

1. White Omega 04:21
2. White Skies 03:34
3. Fire Season 04:29
4. New Tears Eve 04:45
5. Herodisiac 04:46
6. Incantatrix 04:40
7. Sacrificial 04:11
8. A Greater Darkness 07:24
Total playing time 38:10

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Moonspell


Chronique @ Eternalis

20 Mai 2013

La destinée d’"Omega White" semble appartenir au domaine de la tragédie.

L’incapacité à s’adapter tient une place profonde dans le fondement d’une dépression. Se sentir inutile, oublier, de trop et sans intérêt…lorsque la tristesse infinie envahie l’âme, ressortir indemne de l’expérience ne passe indiscutablement que par les autres…

Il y a ces albums qui évoquent cette tristesse, ce sentiment d’abattement et frustration latente. Ces émotions intenses et mélancoliques qui vous prennent à la gorge, qui tordent les boyaux autant qu’ils touchent l’inconscient dans la beauté de leur simplicité, dans la réalité de leur peine. Condamné à vivre dans l’ombre de son grand frère et principal lien, "Omega White" est en lien étroit avec "Alpha Noir", à l’instar de son double lumineux, alter ego logiquement positif de la part noir de l’esprit des portugais. Enchainé au destin funeste de sa partie démoniaque, "Omega White" n’existe pas en tant qu’individualité, juste un supplément, un bonus luxueux, un complément astucieux qui ne permet pourtant pas à l’opus de vivre individuellement, sans l’aura étouffante de l’album principal, pourtant bien en deçà de sa grâce et de sa beauté.
Car le dilemme se pose ici…la qualité du second est-elle impérativement liée à celle du premier ? Est-ce qu’affirmer qu’Alpha Noir est un ratage offre définitivement un avis tranché sur "Omega White" ? Celui-ci doit-il vivre dans l’ombre pour l’injuste raison qu’il n’est disponible que dans la version limitée de son double ?

Incapacité à s’adapter…

Injuste en effet, car de la fadeur et de l’agressivité vaine de commencement sombre, il n’en est rien sur cette finalité lumineuse, réussie à de multiples niveaux, retrouvant grâce et majesté aux yeux d’adorateur déçu qui, de ce fait, ne se seront qu’à peine pencher sur lui, le rapprochant inévitablement du manque d’éclat de son confrère. Cependant, Fernando Riberio, n’officiant sur ces huit titres que dans un registre clair, épuré et vecteur de tristesse, subjugue autant qu’il laisse de marbre sur ses phases hurlées.
Belle à pleurer, mélancolique à s’en sentir mal, une merveille comme "New Tears Eve" est le symbole égoïste de l’injustice à laquelle sera toujours livré ce disque. Ce refrain d’une beauté pure, cette nuée de claviers comme lors d’une époque révolue, le chant clair et susurrée d’un Fernando habité ou encore cette partie soliste de Ricardo Amorim…simple mais si juste, si précise, touchant le point le plus sensible. Le cœur. "Omega White" ne rate que rarement sa cible, en totale innocence, intriguant initialement par la nature paradoxale de son contenu vis-à-vis d’"Alpha Noir", pour finalement imposer sa vision beaucoup plus touchante et émotionnelle. La production, évidemment, véhicule avec finesse et puissance, la multitude de sonorités propre à la richesse de Moonspell mais surtout la délicatesse de compositions touchées par la grâce et la subtilité. "White Skies", d’une simplicité minimaliste, développe cependant un maximalisme émotionnel incroyable, accompagnant le chant ténébreux par quelques écarts féminins sublimes pendant que les paroles effleurent nos sens, les caressant en incorporant la détresse et la beauté morte de ses textes. Le riff, très mélodique, est comme une nuée sonore, tandis que le rythme de batterie s’applique comme un filtre à la composition pour lui permettre de respirer, de vivre et de se mouvoir dans une atmosphère totalement organique.

Est-ce le génie que touche les portugais de nouveau ? Est-ce le retour à "Irrelegious" ou "Sin Pecado", plus expérimentaux, sombres et calmes ? Loin, très loin, des détours brutaux et sauvages de l’ultime "Memorial" ou de "Night Eternal". Mais, irrémédiablement, y a-t-il un quelconque intérêt pour une entité qui restera seule au plus grand nombre ? Qui bientôt, lorsque "Alpha Noir" ne sera disponible qu’en version simple, ne sera plus disponible, si ce n’est de manière impersonnelle et dématérialisée ? Pourquoi, dès lors, se battre contre le destin, et tenter de vivre dans un oubli programmé et collectif ?


