Redefining Darkness

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16/20
Nom du groupe Shining (SWE)
Nom de l'album Redefining Darkness
Type Album
Date de parution 29 Octobre 2012
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album89

Tracklist

1.
 Du, Mitt Konstverk
 07:41
2.
 The Ghastly Silence
 07:18
3.
 Han Som Hatar Människan
 06:48
4.
 Hail Darkness Hail
 07:05
5.
 Det Stora Grå
 03:26
6.
 For the God Below
 08:36

Durée totale : 40:54

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Shining (SWE)


Chronique @ AmonAbbath

17 Novembre 2012

« Redefining Darkness » ne redéfinit au final pas grand-chose.

Voici donc cette année une nouvelle offrande de la part de Shining, groupe dont les albums sont certainement aujourd’hui tout aussi attendus que redoutés. Redoutés parce que, depuis « V-Halmstad », les fans des débuts espèrent un retour à la noirceur primaire et à l’atmosphère poisseuse. Attendus parce que les adorateurs d’ « Halmstad » se demandent à chaque coup s’ils vont enfin voyager (ou déprimer) comme en 2007. En effet, le leader du groupe, Kvarforth, avait lui-même décrié son « VI-Klagopsalmer » (2009) et avait tenté, sur son septième album (2011), d’élargir son public (de son propre aveu) en simplifiant quelque peu ses morceaux et en accueillant quelques invités de marque. Voilà où nous en sommes : on peut se demander si, cette fois, Shining va repartir dans l’ombre, ou si son but reste de rameuter les foules.

Il faut dire qu’il est assez difficile d’anticiper les choix de Kvarforth, de le comprendre lui et son humour souvent … pas drôle. Shining est un outil pour détruire les auditeurs, Shining veut élargir son public, Shining pourrait jouer de la Pop… Les interviews du bonhomme sont souvent un ramassis de clichés, de surprises (bonnes ou mauvaises) ou simplement d’idioties, et Kvarforth apparaît plus comme un gamin capricieux que comme un dingue passionné par la noirceur. Cette fois, le propos est au moins un peu clarifié : « Redefining Darkness » a pour vocation de placer l’ombre dans la lumière, ou plutôt de définir une nouvelle « noirceur », un mal pouvant apparaître même au plus clair du jour (Kvarforth semble considérer que les gens ont une compréhension biaisée du concept d’ « ombre »). Ceci dit, il apparaît également plus évident que son discours sur le rôle destructeur que son groupe est censé exercer sur l’auditeur est une forme d’humour noir dont il aime abuser (la dernière page du livret m’a fait sourire à ce sujet, je n’en dis pas plus).

Bon, le concept est posé, peu importe ce qu’on en pense. Reste à savoir comment la musique traduit tout ça.
Eh bien, Shining ne renouvelle pas vraiment son propos, on aurait plutôt l’impression que rien ne s’est vraiment passé depuis « Halmstad » et que ce disque en est la suite logique, avec une série de « plus » et de « moins » dont je vais disserter. Tout d’abord, les plus attentifs auront constaté que le chiffre dans le titre de l’album a disparu. C’est le seul véritable chamboulement à vrai dire, car l’organisation des morceaux, leur nombre, et la piste n°5, traditionnellement particulière depuis quelque temps (3 grosses minutes de piano cette fois), n’ont pas changé d’un iota.

L’album débute donc sur les chapeaux de roue avec un premier morceau dans la lignée de toutes les premières pistes depuis « IV-The Eerie Cold », muni d’un break acoustique assez rituel chez Shining. Le riff de départ, hypnotique au possible et sans doute le plus Black du disque, rappelle celui de « Demodets Arkitektur ». Une entrée en matière correcte, à défaut d’apporter quelque surprise que ce soit. On peut pourtant déjà mettre le doigt sur un souci majeur de « Redefining Darkness » : la plupart des titres sont dans une veine trop semblable entre eux, ou alors trop proche de morceaux déjà sortis par le groupe.

« Han Som Hatar Människan » et « Hail Darkness Hail », par exemple, n’apportent rien de bien neuf à Shining. On a l’impression d’en connaître les riffs, Kvarforth place toujours ses « Ouuhh » aux mêmes moments, et on regrette quelque peu son chant théâtral, ses chuchotements et respirations qui paraissaient plus « possédées », dira-t-on, par le passé (il avait beaucoup été comparé à Attila Csihar). On peut sans risque parier sur un break acoustique avant de lancer chacun de ces morceaux, et gagner à tous les coups. Et même s’ils s’écoutent sans réel déplaisir, la grandeur découverte, dans les mêmes conditions, sur un morceau comme « Besvikelsens Dystra Monotoni » en 2007, n’est pas retrouvée ici.

