Chroniquer un EP est une tâche à double tranchant.
En effet, moins de titres à analyser signifie moins de travail ; mais en même temps, rendre la chronique intéressante devient beaucoup plus ardu.
Takatalvi succède donc à un Winterhearts Guild plutôt conformiste et donnant l'impression que
Sonata Arctica avait fait le tour de ce que son pourtant énorme talent pouvait réaliser. Impression que l'album
Reckoning Night réussira à peu près à faire disparaître grâce à ses nombreuses bonnes idées, assemblées d'une façon parfois peu cohérente et présentées dune façon un peu timorée, mais bel et bien présentes.
Unia corrigera cette hésitation 3 ans plus tard, mais ne nous égarons pas.
Car clairement, entre Winterhearts Guild et
Reckoning Night, l'attente, si courte fut-elle, était difficile, et l'inquiétude grande.
Voilà donc que débarque cet EP, avec sa pochette pagan au possible, et s'ouvre sur une version revisitée de l'efficace mais moyen San
Sebastian ... peu utile, car n'apportant tout simplement rien à la musique de Sonata ; le power mélodique, ils ont déjà prouvé qu'ils en étaient les nouveaux génies, plus besoin d'enfoncer le clou, au risque de se taper sur le doigt ...
Heureusement, l'ébauche d'un nouveau clou semble débarquer avec le titre assez surprenant Quest The Gun. Gros riff heavy, chant agressif de la part d'un Tony Kakko impressionnant, pour un morceau certes peu subtil mais franchement surprenant car semblant presque être une cover d'un groupe de hard rock (avec en arrière-plan ces mélodies de clavier inhérentes à Sonata). Ça semble peu, mais une senteur nouvelle est une gâterie inespérée après le conformisme de Winterhearts Guild (où pointaient des bonnes idées, comme
Broken). Espoir un peu déçu par la première moitié du 3ème morceau original de l'album,
Dream Thieves, qui malgré un niveau assez élevé reste assez classique ; heureusement la deuxième moitié, avec son pont aérien et son retour à un rythme plus heavy, sauve un peu l'affaire.
Mais limiter cet EP à ses titres originaux serait une erreur, car s'y trouvent également 3 reprises bien senties de titres pour le moins classiques dans le petit monde du metal.
Commençons par le moins bon : un I Want
Out forcément bon étant donné la teneur excellentissime du morceau original, mais rejoué note pour note (même au niveau du chant, Kakko reste dans les pas du grand
Michael Kiske). Presque la même chose concernant Fade to Black ; le morceau reste très fidèle à la version de Hammet & co, à part une fin très Sonatesque, plus planante et mélancolique. Une version plus mélodique d'un classique, en somme.
Mais LA reprise qui personnellement m'a fait tripper, c'est ce Still Loving You. Un début assez banal, rien à signaler ; puis, au moment du deuxième couplet, cet éclat de rire de Kakko qui signale le début de la fête ! Certains diront massacre, d'autres sacrilège, et assurément on ne peut pas parler de génie mais cette relecture version power metal du slow de
Scorpions a le mérite d'être bien foutue et, prise au second degré, très drôle.
Pourquoi drôle ?
Je vous explique. Faites le test. En soirée, passez Still Loving You version Sonata. La piste devrait se remplir de couples dansant des slows crapuleux comme le dit si bien mon père...
Puis voyez leur tête changer au début du second couplet. A mourir de rire !!! Rien que pour ça, je remonte la note de l'EP, tiens.
Et puis il y a cette chanson simple au possible, dans la droite lignée des ballades comme
Replica en plus intimiste et Tallulah en moins sirupeux :
Sebastian . A mes yeux, l'une des plus belles ballades écrites par
Sonata Arctica.
Pas spécialement originale, mais franchement plaisante à écouter.
En conclusion,
Takatalvi est loin d'être indispensable (rares sont les EP indispensables, à part peut-être le Change of Seasons de
Dream Theater), mais recèle quelques bons moments, ses 3 morceaux originaux (sans oublier que San
Sebastian n'en est pas un) valant la peine d'être écoutés et ses reprises (principalement Still Loving You) étant franchement bien foutues.
Sinon, le reste est d'haute volée. Il suffit d'écouter la version dantesque de "San Sebastian" pour s'en convaincre. Par contre, je trouve que "Shy" est sur-estimé : la mélodie de départ est gentille mais le reste s’embourbe dans quelque chose qui tourne misérablement en rond (reste la bonne performance de Kakko.
Un bon EP, en somme. Un 17 amplement mérité pour moi !
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