Soulfly

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16/20
Nom du groupe Soulfly
Nom de l'album Soulfly
Type Album
Date de parution 21 Avril 1998
Produit par Ross Robinson
Enregistré à Indigo Ranch Studios
Style MusicalNeo Thrash
Membres possèdant cet album553

Tracklist

Re-Issue in 1999 by Roadrunner Records with a different cover.
1. Eye for an Eye 03:34
2. No Hope = No Fear 04:35
3. Bleed 04:06
4. Tribe 06:02
5. Bumba 03:59
6. First Commandment 04:29
7. Bumbklaatt 03:51
8. Soulfly 04:01
9. Umbabarauma 04:46
10. Quilombo 03:42
11. Fire 04:21
12. The Song Remains Insane 03:39
13. No 04:07
14. Prejudice 06:52
15. Karmageddon 03:34
Bonustracks (Japanese Release)
16. Cangaceiro
17. Ain't No Feeble Bastard (Discharge Cover)
18. The Possibility of Life's Destruction (Discharge Cover)
DISC 2 - DIGIPACK RELEASE
1. Tribe (Fuck Shit Up Mix)
2. Quilombo (Extreme Ragga Dub Mix)
3. Umbabarauma (World Cup Mix)
4. No Hope = No Fear (Live)
5. Bleed (Live)
6. Bumba (Live)
7. Quilombo (Live)
8. The Song Remains Insane (Live)
9. Eye for an Eye (Live at Indigo Ranch)
10. Tribe (Tribal Terrorism Mix)
11. Umbabarauma (Brasil '70 Mix)
12. Quilombo (Zumbi Dub Mix)
13. Soulfly (Eternal Spirit Mix)
Total playing time 1:05:38

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Soulfly


Chronique @ Game_system

14 Décembre 2018

Une véritable renaissance pour Max, tant musicale que spirituelle et personnelle

Avant de procéder à une analyse du contenu musical de cet album, il convient d’abord de comprendre dans quel contexte il a été réalisé. En 1996, Sepultura est à son apogée de sa carrière musicale avec la sortie de Roots. Grand succès critique et commercial, il pousse encore plus loin le concept initié dans Chaos AD qui mélange percussions tribales et metal bourrin, et en fait un album culte. S’ensuit alors une tournée mondiale et des concerts dans plusieurs grands festivals partout dans le monde. Tout semble donc rose pour les quatre Brésiliens, mais il n’en est rien. Des tensions s’installent progressivement au sein du groupe, opposant Max Cavalera (chanteur/guitariste) au reste du groupe. Et puis vient le drame : Dana Wells, beau-fils de Max, meurt dramatiquement dans des circonstances mystérieuses, ayant été brutalement assassiné. Cet événement tragique affectera beaucoup la vie personnelle de Max, et le conduira à se séparer de Sepultura. Il n’a jamais été clair sur les réelles raisons qui ont poussé Max à quitter le groupe (chaque partie se rejetant la faute), mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agissait d’une des décisions les plus importantes qu’il ait eu à prendre dans sa vie, Sepultura étant un groupe qu’il a mené à bien depuis les tout débuts alors qu’il n’était encore qu’un ado. En 1997, il se retrouve donc sans groupe, séparé de ses amis et de son frère de chez Sepultura et anéanti par la mort de son beau-fils ; pas de quoi être joyeux, c’est peu de le dire.

Durant cette période, le monde du metal connait un nouveau groupe talentueux et très prometteur qui monte en réputation. Ce groupe en question, c’est Deftones, et ils s’apprêtent en ce mOment à enregistrer leur futur deuxième album, Around the Fur (excellent album de néo qui a marqué son ère, que je recommande fortement soit dit en passant). Amis de Max et connaissant la période qu’il est en train de vivre, ils l’invitèrent à participer en featuring dans une chanson qui va paraître dans l’album, « Headup ». La chanson est particulièrement agressive et remplie de hargne, la participation de Max se traduisant principalement par un apport vocal lors du refrain où il hurle, entre autres, « Soulflyyyyy » entre les vocaux à mi-chemin rappés et hurlés de Chino Moreno, dont les paroles sont clairement inspirées par l’événement de Dana Wells. Cette participation vocale semble avoir marqué le Brésilien, les paroles de cette chanson l'ayant énormément inspiré pour son futur musical : c’est décidé, le prochain groupe qu’il formera s’appellera Soulfly. Un nom qui en dit long sur l’état d’esprit de Max lors de sa création. Soulfly ne sera pas seulement un nouveau départ musical, il s’agit de bien plus que ça. C’est une véritable renaissance pour Max, tant musicale que spirituelle et personnelle. La pochette du premier album le montre bien, on le voit se tenir debout face ou dos à la mer (j’ai toujours eu l’impression que c’était dos à la mer), lever ses bras tel le Christ, comme pour montrer qu’il est prêt à affronter toutes les difficultés qu’il a rencontrées pour aller de l’avant grâce au pouvoir de l’âme. L’artwork fait directement référence au contact avec les esprits des personnes qui ont rejoint l’au-delà, avec en prime une photo de Dana Wells accompagnée d’un texte adressé à son meurtrier. Le regretté beau-fils fait intégralement partie de l’album, il a été fait pour lui et en son hommage, les thèmes et les paroles des chansons tournent autour de l’évènement qui a causé sa perte et la douleur que cela a pu provoquer pour ses proches. En écoutant cette œuvre, on rentre dans une forme d’intimité de Max Cavalera. Le nouveau groupe formé sera composé de Jackson Bandeira à la guitare, Marcelo D.Rapp à la basse et Roy Mayorga à la batterie ; ce dernier se fera plus connaître par la suite après avoir quitté Soulfly comme le batteur de Stone Sour.

