Adulé par des fans souvent très jeunes, Sonata Artica est l’exemple parfait de la réussite commerciale et populaire sans pour autant avoir tablé sur une grande élaboration artistique, préférant surfer sur le confort sécurisant d’un effet de mode afin d’y trouver une stabilité financière pour ensuite créer totalement ce qu’il veut (pourquoi "
Unia" est-il si différent à votre avis ? Et ce ne sont pas des paroles médisantes, Tony Kakko l’avoue honnêtement !).
Ayant su sortir un premier album marquant pour son époque exactement au bon moment tiendra du génie pour certains, de l’opportunisme pour d’autres. Mais le résultat est là, "
Ecliptica", premier album de SA, débarque en Europe sur le seuil du nouveau millénaire, avec lui le renouveau d’un speed dans une forme étincelante.
Edguy,
Stratovarius,
Freedom Call,
Power Quest et biens d’autres auront eu à cœur d’apporter leur pierre à l’édifice en ce temps, comme frappés par cette euphorie marquant le retour aux sources d’un métal n’ayant sans doute jamais été aussi mélodique qu’avec ces groupes (toute la vague à chant féminin pour ne citer qu’elle).
Toujours est-il que Sonata Artica, affublé de musiciens si jeunes que leur maitrise technique n’en devient que plus impressionnante, aura directement frappé un grand coup dans la fourmilière stéréotypée du speed mélodique (pour mieux y rentrer ?) avec ce premier album ayant été classée dès le départ comme la descendante logique de
Stratovarius.
Même studio (Finnvox), une production que beaucoup trouvent similaires (je reviendrais sur ce point), une virtuosité influencée par la maître Tolkki, un chanteur ayant peut-être trop écouté Timo
Kotipelto dans sa jeunesse et une grande rapidité d’exécution formeront ce qui reste aujourd’hui, à titre entièrement personnel, la meilleure création du groupe, non atteinte de défauts néanmoins.
Nier l’influence envahissante de
Stratovarius serait comme nier l’évidence, elle a et fut très longtemps la dominante musicale d’un groupe cherchant encore vainement une personnalité propre, plus qu’un public.
Si l’écoute d’"
Ecliptica" n’est pas dénuée de plaisir, ni de hochements frénétiques de têtes ou de tentatives infructueuses de décrocher les notes suraigües de Tony, il est en revanche dépourvue d’une quelconque originalité, de cette individualité qui ferait perdurer un groupe au-delà de la simple sortie d’un nouveau disque.
Car ces rythmes extrêmement speed et délectables, cette double pédale omniprésente, ces duels de guitare et de claviers (parfois aussi stérile qu’une descente de manche de Malmsteen), tout ceci fut créer par un magistral "Episode" quelques années plus tôt (sans doute le disque ayant déclenché le plus de vocations dans le style) et ayant posé les bases de ce qui allait devenir un mouvement musical suivit dans le monde entier, mais particulièrement en Finlande, comme ancré dans une virtuosité typiquement nationale.
Cette rapidité entretenu par "Speed of Light" ou les cultes "Father Time" marquent définitivement ce premier essai sur des titres comme l’introducteur "Blank File" ou le furieux "8th
Commandment".
Le riff supersonique de ce dernier semble d’ailleurs tout droit sorti du premier titre donné en exemple de Strato (Jani reste un très talentueux guitariste !) et Tony offre une prestation en tout point parfaite, pas loin d’être la meilleure de l’album, débordant d’énergie communicative, et même d’une rage si peu exploitée dans le groupe. Tout se découle à 300 à l’heure sous des oreilles ébahis par tant de maîtrise instrumentale, tout n’est que bonheur et joie face à des jeunes jouant aussi vite et bien, du moins lors des premières écoutes.
Si l’on devait donner un sérieux plus à cet opus, ce serait justement grâce à cette folie de tous les instants, cette énergie qui, si elle part parfois dans tous les sens par manque de discernement, offre au disque une certaine naïveté que l’on écoutera avec le sourire, comme une jeunesse pleine de confiance ayant l’envie inexorable de bouffer un monde se jetant déjà à ses pieds.
