Sweet Disillusions

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14/20
Nom du groupe Dying Passion
Nom de l'album Sweet Disillusions
Type Album
Date de parution 22 Octobre 2004
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album2

Tracklist

1.
 Song of Liberty
Ecouter03:27
2.
 Velvet Confessions
Ecouter04:39
3.
 From Them
Ecouter05:22
4.
 Do You Want to Fly? ( Mystery Theme/Pain Theme/Devotion Theme)
Ecouter06:40
5.
 Tender Renown
Ecouter04:23
6.
 Summer Dream
Ecouter02:11
7.
 Him Faraway
Ecouter04:00
8.
 Within Reach
Ecouter06:32
9.
 High on the Blind Speed
Ecouter04:26
10.
 Sweet Disillusions
Ecouter04:51

Durée totale : 46:31

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Dying Passion



Chronique @ ericb4

25 Décembre 2017

Quand la chrysalide devient papillon...

Deux ans à peine se sont écoulés depuis l'inégal « Voyage » et voilà que l'expérimenté sextet tchèque revient sous les feux de la rampe, son troisième opus de longue durée sous le bras. Sorti lui aussi chez Metal Breath Production, « Sweet Disillusions » témoigne également d'un d'enregistrement de bon aloi, réalisé au studio local Šopa. Album témoignant d'une certaine maturité et où s'égrainent 10 plages empreintes de mystère, de brumes crépusculaires et d'un brin de légèreté, sur un parcours auditif de 46 minutes.

Si la troupe s'inscrit encore dans un registre metal gothique aux relents doom, folk et rock progressif, elle y a ajouté une touche mélancolique et une fibre jazzy plus marquées aujourd'hui qu'hier. Ce faisant, l'actuelle évolution du projet du groupe n'est pas sans évoquer les premiers travaux de The Gathering, The Flaw, Memoria, Silent Stream Of Godless Elegy, ou encore Eluveitie. Dès lors, si les modèles identificatoires du groupe semblent stables, ne décèlerait-on pas dans cette œuvre quelques indices d'évolution qui définiraient une personnalité artistique en mouvement et qui, peu à peu, tend à s'affirmer ?

A ce stade d'avancement du processus créatif, soit neuf ans après la fondation du groupe, se sont judicieusement corrélés six mousquetaires, à savoir : Stanislav Jelínek (guitare et choeurs), Zuzana Lipová (frontwoman), Jaroslav Řoutil (guitare), Stanislav Pavlík (basse et choeurs), Zdeněk Směšný (batterie) et Ladislav Špička (claviers). En réponse aux aspirations plus jazzy que naguère de la part du collectif tchèque, ont été sollicités pour l'occasion : Jiří Skuny Sládek (chant), Jožka Kozumplik (trompette), Miroslav Novotný (saxophone), Radek Motyčka (double basse), Jan Kozumplik (clarinette) et Petr Mores (guitare acoustique). En outre, une ingénierie du son plus propre, mais non aseptisée, un mixage ajusté entre lignes de chant et instrumentation, signés Stanislav Valášek, se font sentir de bout en bout de cet effort ; effort coproduit par ce dernier et Stanislav Jelínek. Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral en quête d'éventuels trésors enfouis.

Dans une énergie propice à un headbang bien senti, le combo livre quelques beaux atours, que leurs maîtres inspirateurs pourraient bien leur envier. Ainsi, dans la veine de Memoria, l'entraînant mélo gothique aux accents jazzy « Velvet Confessions » nous mène en d'enivrantes contrées, tout en déployant des cuivres chatoyants, trompettes en tête. Originale mise en parallèle instrumentale qui a pour corollaire une interprétation totalement en phase et au placement difficile à prendre en défaut. On restera alors scotché par un refrain immersif à souhait sous-tendu par de sémillantes séries d'accords parfaitement coordonnées. A l'image de celui, non moins catchy, du dynamique et déjanté « High on the Blind Speed » ; titre doom gothique à la fois offensif et souffreteux, dans la lignée de The Flaw, accusant toutefois des couplets complexes, et donc, moins immédiatement assimilables par le chaland.

