Rien n'arrête Max Cavalera, qui crache des nouvelles chansons comme si elles sortaient d'un générateur de riffs aléatoires selon un algorithme bien huilé. C'est l'image un peu péjorative qui colle à l'ancien leader de
Sepultura. Déjà onze albums de
Soulfly en vingt ans d'existence, trois lp de
Cavalera Conspiracy, un autre de
Killer be Killed, ses sides projects, quand il ne jette pas négligemment une chanson en guest dans l'album d'un
Body Count.
Pour la peine, je vais faire ma chronique avec mon générateur d'expressions toutes faites. Voyons ce que ça donne :
"Au jour d'aujourd'hui, le combo brésilien
Soulfly, accusé de stagner dans sa zone de confort, met les petits plats dans les grands à l'occasion de la sortie de son onzième album
Ritual. Featurings triple A, Lyric Vidéos 360° de folie, tout est bon pour faire le buzz avec des centaines de milliers de vues sur les réseaux sociaux. C'est un Max jupitérien qui est de retour, une belle personne qui ne mâche pas ses mots, ne lâche rien, et vit son aventure à fond.
Mais on ne va pas se mentir, Max a voulu mettre à l'amende ses anciens compères de
Sepultura, surtout
Andreas Kisser, #languedeputedumetal
Le titre éponyme, qui ouvre l'opus, est fait pour donner des papillons dans le ventre aux aficionados du
Sepultura époque Roots. Les percussions Copacabana de la tribu
Soulfly sont dans l'
ADN des Cavalera, c'est bon pour la planète."
Excusez-moi, mais je viens d'exploser mon générateur algorithmique de chronique. Ça ne fait que de la merde, et je n'avais pas vu le sticker "Nikos Edition 2017". Max a gardé le sien, de générateur automatique, mais il ne l'utilise que pour la moitié des riffs, en grande partie les couplets en pilote automatique. Heureusement, sur le reste, il laisse la bonne vieille inspiration faire son imprévisible travail, et le résultat réserve de très bons m
Oments.
Il faut dire que ce n'était pas gagné, vu que les deux péchés mignons de Max la Menace sont les riffs grooves ultra simplistes et les morceaux bourrins bas du front, la tête dans le guidon. Offrons-nous une minute de méditation, en nous concentrant sur le vide intersidéral de certains albums comme "
Omen" ou "
Enslaved", dont la teneur en talent est aussi raréfiée que l'atmosphère de la planète Mars.
Il semblait que depuis "
Savages"en 2013, Max Cavalera et
Soulfly aient retrouvé un surplus de motivation. L'avant-dernier et dixième album "
Archangel" évoluait en 2015 vers un thrash death plus brutal ambitieux, dans une ambiance de jugement dernier un peu chaotique et brouillonne par m
Oments.
Lorsqu'on découvre la cuvée 2018 de
Soulfly, avec des chants autochtones et une guitare dissonante, il ne faut pas longtemps pour se retrouver en terre bien connue. La terre rouge sang du Roots de
Sepultura marque tous les titres, d'abord dans le son lourd et puissant, concocté par Josh Wilbur (
Korn,
Lamb Of God,
Gojira,...). Il privilégie le bas du spectre sonore (je n'ai pas dit la basse, celle-ci est dans un joli champ de fraises), sans pour autant être boueux. La batterie du fiston à son pépère, Zyon, sonne particulièrement bien, et met en relief ses parties, agrémentées de percus, qui n'ont jamais été aussi intéressantes. On peut dire qu'il est devenu le batteur idéal de
Soulfly, comme son tonton Iggor l'était pour
Sepultura. Les guitares, elles, sont bien devant, avec un son thrash bien assis dans les médiums graves. Le travail d'enluminure guitaristique du soliste
Marc Rizzo est aussi soigné et en net progrès. Le seul domaine qui montre une certaine stagnation concerne les vocaux de Max, qui restent sobrement efficaces. En est témoin le refrain de "
Ritual" (titre qui rappelle diablement un certain "Ratamahatta"), dont on se surprend à fredonner le "RI-TU-OOL !" dès la deuxième écoute.
Soulfly alterne les morceaux groove rootsiens comme "
Ritual", et les morceaux à dominante rapide, saupoudrés de percussions et ambiances d'une moiteur amazonienne. Cependant, tous les éléments sont présents dans la plupart des morceaux, et c'est le dosage qui change. Chaque titre a son gros riff groovy et fortement addictif, copyrighté Max Cavalera.
On notera des accents black dans les guitares aiguës de "
Demonized" le bien-nommé, une noirceur et une brutalité très death avec "Under
Rapture" ou "
Dead Behind the
Eyes". Ce sont typiquement des chansons que Max aurait bâclées il y a dix ans. Qu'est ce qui a changé?
Plus de travail ? D'exigence dans la composition ? On remarquera la stabilité du line-up depuis quelques années, exception faite du 6ème bassiste depuis 1997. On sent un Max Cavalera épanoui, avec un vrai groupe, et non un pis-aller alimentaire.
Pas de réelles surprises, donc, mis à part "Feedback !" qui ressemble à du Motorhead gonflé aux stéroïdes - Max reprenait "Orgasmatron" avec
Sepultura au siècle dernier. On trouve l'inévitable instrumental "
Soulfly XI". Son thème reprend, est-ce fait exprès, les quatre premières notes du "One" de
Metallica. C'est un peu gênant, mais là encore, il y a pas mal de bonnes idées, et une atmosphère un peu tribale et planante qui clôt agréablement ce "
Ritual".
Si ce onzième album risque fort de plaire aux fans du groupe , ce n'est pas un hasard. Il propose un bon mélange entre le
Sepultura de "Roots" et une synthèse du meilleur de
Soulfly. Alors qu'on aurait pu craindre une énième livraison émoussée par la répétition des albums et des tournées,
Soulfly nous livre un de ses tous meilleurs albums.
HeadCrush: " Il n'y a rien du Niveau de Roots dans la discographie de Sepultura et Soulfly réunies".
Rassure nous c'est du second degré
@NICOS: J'aurais voulu te dire "oui, oui du second voire du troisième degré" mais bon en fait, non. Je t'avoue que le 17 annoté par JED et la qualité de sa chronique m'ont donné envie, que les titres cités Ritual, Evil etc. ont un instant entretenu l'espoir et même si, je ne m'attendais bien sûr pas à retrouver quoi que ce soit du niveau de Roots, je suis un peu déçu. Déçu non pas, de constater que rien du niveau des vieux albums ne fait partie de ce skeud mais bien comme je l'exprime d'avoir le sentiment qu'ils sont au bout de leur truc et c'est écrit avec gratitude au regrad de leur passé et respect parce que j'en connais plein des qui aimeraient juste une fois, atteindre le niveau de cet album.
À l'heure de Bolsonaro d'agression à l'encontre des peuples autochtones et de la forêt d'Amazonie, tout cela prend une résonance très spéciale...
Tout à fait malheureusement.
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