Au rayon nouveautés, on se doit quand même de souligner la présence d’un saxophone très classe sur « The Ghastly Silence », morceau mélangeant un peu d’ « Halmstad » (pour les incursions Jazz qui devraient faire plaisir à beaucoup) avec un peu de « Född Förlorare » (pour le refrain). Le résultat est plutôt convaincant, bien que la mélodie de départ me semble empruntée de façon assez flagrante au film « 28 Jours Plus Tard » et son thème musical nommé « In a Heartbeat ».
Le groupe fait le (bon) choix de tirer le rideau sur « For The God Below », une conclusion mélangeant passages acoustiques un peu plus inspirés et gros riff typique des albums récents. C’est sans doute ce que j’ai entendu de plus mélancolique chez Shining, surtout au niveau de ce final emmené par des arpèges, des chœurs très doux et un solo magnifique.

Voilà, comme toujours, six titres et puis s’en va. « Redefining Darkness » est un album de plus, qui sans être mauvais ne se révèle pas plus que correct. Le groupe a su, au fil du temps, faire appel à beaucoup d’ambiances et d’atmosphères, et c’est bien toute cette variété qui manque désormais (alors que c’est, dans le même temps, l’album le moins extrême de Shining). Kvarforth livre un disque bourré de passages acoustiques, moins agressif, et dont la ligne directrice rend l’ensemble finalement trop homogène et prévisible. On pourra rêver grâce à deux morceaux sortant vraiment du lot par rapport aux autres, laisser tourner le disque en faisant autre chose, mais certainement pas s’y plonger avec attention durant de longues semaines.
Pour conclure, si l’on prend en compte les ambitions de son géniteur, on peut considérer que « Redefining Darkness » ne redéfinit au final pas grand-chose, et que Shining s’est un peu loupé sur ce plan-là. Ne parlons pas de catastrophe, mais gageons que le prochain album sera attendu, une fois encore, avec impatience mais aussi … de grands doutes.

Un timide 13/20.

21 Commentaires

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Adeptus - 21 Novembre 2012: Une chronique de qualité, informée et bien écrite. Je trouve par contre assez incroyable de faire à ce point la fine bouche sur ce disque, qui est tout de même d'une très boone facture. Pour ne pas dire plus.
Lunabeth - 04 Décembre 2012: Je plussoie Adeptus.
J'ai en gros eu les mêmes réactions. Faut faire le choix de voir ça de deux façons, en tant qu'album de Shining, et en tant qu'album appelé "Redefining Darkness". On est d'accord, rien n'est redéfini. Cependant on a du bon Shining, si peu de lignes sur "For The God Below" par exemple, je trouve ça dommage.
Molick - 15 Mai 2013: Pour ma part j'avais été assez déçu par les albums qui ont suivis Halmstad (le 6 et le 7), mais celui là m'a réconcilié avec le groupe.

Là où je trouvais que les expérimentations sur le 6 et le 7 avait une partie de l'âme de Shining, je trouve que celui là a réussi à la retrouver.
metaleciton - 08 Mai 2014: Voila le genre d'album difficile à commenter. L'artwork, le chant en anglais, l'ambiance plus mélancolique, les passages pop...
Ce "Redefining Darkness" marque un tournant dans la discographie du groupe.

Le titre "The Ghastly Silence" est vraiment ce que Shining peut offrir de mieux, un véritable déluge d'émotions et de tristesse qui me rappelle "Demodets Arkitektur", également en seconde piste sur "The Eerie Cold ".

Les passages acoustiques sur "Hail Darkness hail" et "Han Som Hatar Manniskan" sont très réussis, en revanche ils n'apportent pas grand chose de nouveau dans les structures.

L'album se termine sur "For The God Below", un titre tout simplement magique qui sauve un album un peu trop prévisible dans l'ensemble.

Note: 15/20
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Chronique @ MelanKoly

29 Décembre 2012

Un album à deux niveaux d'écoute

On en lit des choses sur ce Redefining Darkness, ce dont on peut être sur c'est qu'il divise.
Et ce n'est certainement pas ces quelques mots supplémentaires à son propos qui changerons la donne. Cependant en tant que grand admirateur de la musique de monsieur Kvarforth, (de la musique et non du monsieur, notez la nuance) et sentant peut-être prétentieusement que mon avis serait utile sur ces pages, je me suis lancé dans l'écriture de cette chronique.