Evoluant également sur un tempo moins haletant, le collectif tchèque parvient non moins à nous happer dans son sillage. Ainsi, tels deux félins avançant en tapinois prêts à nous enserrer dans leurs griffes, «  Do You Want to Fly? » et « Him Faraway » progressent au fil des chaudes inflexions de la belle, et finissent par nous infiltrer à l'aune de leurs suaves couplets. Alternant judicieusement accélérations et ralentissements rythmiques, à la manière de The Flaw, le combo nous plonge alors dans un bain orchestral aux doux remous. Ce faisant, ils nous livrent les charmes de refrains jazzy enrichis de trompettes bien habités. Et la magie opère.

Là où nos acolytes se détachent véritablement de leurs tâtonnants débuts concerne les moments intimistes. La troupe affiche alors une sérénité plus évidente, et la sauce prend. Somptueuses et touchantes ballades atmosphériques à la coloration jazzy, «  Tender Renown » tout comme « Within Reach » ne manqueront pas leur cible. Telles deux sœurs siamoises mises en habits de lumière par un saxo langoureux et les claires volutes de la sirène, chacune de ces deux voluptueuses offrandes ne manque ni de caractère, ni de panache. Bref, deux intimistes moments qu'on savoure avec gourmandise jusqu'à la note ultime et qu'on ne quittera qu'avec l'indicible espoir d'y goûter à nouveau. Dans cette veine, mais à la lumière mélodique plus diffuse, on retiendra encore le sensuel « Sweet Disillusions » pour ses subtils harmoniques. Dans l'ombre de ces trois séductrices, tout en retenue et dispensant une douce lumière, « Summer Dream » offre toutefois une intéressante alternative. Cette brève et évanescente ballade a-rythmique évoluant sur un cotonneux nuage synthétique est propice à l'apaisement de nos sens. Espace ouaté, à la mélodicité un tantinet vaporeuse, où rayonnent d'enchanteresses impulsions dispensées par la maîtresse de cérémonie.

En dépit des progrès réalisés au regard de leurs compositions aux portées plus rigoureuses et à la plume affinée, nos compères n'ont pu éviter l'écueil de la déroute sur deux des pistes de l'opus. D'une part, dans le sillage de The Gathering, le mid tempo mélancolique et un tantinet électro « Song of Liberty » retient par son riffing acéré et son atmosphère dépressive, bien moins pour son cheminement mélodique éthéré, en proie à d'usantes linéarités. L'orientalisant et tonique « From Them », pour sa part, ne manque ni de vigueur, ni d'emphase, mais souvent nous égare de par une sente mélodique manquant cruellement de cohérence. Si l'on appréciera un pont techniciste où la fibre folk à la Eluveitie saura nous retenir un temps, l'absence d'unité sur le plan des harmoniques aura finalement raison des meilleures volontés.

Le virage jazzy pris par les natifs de Sumperk, prenant parfois l'ascendant sur l'empreinte folk, a de quoi interpeller. Cette nouvelle alternative s'harmonise toutefois sans jambage avec leur doom gothique progressif originel, le complète tout en rendant le message musical plus suave, sensuel et capiteux. Un véritable tour de force réalisé par nos six gladiateurs, et qui prend tout son sens dans les passages à la rythmique mesurée, tout en conférant un brin d'originalité aux morceaux plus mordants. En outre, la qualité de la logistique et de l'ingénierie du son valorisent une œuvre qui, progressivement, s'épaissit sur le plan artistique, renvoyant tant à l'expérience qu'à l'élan d'inspiration dont peuvent s'enorgueillir nos acolytes.

On éprouve donc le doux sentiment que la chrysalide s'est muée en papillon, même si elle se fera fort d'affiner le trait pour nous impacter plus immédiatement. Cependant, le combo tchèque semble avoir beaucoup appris de ses faux pas de jeunesse et est désormais sur les rails, prêt à en découdre avec les formations de ce si concurrentiel registre metal. Bref, une formation atypique à suivre de près...

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