Parlons maintenant de son contenu musical. Soufly se veut comme une continuité directe du dernier Sepultura. Roots constituait une sorte de groove metal survitaminé accompagnée par de solides rythmiques tribales brésiliennes et moult effets sonores pour appuyer l’ambiance indigène voulue. L’album de l’âme volant reprend la même formule, mais avec un virage plus néo-metal. Quand on y réfléchit, ce n’est pas si surprenant, Max avait déjà montré par le passé de l’intérêt envers ce style. Roots avait quelques passages assez inspirés par le néo, et dans le titre « Lookaway », il avait invité Jonathan Davis, qui n'est ni plus ni moins que le chanteur de Korn, formation connue pour être pionnière dans ce genre. De plus, il avait été produit par Ross Robinson, connu pour avoir travaillé dans les premiers albums de néo-metal (il sera également choisi pour produire le premier album de Soulfly). Ajoutons à cela la collaboration avec Deftones en 1997, et on comprend que le développement d’un son plus néo était finalement la voie logique.

Ce premier méfait contient donc toutes les caractéristiques du genre : riffs simples et puissants, basse lourde et groovy, batterie aux rythmiques prononcées et souvent inspirées par le hip-hop, chant furieux et intense. L’album démarre avec « Eye for an Eye » qui, tout comme Roots et son mythique « Roots Bloody Roots », commence avec une brève ambiance sonore de quelques secondes avant de balancer un bon gros riff, rapidement accompagné du chant de Max qui n’a rien perdu en puissance et en agressivité. La chanson réussit son pari d’être un nouvel hymne avec un refrain fédérateur ; cette fois-ci au lieu de « Roooots…Bloody Roooots » on a droit à un « Eye for an Eeeeeeeye ». S’ensuit « No Hope = No Fear » avec son riff de départ qui monte rapidement en puissance, parfaitement calibré pour le headbang et les mouvements de foule, qui continue avec une structure similaire à celle de « Eye for an Eye » à la différence que le chant dans les couplets est plus inspiré par le hip-hop. Toujours aussi efficace. On comprend alors que l’énergie et l’intensité sont les maîtres mots pour définir cet album. On retrouve le même genre de structures sur plusieurs autres chansons telles que « Fire », « The Songs Remains Insane » ou encore « No », avec toujours un certain degré d’efficacité. Les sonorités tribales et brésiliennes traditionnelles sont aussi de retour. Celles qui se distinguent particulièrement à ce sujet sont « Tribe » et « Bumba », qui marient avec brio riffs destructeurs et vocaux/sons directement issus du Brésil profond, la première allant jusqu’à débuter avec un chant traditionnel indigène et la deuxième contenant quelques influences reggae. Toujours dans une logique de rendre hommage à la culture de son pays natal, une piste cachée du nom de « Sultao Das Matas » a été soigneusement incluse à la fin, constituée de chant a capella élaboré par ce qui semble être des femmes indigènes.

L’instrumentale « Soulfly » relève d’un grand intérêt tant il propose quelque chose d’abouti. Très relaxante, elle nous met directement dans l’ambiance des chaudes plages tropicales brésiliennes avec un jeu de guitare lent aux effets inspirés par le reggae accompagné de percussions latinos, le tout sur fond de divers sons ambient. Ce sera la première instrumentale d’une longue série, qui apparaîtra dans chaque nouvel album de Soulfy (parfois en tant que chanson bonus seulement). « Umbabarauma » va jusqu’à reprendre une chanson du même nom de Jorge Ben Jor, chanteur brésilien très populaire dans le pays (cette même chanson sera jouée lors de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde 2014), pour en faire une version plus heavy et tout aussi festive.