Un album de Shining qui divise, elle est pas mal celle là non ?
Remarques récurrentes des «jamais content» :
Halmstad ? Plus assez Black ! (Oui oui y'a des gens qui disent ça...)
Klagopsalmer ? Trop expérimental !
Född Förlorare ? Trop gentil !

Sérieusement, on commence à avoir l'habitude, Shining est un groupe qui divise, et certainement pour le plus grand plaisir de son (faussement?) malade de géniteur.
Kvarforth, justement, parlons-en (un peu).
Avant de réellement commencer l'étude de ce nouveau méfait, je balaye d'un revers de main toutes les polémiques le concernant. Qu'il soit provocateur, c'est un fait. Qu'il soit fou, schizophrène, dépressif, rien n'est moins sur.
Personnellement, au mieux, il m'intéresse (son recueil de paroles : «When prozac no longer helps») au pire il me fait rire (les vidéos pour promouvoir l'album)
Nous ne sommes pas là pour tergiverser sur son cas, mais bien sur celui de sa musique.

Un petit détour par le coté matériel de la chose, pour ceux qui débarque, Le groupe laisse tomber les chiffres romains pour numéroter les albums et l'artwork est d'une simplicité déroutante, une blancheur immaculée traversée par une sorte de flèche noire pointant vers le bas. (un pied de nez aux confrères norvégiens?).
De toute manières, Shining n'est pas un groupe ayant besoin d'un support imagé pour assister ses albums, même si les précédents artwork étaient sympathiques, ce n'est pas là-dessus que l'on jettera son dévolu et l'on attendra plus sagement d'avoir enfilé le disque dans son lecteur avant de porter un semblant de jugement.

Nous allons pouvoir attaquer (enfin, oui je sais) le plus gros morceau à savoir la musique (un peu normal pour un disque me direz vous).
La première chose que l'on remarque après une première écoute de RD (Oh l'abréviation!) ce que le titre n'a réellement qu'un intérêt une fois de plus provocateur, ce nouveau Shining ne redéfinit absolument rien.
On y retrouve tout les éléments que l'on commence à bien connaître si tant est que l'on écoute Shining depuis quelques albums, à savoir 6 pistes, une 5ème instrumentale (sauf pour VII) ou dans tout les cas qui fait office de break avant la dernière, généralement assez costaude.
Et des gros riffs qui tâchent, des hurlements, des raclements de gorge, des passages acoustiques, des soli (souvent dans la 3ème, oh bingo!), un Kvarforth qui nous fait entendre sa belle voix claire etc, etc...
Pire, RD va même jusque repêcher des éléments dans les anciens Shining!
Non mais cette intro de «Hail Darkness Hail» c'est pas le copier-coller en plus lent du riff d'intro de «Vilseledda Barnasjälars Hemvist» *toussotement* (pardonnez l'accent suédois) peut-être ?
Lorsque l'on remarque ça, je comprend que l'on puisse être indigné, et encore ce n'est pas fini.

Là aussi à moins de revenir de vos vacances d'automne au Togo, vous devez déjà savoir que le riff d'intro (très efficace au demeurant) de «Du, Mitt Konstverk» n'est rien d'autre qu'une adaptation d'un morceau de la BO d'Inception, et que l'arpège acoustique qui se ballade dans «The Ghastly Silence» a une légère (non...sérieux ?) ressemblance avec la mélodie de «In the house in the heartbeat» qui à fait les beaux jours de l'excellent 28 jours plus tard.
Aïe... Le constat est dur, les deux premiers titres sont pompés de musique de films que Kvarforth doit mater le samedi soir les pieds sur la table une bière suédoise imbuvable à la main, les deux suivants sont sympas mais relativement déjà entendus, et généralement on sait qu'on ne peut pas trop compter sur la 5ème piste pour empêcher la chute.
C'est avec une grande appréhension que l'on s'apprête à s'enfiler la dernière piste et...

Et là c'est la claque mes bons amis !
Cette intro acoustique d'une tristesse aussi insondable qu'un lac en hiver où l'on chercherait les cadavres de ses enfants disparus la veille, cette fureur qui habite Niklas pendant les passages hurlés et cette mélancolie latente pendant les passages clairs, ce solo qui vous broie le coeur de feeling et d'émotions et cette fin grandiose qui finit de vous écraser.
Oui, «For the god below» est un grand titre de Shining, à ranger à coté des plus grands.

