En quatre albums,
Sonata Arctica s’est révélé être l’arrière-garde du speed mélodique finnois, profitant au passage de l’arrêt prématuré et complètement regrettable de
Stratovarius, leur maître et exemple musical !
Un maître dont l’influence commence sérieusement à devenir handicapante pour le groupe de Tony Kakko qui ne parvient que trop peu à se défaire de ces schémas préconstruits et quelque peu niais !
Dès l’ouverture de "Misplaced", on entend avec un certain désarroi que rien n’a encore véritablement changé, que les mauvaises habitudes sont toujours présentes tout en conservant des qualités intrinsèques remarquables mais dont ils ne sont malheureusement pas les géniteurs. Les solos de claviers sont toujours sortis de la tête de
Jens Johansson, avec ce petit supplément de naïveté que le claviériste de
Stratovarius arrive la plupart du temps à éviter.
Sur la totalité de l’album, une nouvelle fois speed sa majeure partie du temps, c’est Tony qui dévoile des capacités insoupçonnées, à peine caressées sur "Winterheart’s Guild", notamment dans une utilisation plus agressive de sa voix et en s’éloignant du côté gai et enfantin de ses débuts.
Mais pourtant, la sauce ne prend pas…il manque invariablement un grain de folie, un petit quelque chose qui ne mettrait plus en émoi uniquement des individus s’ouvrant à ce style musical mais également des auditeurs plus chevronnés.
Ce n’est pas faute d’essayer. Sonata surprend dès le second titre, "Blinded
Nightwish", étrangement lent et mélancolique pour un début d’album mais aussi inexpressif qu’il manque de tripes. Tout ceci est bien trop carré, trop académique pour émouvoir, les solos semblent déplacés et leur utilité est toute relative.
A l’instar d’un acteur fade ne récitant qu’un texte à la place d’habiter un rôle, je reprocherais cette approche similaire et passéiste du chant de Tony ici, ne véhiculant absolument rien…rien. Beau mais figé, tel est le tableau musical que dépeint le
Sonata Arctica logiquement sorti de la candeur de l’enfance.
Néanmoins, au travers de certaines perles furtives telles le splendide interlude "Reckoning Day,
Reckoning Night", très touchant, où encore "The Boy Who
Wanted to Be a Real Puppet", Sonata prouve qu’une certaine âme artistique les hante, mais ne se révèle que lors de sporadiques instants de grâce.
"White Pearl Black Oceans…" restera un petit instant de grâce et de beauté dénotant dans cet océan de conformité. Même s’il reste très loin d’un "
Babylon", d’un "
Infinity" (
Stratovarius) ou d’un Meadows of
Heaven (
Nightwish), ce titre dégage une grandiloquence et une ampleur plus conséquentes, grâce à la présence d’orchestrations (un poil trop synthétiques !) et surtout de guitares plus discrètes laissant la place à de nombreux chœurs puissants et très bien placés, formant une grande dynamique tout au long de ces neuf minutes (bien que la narration finale ressemble un peu à une parodie de
Rhapsody !)
Mais les speeds "Don’t Say a World", "Ain’t Your Fairytale" ou "
Wildfire" ne parviendront pas à me faire ôter cette impression de plagiat, de retenue et de naïveté vraiment énervante. Même la production ne semble pas aussi énorme que sur "
Ecliptica" ou "
Silence", la faute à un mix pas toujours flatteur noyant les guitares dans des claviers parfois trop encombrants.
Un rythme rapide sur un refrain très catchy mais manquant également de piquant, de ce petit quelque chose qui fait la différence, qui colle le frisson au bon moment ou qui nous fait dire « ouah, je ne m‘attendais pas à ça ».
Sonata Arctica restera sans doute à jamais un excellent suiveur, mais il leur manquera indéfiniment cette petite étincelle de magie qui permet de s’ôter de la masse, cette petite étincelle que l’on nomme créativité.
Pour moi, le moins bon des 4 premiers albums, meme si j'aime bien "Blinded no More" et "White pearl, Black oceans "
Mais que vient faire ce "Jam" la dedans, il ne relève , en tout cas pas, le niveau de cet album.
16/20
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