Pour que la beauté d’un "Incantatrix" ne soit simplement pas laissée dans les abimes ou encore qu’un "A Greater Darkness" ne reste pas injustement inécoutée. Ligne de piano magnifique, partie de violon presque tragique et surtout, cette émotion débordant du chant clair de Fernando, impérial et pourtant bourreau de cette composition qu’il ne jouera jamais en public. Il en va de même pour "White Omega", aux claviers cristallins et à la mélodie impérieuse, d’une simplicité bien plus grande mais d’une qualité d’autant plus forte que sur l’ensemble globalement vide d’un "Alpha Noir" toujours aussi décevant.

La destinée d’"Omega White" semble appartenir au domaine de la tragédie. Probablement voué à l’oubli d’ici quelques années, malgré l’ampleur du projet conceptuel lié à ces deux entités distinctes, il parait clair que seul le premier sera reconduit et représenté à l’avenir, laissant le meilleur ternir sous la poussière du temps et les affres du passé. Étrange choix artistique, probablement conditionné à l’attente d’un public affamé d’efficacité et de simplicité, ne souhaitant plus prendre le temps de vivre, ressentir et, peut-être même, souffrir en découvrant la musique. Les portugais n’en ressortiront pas forcément gagnants…seuls le seront ceux qui auront passé la première barrière de la déception et lever le voile de la grisaille pour s’emparer d’une certaine magie, d’une beauté mélancolique qui, bien que réaliste sur son propre sort, n’en oublie pas d’être éblouissante pour ceux prêtant attention à elle.

6 Commentaires

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ZEPP99 - 23 Mai 2013: Alpha noir décevant ? Je ne vois pas en quoi, et en concert ça assure un max les titres d'Alpha noir. Puis justement les deux sont totalement opposés musicalement et émotionnellement. Quant à la chro, ben j'ai l'impression qu'il faut un spécialiste en analyse de texte pour décoder... Je n'ai pas dit que c'était mauvais hein, au contraire, mais tu compliques trop pour le commun des mortels... Quant au fond, effectivement ce cd passera moins qu'alpha noir et pourtant c'est du grand Moonspell, tout le savoir faire et la complexité de ce groupe
Hathore - 24 Mai 2013: Je connais Moonspell depuis peu et grâce à Insomnium d'ailleurs, étrange corrélation. Enfin bref, un avis qui est pareil au mien, bonne chronique qui reflète bienl'ambiance de l'album ! Un peu de douceur dans le metal, ça ne fait jamais de mal, et c'est souvent plutôt bien réussi, la preuve avec cet album. "New Tears Eve" est vraiment un morceau très planant. Un album que je recommande en tout cas ! :)
ilugtod - 29 Mai 2013: Je suis assez d'accord avec ta chronique.
J'ai vraiment été déçu par Alpha Noir et j'ai vraiment beaucoup aimé Omega White.
Mettre le côté "violent" d'un côté et le côté mélancolique de l'autre pourquoi pas, mais malheureusement je trouve que "l'âme" de Moonspell réside plus dans Omega, laissant un Alpha violent mais peu inspiré.
Au final j'ai l'impression qu'un seul album reprenant/mélangeant les deux aspects aurait juste été énorme...

J'espère bien qu'ils rééditeront Omega White seul.
Formetal - 27 Janvier 2020:

Pour ma part, c'est avec l'Alpha Noir que je me suis décidé à enfin me pencher sur Moonspell. Et j'ai adoré, justement parce qu'il était agressif comme j'aime. Et comme beaucoup à ce moment-là, j'ai, en effet, été trop peu attentif à Omega White. Avec le temps, j'avoue l'apprécier de mieux en mieux. Mais Alpha Noir reste pour moi plus significatif, pour les raisons que j'ai évoquées. Je pense que Moonspell a eu raison de sortir ces deux albums de cette façon, car cela a certainement permis aux die hard fans du groupe de garder leurs repères, tout en élargissant leur fan base grâce à ces deux atmosphères et sonorités contrastées. Chacun a pu y trouver midi à sa porte, sans crier au scandale d'un changement radical de style. Chapeau bas messieurs.

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