Alors après cette claque, on se dit que peut-être cet album mérite une deuxième chance, et oui il en mérite une. Car à ce moment la, il dévoile son deuxième niveau de lecture (ou d'écoute plutôt).
Du, mitt konstverk : Brillante d'agressivité.
The ghastly silence : Ce saxophone mes amis ce saxophone.
Han som satar människan : Ce solo, ce break acoustique et ce retour haineux
Hail darkness hail : Un Kvarforth presque sensuel dans ce passage hispanisant délicieux.
Det Stora Gra : 3 minutes de torpeur pianistique.

RD est un très bon album mais surtout un très bon album de Shining.
Ceux qui n'aimaient pas n'aimeront toujours pas, ceux qui aiment aimeront à coup sur, c'est aussi simple que ça. Au final (pour ceux qui sont encore là, merci au passage) Kvarforth ne change rien à sa recette, il continue de touiller à un rythme constant, agrémentant de temps en temps de quelques produits supplémentaires mais qui n'altéreront en rien le goût de son plat une fois dans votre assiette.
Shining reste Shining et Kvarforth reste un personnage atypique, un excellent musicien et compositeur et aura comme bénéfice de remuer un peu le paysage métallique embourbé de nos jours.
Pour ma part, RD a pris sa place dans mon coeur de mélomane juste derrière le chef d'oeuvre inégalable qu'est Halmstad et il compte bien y rester.
La suite dans le prochain épisode.

Oh! Et si vous n'êtes pas content, Share your pains.

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AmonAbbath - 29 Décembre 2012: Je ne vais pas te cacher que je ne suis pas trop d'accord avec certaines de tes affirmations. Comme : "Ceux qui n'aimaient pas n'aimeront toujours pas, ceux qui aiment aimeront à coup sur, c'est aussi simple que ça. "
Ben écoute, Shining ça fait un bout de temps que je les suis et que j'apprécie, j'adore les IV et V, je n'aime pas le VI, j'apprécie le VII, et ce RD ne m'a pas trop convaincu, tout simplement parce que je n'aime pas quand les groupes se trouvent un rythme de croisière (ce qui est le cas à mes yeux pour la période post-Halmstad). C'est un peu comme avec Enslaved, tout le monde les acclame quand ils se mettent à faire tout le temps pareil alors que d'autres étaient là quand le groupe innovait vraiment. Ca a tendance à me gonfler moi... Ceci dit, ma note pour ce RD n'est pas foncièrement mauvaise et je trouve du plaisir à l'écoute, mais pas du tout autant qu'avant.

Par contre, je me dois de te féliciter pour le thème d'Inception. Je n'avais pas loupé celui de 28 Days Later, mais pour celui d'Inception je me suis focalisé sur la musique de Shining et il me rappelait plutôt "Demodets Arkitektur", mais après réécoute c'est évident ça vient d'Inception. Putain dire que j'ai maté le film et écouté la BO des dizaines de fois !

Ceci dit, pour ces procédés de reprise, je fais malheureusement partie des gens qui n'apprécient que peu, surtout quand ça se cumule. Un clin d'oeil ça va, plusieurs sur plusieurs albums ça finit par me faire voir les compos d'un mauvais oeil. J'ai peut-être tort... mais c'est plus fort que moi.
 
fl0))) - 31 Décembre 2012: Quoi qu'on dise, cet album est chiant et pompeux. La redite, ça va bien un disque, mais là ça sent le foutage de gueule, surtout vu le titre haha. Il ne redéfinit rien à part l'autoparodie de son groupe. Et faut le voir citer des classiques dans les interview: "Vous vous rappellez de De Mysteris Dom Sathanas, Filosofem? Bah mon album il est aussi bien". Faut pas pousser...
MelanKoly - 02 Janvier 2013: Merci de m'avoir lu, je n'ai évidemment pas la présomption de vouloir affirmer que cette album est une monumentale tuerie, juste donner mon avis car il est sensiblement différent de ceux des deux chroniques déjà présente sur le site, et la diversité ça c'est chouette :)

A bon entendeur.
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Chronique @ Trndblck

07 Décembre 2012

Trop inégal pour être intéressant, où est passé Shining ?

