La théorie de l’évolution, la loi du plus fort à l’encontre des plus faibles. Charles Darwin créa une philosophie relativement différente et provocante pour son époque, jugeant la violence humaine nécessaire pour l’évolution, la guerre un passage obligatoire pour l’instauration de nouvelles cultures.
Cette théorie s’apparente depuis toujours au métal, sans doute moins influencé par les modes mercantiles que les autres genres musicaux, et jugeant volontairement plus le contenu que le contenant. C’est ainsi que de jeunes gens partant de rien mais dotés d’un don peuvent avec persévérance, talent et un semblant de chance dévorer la chaine alimentaire pour s’y installer au sommet. Devenir le plus fort, plus que les autres ! C’est ainsi qu’
Arch Enemy trône aujourd’hui tout en haut de la montagne du death mélodique.
Suite au départ de
Christopher Amott en 2005 après la sortie du démentiellement malsain et controversé "
Doomsday Machine" et à son retour en ce début d’année 2007, c’est un "
Rise of the Tyrant" amputé de toute originalité qui vient nous caresser les oreilles.
Je sais, les paroles sont dures mais passer derrière un album aussi abouti que DM n’est pas chose aisée, et ROTR n’y parvient pas selon moi, malgré sa qualité intrinsèque excellente et le jeu des musiciens d’une qualité extraordinaire.
Le seul changement (mais quel changement !) se situe du côté de la production, et il est très réussie. Loin de l’aspect tranchant et moderne du son Andy Sneap, les studios Fredman ont accouché une nouvelle fois (ce Fredrik Nordström est décidemment une personne très occupée) d’une production ample, très sombre et grasse en déployant une puissance sans précédent.
J’ai entendu un peu partout que cet album était largement plus noir que le précédent, ce qui est partiellement faux. La production est en effet très noire et brute, insufflant une rage et une aura complètement différente de l’aspect mécanique de Sneap. C’est flagrant au niveau de la batterie, rappelant indéniablement le travail de "In Sorte
Diaboli", dernière œuvre en date de
Dimmu Borgir, le son est gras et très rentre dedans, sans aucune once de subtilité, renforçant l’impact de titres justement bien plus catchy que ceux de
Doomsday Machine.
Le chant d’Angela y est également naturel. Fini les expérimentations malsaines et passionnantes d’antan, place à une violence et une énergie hors du commun, sa voix paraissant de plus en plus agressive avec le temps, presque black, possédée. Dans ce sens, je ne sais pas laquelle je préfère, je pense que c’est une question de feeling, chacun se fera son avis.
La musique, elle, déploie ce que les suédois maitrisent de mieux. Des riffs millimétrés et très techniques, des déluges de solos tous plus impressionnant les uns que les autres, des refrains facilement mémorisables (on notera un certain retour à des structures simple comme sur "
Wages of Sin" !) et des breaks acoustiques pour créer une légère atmosphère mélancolique. Nous sommes en terrain archi connu, mais ce n’est pas pour ça que nous ne prendrons pas de plaisir.
Les hostilités débutées par un "
Blood On Your
Hands" très violent raviront les fans les plus extrêmes (le solo très très mélodique provoque un contraste encore plus saisissant qu’avant entre brutalité et mélodie). "The Last Enemy", toujours aussi agressif nous engouffre dans une spirale de violence ravissant nos sens avides de sauvagerie.
J’adore particulièrement le titre éponyme qui, une fois son inutile intro narrative passée (vitesse rapide !) dévoile un spectre sonore des plus brutal tout en nous assommant de solos proprement hallucinants, probablement le titre le plus technique de l’album, une vraie perle de noirceur.
"The Great
Darkness" propose des chœurs créant une petite touche de créativité.
Malsain et possédé, ce titre est une véritable prière au malin et aux forces obscures, surmonté d’un riff absolument énorme (la partie solo lorsqu’elle est seule est d’une technicité rare, à vous dégouter de jouer !).
Cette élévation du tyran se terminera sur un "Vultures" plus mid tempo et sensiblement différent du reste de l’album, en raison d’un riff introducteur virtuose et d’une ambiance des plus diaboliques avec une Angela hurlant comme une damnée (sa meilleure performance, et les solos au tapping entre les couplets sont jouissifs !).
Au final, rien de très nouveau sous le soleil noir d’
Arch Enemy qui confirme sa place au sommet avec brio sans prendre un quelconque risque de la perdre. On notera la grande évolution de la production, ni meilleure ni moins bonne mais totalement différente et difficilement comparable. Angela réalise une performance très noire, teintée de black / death lui allant comme un gant, beaucoup plus proche du rendu live et possédant une spontanéité retrouvée, proche de l’improvisation quelques fois il semble.
Chacun se fera donc son avis, les amoureux de la six cordes seront aux anges comme j’y ai été, mais l’euphorie passée, force est d’admettre que "
Rise of the Tyrant" ne possède pas l’ambiance apocalyptique de son prédécesseur qui m’avait tant charmé.
Question de goût dirons-nous.
Et c'est marrant comme ces deux cd m'irritent au plus haut point... Deux groupes que j'ai lâché pour l'instant.
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