On en lit des choses sur ce
Redefining Darkness, ce dont on peut être sur c'est qu'il divise.
Et ce n'est certainement pas ces quelques mots supplémentaires à son propos qui changerons la donne. Cependant en tant que grand admirateur de la musique de monsieur Kvarforth, (de la musique et non du monsieur, notez la nuance) et sentant peut-être prétentieusement que mon avis serait utile sur ces pages, je me suis lancé dans l'écriture de cette chronique.
Un album de
Shining qui divise, elle est pas mal celle là non ?
Remarques récurrentes des «jamais content» :
Halmstad ?
Plus assez Black ! (Oui oui y'a des gens qui disent ça...)
Klagopsalmer ? Trop expérimental !
Född Förlorare ? Trop gentil !
Sérieusement, on commence à avoir l'habitude,
Shining est un groupe qui divise, et certainement pour le plus grand plaisir de son (faussement?) malade de géniteur.
Kvarforth, justement, parlons-en (un peu).
Avant de réellement commencer l'étude de ce nouveau méfait, je balaye d'un revers de main toutes les polémiques le concernant. Qu'il soit provocateur, c'est un fait. Qu'il soit fou, schizophrène, dépressif, rien n'est moins sur.
Personnellement, au mieux, il m'intéresse (son recueil de paroles : «When prozac no longer helps») au pire il me fait rire (les vidéos pour promouvoir l'album)
Nous ne sommes pas là pour tergiverser sur son cas, mais bien sur celui de sa musique.
Un petit détour par le coté matériel de la chose, pour ceux qui débarque, Le groupe laisse tomber les chiffres romains pour numéroter les albums et l'artwork est d'une simplicité déroutante, une blancheur immaculée traversée par une sorte de flèche noire pointant vers le bas. (un pied de nez aux confrères norvégiens?).
De toute manières,
Shining n'est pas un groupe ayant besoin d'un support imagé pour assister ses albums, même si les précédents artwork étaient sympathiques, ce n'est pas là-dessus que l'on jettera son dévolu et l'on attendra plus sagement d'avoir enfilé le disque dans son lecteur avant de porter un semblant de jugement.
Nous allons pouvoir attaquer (enfin, oui je sais) le plus gros morceau à savoir la musique (un peu normal pour un disque me direz vous).
La première chose que l'on remarque après une première écoute de RD (Oh l'abréviation!) ce que le titre n'a réellement qu'un intérêt une fois de plus provocateur, ce nouveau
Shining ne redéfinit absolument rien.
On y retrouve tout les éléments que l'on commence à bien connaître si tant est que l'on écoute
Shining depuis quelques albums, à savoir 6 pistes, une 5ème instrumentale (sauf pour VII) ou dans tout les cas qui fait office de break avant la dernière, généralement assez costaude.
Et des gros riffs qui tâchent, des hurlements, des raclements de gorge, des passages acoustiques, des soli (souvent dans la 3ème, oh bingo!), un Kvarforth qui nous fait entendre sa belle voix claire etc, etc...
Pire, RD va même jusque repêcher des éléments dans les anciens
Shining!
Non mais cette intro de «
Hail Darkness Hail» c'est pas le copier-coller en plus lent du riff d'intro de «Vilseledda Barnasjälars Hemvist» *toussotement* (pardonnez l'accent suédois) peut-être ?
Lorsque l'on remarque ça, je comprend que l'on puisse être indigné, et encore ce n'est pas fini.
Là aussi à moins de revenir de vos vacances d'automne au Togo, vous devez déjà savoir que le riff d'intro (très efficace au demeurant) de «Du, Mitt Konstverk» n'est rien d'autre qu'une adaptation d'un morceau de la BO d'
Inception, et que l'arpège acoustique qui se ballade dans «The Ghastly
Silence» a une légère (non...sérieux ?) ressemblance avec la mélodie de «In the house in the heartbeat» qui à fait les beaux jours de l'excellent 28 jours plus tard.
Aïe... Le constat est dur, les deux premiers titres sont pompés de musique de films que Kvarforth doit mater le samedi soir les pieds sur la table une bière suédoise imbuvable à la main, les deux suivants sont sympas mais relativement déjà entendus, et généralement on sait qu'on ne peut pas trop compter sur la 5ème piste pour empêcher la chute.
C'est avec une grande appréhension que l'on s'apprête à s'enfiler la dernière piste et...
Et là c'est la claque mes bons amis !
Cette intro acoustique d'une tristesse aussi insondable qu'un lac en hiver où l'on chercherait les cadavres de ses enfants disparus la veille, cette fureur qui habite Niklas pendant les passages hurlés et cette mélancolie latente pendant les passages clairs, ce solo qui vous broie le coeur de feeling et d'émotions et cette fin grandiose qui finit de vous écraser.
Oui, «For the god below» est un grand titre de
Shining, à ranger à coté des plus grands.
Alors après cette claque, on se dit que peut-être cet album mérite une deuxième chance, et oui il en mérite une. Car à ce moment la, il dévoile son deuxième niveau de lecture (ou d'écoute plutôt).
Du, mitt konstverk : Brillante d'agressivité.
The ghastly silence : Ce saxophone mes amis ce saxophone.
Han som satar människan : Ce solo, ce break acoustique et ce retour haineux
Hail darkness hail : Un Kvarforth presque sensuel dans ce passage hispanisant délicieux.
Det Stora Gra : 3 minutes de torpeur pianistique.
RD est un très bon album mais surtout un très bon album de
Shining.
Ceux qui n'aimaient pas n'aimeront toujours pas, ceux qui aiment aimeront à coup sur, c'est aussi simple que ça. Au final (pour ceux qui sont encore là, merci au passage) Kvarforth ne change rien à sa recette, il continue de touiller à un rythme constant, agrémentant de temps en temps de quelques produits supplémentaires mais qui n'altéreront en rien le goût de son plat une fois dans votre assiette.
Shining reste
Shining et Kvarforth reste un personnage atypique, un excellent musicien et compositeur et aura comme bénéfice de remuer un peu le paysage métallique embourbé de nos jours.
Pour ma part, RD a pris sa place dans mon coeur de mélomane juste derrière le chef d'oeuvre inégalable qu'est Halmstad et il compte bien y rester.
La suite dans le prochain épisode.
Oh! Et si vous n'êtes pas content, Share your pains.
J'ai en gros eu les mêmes réactions. Faut faire le choix de voir ça de deux façons, en tant qu'album de Shining, et en tant qu'album appelé "Redefining Darkness". On est d'accord, rien n'est redéfini. Cependant on a du bon Shining, si peu de lignes sur "For The God Below" par exemple, je trouve ça dommage.
Là où je trouvais que les expérimentations sur le 6 et le 7 avait une partie de l'âme de Shining, je trouve que celui là a réussi à la retrouver.
Ce "Redefining Darkness" marque un tournant dans la discographie du groupe.
Le titre "The Ghastly Silence" est vraiment ce que Shining peut offrir de mieux, un véritable déluge d'émotions et de tristesse qui me rappelle "Demodets Arkitektur", également en seconde piste sur "The Eerie Cold ".
Les passages acoustiques sur "Hail Darkness hail" et "Han Som Hatar Manniskan" sont très réussis, en revanche ils n'apportent pas grand chose de nouveau dans les structures.
L'album se termine sur "For The God Below", un titre tout simplement magique qui sauve un album un peu trop prévisible dans l'ensemble.
Note: 15/20
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