On ne pourra que sourire face aux claviers si niais et prévisibles du néanmoins superbe "
Fullmoon", exemple parfait d’une montée en puissance maîtrisé, s’achevant sur une descente de toms faisant frissonner l’oreille du musicien avant de nous enchanter sur un déchainement de riff mélodiques et catchy à souhait et accessible pour nous achever sur un refrain taillé pour le live. Alors certes, cette définition du métal paraitra pour certain un déshonneur (mais où est la virilité ???), mais la réponse se situerais dans cette merveilleuse ballade qu’est "
Replica", sans aucun doute possible la plus belle du groupe.
Malgré quelques approximations vocales, on ne pourra rester de marbre face à tant de tendresse, de finesse (splendide ligne de basse) mise en valeur par un refrain magnifique et des solos d’une fluidité aussi remarquable que belle, avant de s’achever en un canon extraordinaire de sensibilité, entre pistes de chant multiples, partie de batterie multipliant les descentes et les arpèges langoureux.
Marqué du sceau de la convention, des titres comme "
Unopened" (et ses mélodies de claviers prépondérantes) ou "My
Land", très joli morceau bien qu’il ne sorte pas de la case préétablie.
Mais c’est la grande force de ce disque, être le seul de leur discographie à imposer des mélodies certes faciles mais toujours bien écrites et superbement interprétés, dont les quelques erreurs de jeunesses apportent finalement une authenticité face à un groupe s’étant par la suite perdu en chemin, ne trouvant aucune issue ici pour sortir de son trou si douillet.
La production, très claire ne pose non plus aucun problème au bon déroulement de l’album, une production qui, quelques années plus tard, sera rejetée en raison d’un aspect trop lisse. Ici, disons que cette caractéristique apporte un sentiment quelque peu puérile et enfantin correspondant parfaitement à la situation (quand on entend la fin de My
Land et les cris de Tony, on ressent énormément le côté juvénile de la chose, ce qui ne pourra finalement que rendre plus exigeant au vu du très honorable résultat final !).
Trouvant son aboutissement sur le très construit "
Destruction Preventer", marqué par une touche plus émotionnelle (l’intro n’est pas sans évoquer
Nightwish tandis que le pont formé de chœurs applique la formule d’un
Hammerfall très personnalisé) terminera excellemment "
Ecliptica" (hormis la première mesure de claviers absolument ridicule). Rapide sur plus de sept minutes, l’ambition dont faisait preuve Sonata ne pouvait que présager de très bonnes choses pour la suite (les solos sont ébouriffants, une mine de trouvaille rythmique en superposition qui plus est), une suite saluée par le plus inégal "
Silence" mais ponctuée des meilleurs compositions du groupe, pour ensuite tomber en décrépitude sur l’insipide "Winterheart’s Guild" et le très moyen "
Reckoning Night", avant un différent mais pas inutile
Unia.
Il n’empêche que "
Ecliptica" reste seul dans une discographie à ne posséder aucun réel titre en trop, à ne souffrir d’aucun temps mort ou à ne subir le manque de créativité chronique de la bande finlandaise. Un bien beau début, plein de fougue et sans doute d’une honnêteté complètement perdue par la suite (jusqu’à "
Unia")…
Je ne connaissais pas ce groupe et c'est un ami qui m'a conseillé d'écouter ce 1er album.
Alors, je ne peux pas dire que cet album m'ai laissé de glace ( ce qui serait normal pour des finlandais ) mais après écoute, j'ai eu l'impression de "déja entendu " avec des groupes tels que Hammerfall, Sabaton, Stratovarius, etc... Tous ces groupes "Made in Scandinavie"
N'empeche ce 1er opus comporte quelques très bons morceaux: Replica, Fullmoon et Letter to Dana.
18/20
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