Annihilator fait partie de ces groupes dotés d’un fort potentiel mais dont il est difficile d’avoir un avis arrêté quand on voit le résultat servi à l’auditeur sur une longue période. Naviguant entre un Thrash technique puissant et des mélodies Heavy ou acoustiques souvent belles à en pleurer, le groupe canadien de Jeff Waters a cependant le don de sortir coup sur coup soit un album fabuleux, soit une (relative) déception – et pas seulement pour les fans de Speed ou de Thrash pur et dur.
Après les légendaires
Alice in Hell et
Never, Neverland puis le moyen
Set the World on Fire, Jeff Waters a commencé des expérimentations solo sur
King of the Kill, album assez bien fichu, misant beaucoup sur le Groove
Metal. Puis arrive en 1996 un cinquième effort studio :
Refresh the Demon.
Avant toute chose, sachez que la réédition de 2010 par Earach, que je possède, a pas mal changé l’ordre de la tracklist d’origine. Les titres se présentent ainsi :
1.
Refresh the Demon
2. Ultraparanoia
3.
Syn.
Victims 1
4. Awaken
5. The Pastor of
Disaster
6. City of Ice
7. A Man Called
Nothing
8. Innocent
Eyes
9.
Voices and
Victims
10. Anything for
Money
11. Hunger
Alors que
Randy Black officie comme sur
King of the Kill à la batterie, Jeff Waters s’occupe à la fois de la basse, des deux guitares et du chant principal. Cependant, Dave " Gloverson " Scott Davis assure quelques soli et pas moins de huit amis de Waters sont venus prêter leur voix sur certaines pistes, dont... « Baby Alex », le tout nouveau bambin de Waters, au début de la ballade "Innocent
Eyes" – Oh ! Tellement touchant !
Assez élaborés, le titre éponyme et "
Syn.
Victims 1 " se font directement écho via une totale démonstration de pesantes syncopées de guitare. Ces titres sont assez symptomatiques de l’album, dont une bonne partie des morceaux enchaînent des riffs mi-Thrash mi-Heavy recherchés mais demeurant en pilotage automatique, avec un rythme assez lent (" The Pastor of Disastor ", "
Voices and
Victims ", " Hunger ")... et trop souvent les riffs en question sont trop répétitifs et linéaires. Peu de surprise donc, d’autant plus que certains passages laissent une forte impression de redite d’anciens titres, notamment " A Man Called
Nothing ", une sorte de remix façon power ballad d’"
Allison Hell ".
Le véritable intérêt du CD ? Assister à la virtuosité des guitares (la rythmique, surtout) et écouter quelques titres sympathiques. Et si l’expérimentation technique apporte un son agressif, il manque un soupçon de puissance ou de régularité...
Bon, ne soyons pas trop sévère. " The Pastor of Disastor ", " Anything for
Money ", " Ultraparanoia " sont des morceaux tout à fait honorables. J'en espérais toutefois plus. " City of Ice ", par exemple, est bien composé mais ne prend pas aux tripes.
En résumé, un album pas mauvais mais passablement frustrant, qui ne plaira certainement pas à tout le monde.
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En cette année 1996 sombre pour le Thrash et le Traditional Heavy
Metal, Jeff Waters avait en tête ce que lui avait dit un de ses amis d’Ottawa : " If you believe in what you are dolling, just keep your head up and keep going ; it will eventually pay off ". Le polyvalent guitariste, capable de produire lui-même ses propres œuvres, n’hésitera pas à produire seulement un an plus tard, et cette fois-ci sans aucune aide aux instruments, un étouffant
Remains mettant la barre très haut dans l’expérimental...
- Ça mon cher, c'est ce que l'on appelle une vieille chronique.
- Pourquoi vieille ?
- Parce que plus trop d'actualité.
- Donc la note, là, n'est plus celle que tu mettrais ?
- Non.
- Donc, il est plus que bon cet album ?
- Ooooh oui. Enfin, je préfère l'écouter en suivant le tracklisting de la réédition d'Earache.
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