Redefining Darkness est donc le 8ème album de Shining. « Le plus sombre » comme d’habitude évidemment, accompagné avec toute la pseudo promo sur l’absence de la numérotation romaine et le design de la pochette. Qu’en dire ? Rien, car il n’y a fondamentalement rien d’intéressant là-dedans. La pochette est globalement laide et n’apporte pas grand chose au propos du groupe (l’ombre dans la lumière et tout ça… sérieusement ?). Quant à l’arrêt de la numérotation, celui-ci ne fait même pas sens puisque le groupe poursuit dans le style lancé avec leur sixième album, sans évolution majeure, sans rupture avec ce qui a précédé.

Mais reprenons un peu en avant si vous le voulez bien. Klagopsalmer m’avait plu, malgré la déception comparé à Halmstad. Je m’étais dis que le groupe expérimentait sans doute de nouvelles pistes, ce qui nécessite forcément un temps d’adaptation, de recherche. Les compos m’apparaissaient non abouties, mais pas inintéressantes pour autant. Seul défaut de l’album : il est vite devenu insipide et ennuyant. La sortie du septième album m’avait rendu violemment sceptique également : je le trouvais mal mené, avec des idées brouillons non abouties, des ambiances tronquées pour être remplacées par de la bouillie de metal.

Et bien c’est la même chose ici. Rien n’est abouti, tout est réutilisé. Et vas-y que je te place un riff qui ressemble à un autre déjà joué sur un autre album mais un peu différent, et vas-y que je te réutilise des idées pas fraîches (et bim un zolie arpège, et bam un interlude au piano en guise de cinquième piste). Ouais mais ça ne fait pas tout. Alors hop, on mélange à ce qui sonne à mes oreilles comme une vilaine bouillabaisse metal, toujours aussi indigeste, sans personnalité, sans intensité émotionnelle et surtout sans intérêt. Bref, Shining secoue toujours les mêmes éléments et obtient donc globalement la même sauce que sur ses deux derniers albums. Je n’ai rien contre les groupes qui suivent une ligne plutôt intégriste quand à leur manière de composer et jouer de la musique, ni contre les groupes qui expérimentent et tentent d’évoluer. La question qui me reste pour juger d’un parti pris artistique sera toujours l’ambiance globale et sa cohérence générale : ici, rien ne semble tenir la route, l’écoute n’est pas fluide et au final on se lasse.

Reconnaissons tout de même que Kvarforth et son équipe ont encore quelques bonnes idées, dissimulées ici ou là. Le retour de quelques riffs plus black par exemple (sur le premier morceau surtout) ; un son de basse toujours aussi imposant et rond ; des arpèges qui malgré leur prévisibilité apparaissent tout de même remarquablement travaillés, donnant une vraie profondeur à la guitare sèche (un peu comme sur Halmstad… mais juste un peu). Et puis il y a aussi ce second morceau, qui me fait dire « mais quel gâchis ». C’est à mon sens la seule compo réussie sur cette galette, ce qu’on doit en partie à l’utilisation d’un saxophone qui porte une grosse partie de l’ambiance globale du titre et apporte aussi un nouveau visage au groupe, ébauché depuis un certain temps déjà, autour d’un aspect plus nostalgique que désespéré. Quand j’entends ce morceau, je ne peux m’empêcher de penser que le reste est raté. Pire encore, j’ai la désagréable sensation que le groupe aurait sincèrement pu faire quelque chose de bon, voire d’excellent, quand je regarde leurs trois derniers albums : ça fourmille de bonnes idées, qui ne demanderaient qu’à être approfondies, mises en avant, construites, accompagnées à bonne escient. Mais ça, c’est le boulot d’un vrai groupe.

Je n’attendais rien de spécial de cet album, mais pas à ce point… Que Shining cherche à innover, pourquoi pas. Qu’il songe à utiliser des structures pop mélangées à du metal conventionnel, je n’ai rien contre. Qu’ils essayent d’approfondir ce qui avait rendu Halmstad exceptionnel, c'est-à-dire toutes ces parties blues, je suis absolument pour. Mais pour l’amour de la musique, qu’ils réécoutent ce qu’ils font et qu’ils prennent le temps de composer un vrai album, de bout en bout, plutôt que d’agir à la va-vite et de tout gâcher. Il est rare que je descende une sortie, et c’est davantage d’un coup de gueule dont il s’agit ici : le groupe vaut mieux que ça et il le sait.

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