Maintenant, passons à l’aspect qui fera LA grande spécialité des albums de Soulfly : les featurings. Max adore les collaborations, et il nous l’a fait comprendre dès Roots. Un nombre considérable d’artistes de différents groupes ont été invités à collaborer dans une ou plusieurs chansons aux côtés du groupe. Dans une logique de rendre l’invitation, Chino Moreno, le chanteur de Deftones, est invité dans la chanson « First Commandment » qui traite du jugement à venir pour le responsable du meurtre de Dana Wells. Une chanson tout aussi remplie de hargne que « Headup », avec une prestation particulièrement remarquable de Chino qui nous livre ici à la fois ses hurlements les plus sauvages et son chant atmosphérique ; deux éléments qui font partie de sa marque de fabrique vocale. Benji Web, alors chanteur de Dub War, qui sera plus connu par la suite comme frontman de Skindred, apparait en featuring dans deux chansons, la plus intéressante étant « Prejudice », où il exploite son chant dansant et ses vocaux rapides plus agressifs ; avec un très bon breakdown en milieu de chanson. Enfin, le featuring qui, à mon sens, est le plus spécial, le grand « Bleed ». En collaboration avec Fred Durst et DJ Lethal, respectivement frontman et DJ de Limp Bizkit, groupe qui monte en flèche en popularité à l’époque, elle montre les deux chanteurs sous leur forme la plus furieuse, l’invité vocaliste en question n’ayant peut-être jamais autant hurlé dans une chanson. La combinaison des hurlements des deux compères dans le refrain précédé par des couplets en mode hip-hop sauce Max nous donne une bonne dose d’adrénaline en pleine face. Et que dire du breakdown au milieu, très plaisant, où Fred Durst nous lance son flow rap dont lui seul sait le faire. Mon seul regret est la collaboration de Dino Cazares et Burton C. Bell, respectivement guitariste et vocaliste de l’excellent groupe Fear Factory, dans « Eye for an Eye ». Une collaboration qui, malheureusement, et malgré le niveau de prestige des invités, est très sous-exploitée. En effet, on ne sait pas trop ce que Dino Cazares a apporté de plus à la guitare car on ne distingue rien de spécial et encore moins un riff caractéristique de son jeu typé metal indus très rapide. Quant à Burton C. Bell, sa collaboration se limite à hurler le « for » du refrain. Quand on connait le talent vocal qu'il est capable de démontrer, on ne peut que trop regretter qu’il n’ait pas davantage collaboré sur cette chanson ou sur une autre.

Lors de l’écoute de l’album, l’on constate que la générosité de Max se transforme aussi en son principal défaut. Car oui, l’album est un peu trop long, avec une durée totale dépassant une heure. Tout comme son aîné Roots, sa grande longueur empêche d’apprécier des titres pourtant intéressants comme « The Song Remains Insane » ou « Fire » qui ont eu la malchance de se trouver vers la fin, après avoir traversé une première mi-temps pourtant déjà bien explosive. Certaines chansons font même défaut dans la tracklist, comme « Quilombo » qui, malgré la collaboration avec Benji Web, ne parvient pas à décoller à cause d’un rythme trop mou du genou ; ou encore « Bumbklaatt » qui se distingue que trop peu de celles qui l’a précédent. « Karmageddon », piste instrumentale qui a pourtant le rôle de clôturer l’album, est inadaptée pour cela car elle est trop ambiante ; on la verrait bien mieux comme titre de transition en milieu d’album, mais pas comme la dernière. Enfin, peut-être le détail le moins important mais je fais quand même la petite remarque, la production dispose d’un côté un peu sale volontairement ajouté, qui, je pense, n’était pas utile. Mais cela n’affecte en rien son appréciation.

Impossible de ne pas headbanger à l’écoute de cette œuvre, tellement elle déborde d’énergie, d’intensité tant musicale qu’émotionnelle et de riffs à faire détruire les cervicales. On ne peut que saluer les efforts louables de Max à fournir à ses fans un album digne de sa réputation et de son glorieux passé chez Sepultura. Un album pas exempt de quelques défauts qui font qu’on ne l’écoute pas forcément en entier d’une seule traite, mais bénéficiant de suffisamment de chansons ô combien plaisantes pour s’y attarder. Soulfly est devenu le parfait tremplin pour la vision unique de Cavalera du metal, et une bonne façon pour affronter la seconde partie de sa carrière. Une première expérience qui semble lui avoir plu d’ailleurs, l’album successeur Primitive évoluant sur une base musicale similaire.

