Réunir l’univers du hard et du metal avec pour seul et unique chapiteau le ciel noir étoilé, est un rêve partagé par tous les groupes. «
Saxon » qui partage un destin hors du commun dans la décennie 80 avec d’autres groupes anglais, associés ensemble dans la NWOBHM, n’échappe évidemment pas à la règle. «
Saxon », en aigles fraichement expérimentés, caressent une pareille idée, mais sans le doigté nécessaire pour faire de «
Rock the Nations » le perchoir vertigineux attendu. Ce 8ème opus studio, sorti en 1986 marque un violent coup d’arrêt dans l’esprit créatif de ses membres. Cette perte d’inspiration est trahie par des sons qui prennent de nouvelles influences, provenant principalement des States, et de ce qui se fait autour du hard rock de là bas.
Serait-ce déjà un signe de fatigue des groupes britanniques dans un de leur duel au sommet contre les formations américaines, allant même parfois jusqu’à sympathiser avec l’ennemi d'
Outre-Atlantique? Bien sur que non. La dynamique du glam américain ne durera qu’un temps, le NWOBHM parviendra encore à perdurer; seulement après un sérieux passage à vide dans la fin des années 80.
Les élucubrations d’une guitare ouvrent l’album sur son titre phare: «
Rock the Nations ». Celle-ci créée directement une voie aux tonnerres électriques des autres instruments, avec au chant, Biff Byford, en pièce d’artillerie lourde. Une chanson qui résonne comme un hymne, à la fois agréable et interpellant. De bons couplets efficaces. En ajoutant à cela une partie instrumentale tout en raffinement. Mais le point mort est le refrain un peu sommaire, qui aurait pu devenir aisément une période ascensionnelle d’un titre plutôt bien foutu. Une baisse de régime se constate explicitement sur le titre qui va succéder. «
Battle Cry » avait tout pour offrir quelque chose de lourd, de dure, grâce à de rapides salves dynamitantes de batterie.
Seul véritable élément détonnant du titre. Car les autres instruments suivent tout ça d’assez loin, sans volonté d’aller au front. La voix de Biff mise pour une fois en faveur du non-engagement.
Ce qui suit n’est en général guère mieux. Les titres s’enchaînent à la suite, sans que l’on veuille y revenir, dans des expérimentations à la foulée de sons américains venus envahir les ondes en ce milieu de décennie. On passe à une espèce de hard/pop ampoulé sur «
Waiting for the Night », avec ses sonorités de synthé. Copiant au passage, mais sans l’égaler, le trop fameux « Jump » de «
Van Halen ».
Un son hard déluré et nonchalant, à la limite du glam sur « Ain’t no
Angel » où Biff s’essaye avec une certaine réussite une autre voix décalée, semi-étouffée et enivrée. Le hard s’essouffle dans des compositions très peu vitaminées en commençant par « Running Hot » où les guitares se contenteront trop souvent de revenir aux mêmes petits riffs, libérant parfois un de leur membre salvateur dans un soli tout en maîtrise. La composition est encore plus moyenne sur « Empty
Promises ». On aurait pu présager ici à du lourd, mais le tempo traîne en longueur. Et ce qui laissait paraître être une entame est en fait le morceau dans son entier. Voilà encore une promesse faite qui n’a pas été tenu.
« Party ‘til you Puke » est le titre le plus navrant de l’album. «
Saxon » touche du fil une musique american old south à l’influence boogie. Un groupe qui partagera le morceau avec sir Elton John en personne au piano (oui, monsieur), alors rencontré dans le même studio d’enregistrement, et qui a bien voulu prêter main forte à ses compatriotes. Mais c’est sans intérêt. Tout cela est insignifiant à côté des monstres de l'
AOR tels «
Foreigner » et «
Kansas », ou même du south rock de «
Lynyrd Skynyrd » et de «
Molly Hatchet ». Grands maître en la matière.
Toute la panoplie hard des américains ne semble donc pas convenir à notre estimé «
Saxon ». Sauf, un titre qui fera exception, « We Came Here to Rock », qui est pour eux une véritable occasion de se racheter, avec un hard fortiche à vous décrocher la tête, sentant bon le chrome des harleys et le cuir de wonderful girls en tenue de bikers. La partie instrumentale est prime abord plutôt dérangeante , car elle coupe l’arrivée d’essence, et le moteur ne tourne plus. Mais l’engin redémarre aussitôt, faisant monter à nouveau les flammes vers le ciel en fin de piste.
Cette galette sans la bribe d’envergure qu’elle aurait dû donner, se termine sur une ballade convenable avec un Elton John plus scintillant au piano. Les autres instruments sont mis en situation on/off, avec des périodes de réveil en volume. Tout ça c’est bien joli, mais ce genre de chanson a déjà été trop souvent entendue à l’époque, pour retenir l’attention de l’auditeur averti. Les sonorités sont le jeu d’un réel manque de personnalité mettant la sauvagerie des eagles dans l’enclot de la pop.
Après un «
Innocence Is No Excuse » qui a placé la formation pratiquement en haut de l’échelle, la bande manque son barreau et menace de chuter. La présence d’une carrure comme Elton John n’a rien apporté de réellement stimulant, faisant même croire à au début d’un passage vers la pop de la part de «
Saxon ». La foule venue en nombre commence à se disperser bien sagement jusqu’à ne plus laisser qu’un noyau dur d’irréductibles.
11/20
Cet album est bien, je partage totalement ton avis, une cassure dans leur inspiration, mais ils reviendront quelques années plus tard.
Moi qui commence avec ce groupe je sais quel album éviter...quoique la curiosité est un vilain défaut mais je le testerais bien quand même.
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