En 2004,
Soulfly est au bord de l'explosion. Marcelo Dias, Mickey Doling et Roy Mayorga, respectivement bassiste, guitariste et batteur, abandonnent le navire en invoquant des divergences d'opinions musicales avec un leader trop dirigiste à leur goût. Soyons francs, on ne donne plus cher, durant quelques mois, de l'avenir du groupe. En désespoir de cause, Max Cavalera rappelle alors Bobby Burns et Joe Nunez, avec qui il avait collaboré à l'époque de "
Primitive"; mais l'ancien
Sepultura joue surtout une ultime carte en débauchant le guitariste d'Ill Nino,
Marc Rizzo. Ce choix, logique au vu de l'admiration sans faille que voue le petit gratteux au beugleur dreadlocké, se révèlera tout simplement être la décision la plus géniale jamais prise par ce dernier.
Le riff qui ouvre le morceau-titre, "
Prophecy", annonce d'emblée la direction prise par ce
Soulfly remanié: plus violente, plus colérique, et surtout plus axée guitare, la nouvelle entité nous cloue à notre place dès les premières mesures. Le groove est revenu, l'énergie est décuplée, le son est énorme... Max s'époumone comme il ne l'avait plus fait depuis 1996, soutenu par une collection de riffs monstrueux ("
Living Sacrifice", "In The Meantime", "Defeat U") et une batterie en roue libre, qui ne rechigne pas à partir en vrille lorsque le tempo s'y prête ("
Prophecy", "I Believe", "
Born Again Anarchist").
A ce réveil du monstre viennent s'ajouter deux excellentes nouvelles. Tout d'abord, Max a renoncé à son goût excessif pour les collaborations; les invités sont moins nombreux que de coutume, et leur présence apporte vraiment un plus aux morceaux, à l'image du très barré "Moses", écrit avec le groupe de reggae croate
Eyesburn. Ensuite, le chanteur a mis la main sur un guitariste assez talentueux pour que ce "
Prophecy" soit parsemé de solos tantôt trash ("
Execution Style", "Defeat U", "
Porrada"), tantôt agréablement décalés ("
Born Again Anarchist", le superbe final flamenco de "Mars"), ce qui confère à l'ensemble une respiration bienvenue.
Avec "
Prophecy", Max Cavalera nous balance en pleine tronche le disque que l'on n'osait plus espérer suite au ratage "3". De groupe intéressant mais irrégulier,
Soulfly se change brutalement en un prédateur redoutable, inspiré, talentueux et passionant, sans jamais se départir de l'ouverture d'esprit qui en fait un groupe vraiment à part.
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