8 Commentaires

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David_Bordg - 16 Décembre 2018:

Le premier reste fantastique.

mayhem13 - 17 Décembre 2018:

que de souvenirs...

vinyard - 17 Décembre 2018:

Quel coup de vieux!

Game_system - 18 Décembre 2018:

Merci à vous tous pour avoir pris la peine de lire ma chronique et mettre un petit commentaire, ça fait toujours plaisir. Je vois que ça a fait raviver pas mal de bons souvenirs, et oui je comprends parfaitement puisque c'était également mon cas en écrivant cette chronique, qui m'a directement renvoyé à mes premiers amours avec Soulfly il y a de cela plusieurs années déjà. Il faut dire que cet album est particulièrement spécial dans la discographie du groupe, tant par le contexte dont il a été fait que par l'implication émotionnelle de Max, et ça se ressent à son écoute. C'est ce que j'ai essayé de faire comprendre dans ma chronique.

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Commentaire @ MercuryShadow

02 Novembre 2005
Deux ans après avoir quitté Sepultura, Max Cavalera se retrouve dans une situation peu enviable. Alors qu’il a mis en suspens toutes ses activités musicales, il doit en effet faire face à l’assassinat de son beau-fils, Dana; ce tragique évènement le pousse alors à remettre un groupe sur pieds et à reprendre les choses là où il les avait laissées avec «Roots», afin de donner à sa colère et à son mal-être une expression musicale.
Réunissant des musiciens venant du punk comme du trash, Max forme le noyau de son nouveau projet, Soulfly; mais le chanteur greffe dès le départ quantité d’invités, et fait de son désir de collaborer avec des musiciens venant d’univers variés la marque de fabrique de ce jeune groupe. Apparaissent donc sur ce premier album, en vrac: Burton C. Bell et Dino Cazares de Fear Factory, Chino Moreno de Deftones, Fred Durst de Limp Bizkit (à l’époque un groupe tout juste propulsé par Korn et non le ramassis de branleurs qu’ils deviendront plus tard), la chorale Los Holligans, Benji de Dub War, etc... Ces joyeux drilles donnent donc naissance à ce disque intrigant, puissant et complexe, qui reste aujourd’hui le pilier sur lequel la seconde partie de la carrière de Max Cavalera s’est construite.
«Eye for an Eye» ouvre le bal, et donne à Max l’occasion de rassurer les fans de l’ère «Roots» avec un morceau devenu un incontournable, d’une simplicité déconcertante, mais d’une efficacité absolue. S’ensuit un enchaînement de titres imparables, tour à tour tout en puissance («No Hope = No Fear», «Bumbklaat», «The Song Remains Insane», «No»,…), ou plus apaisés («Umbabarauma», «Karmageddon»). A ces morceaux construits selon une formule parfaitement maîtrisée par le groupe, reposant sur des riffs simples mais puissants et sur un groove tribal, viennent s’en ajouter d’autres, beaucoup plus expérimentaux. Citons par exemple «Tribe» et ses chœurs en Portugais, ou encore l’instrumental «Soulfly», premier du nom puisque ce genre de morceau se répètera sur les albums suivants, devenant un gimmick qui résume bien les aspirations de Max: ne se fixer aucune barrière dans la composition, ne jamais restreindre sa musique à un genre.
Cet album est donc un succès à tous les niveaux: redoutable bombe de métal tribal, il a prouvé que Max Cavalera était un artiste avec lequel il allait falloir compter pour la suite, tout en démontrant que l’ouverture à de multiples influences pouvait amener la musique du groupe vers de nouvelles sphères. Incontournable, tout simplement !

6 Commentaires

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albundy57 - 14 Novembre 2010: Certes, Max a conquis un grand nombre de fans avec SOULFLY, en particulier ceux qui avaient aimé "Roots" ainsi que la plupart des fans de néo.
Perso je n'accroche pas, étant fan de SEPULTURA (époque 87-93) j'avais été atrocement déçu par "Roots".
Donc inutile de préciser ce dont je pense de SOULFLY...
choahardoc - 14 Novembre 2010: Personellement, j'ai apprécié le travail de Max jusqu'à Roots. Avec Soulfly, j'ai plus de mal. Je les ai vu sur scène et je ne suis toujours pas convaincu.
David_Bordg - 30 Août 2015: Tout comme sépultura ce groupe me semble être culte, pour ma part, tous les albums sont originaux et parfois tres différents dégageants tous de la qualité, mais seul celui la, prophétie, dark ages, et Conquer me semblent être des chef d' oeuvre soit quatre c est deja colossal!
Goneo - 15 Décembre 2018:

Très bon premier album, ça fait très longtemps que je ne l'ai pas ré écouté. Merci pour la chro.

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