X - Varg Utan Flock

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17/20
Nom du groupe Shining (SWE)
Nom de l'album X - Varg Utan Flock
Type Album
Date de parution 05 Janvier 2018
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album55

Tracklist

1.
 Svart Ostoppbar Eld
 07:11
2.
 Gyllene Portarnas Bro
 06:39
3.
 Jag Är Din Fiende
 07:05
4.
 Han Som Lurar Inom
 08:03
5.
 Tolvtusenfyrtioett
 02:53
6.
 Mot Aokigahara
 09:33

Durée totale : 41:24

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Shining (SWE)


Chronique @ Icare

18 Janvier 2018

Shining joue simplement du très bon Shining, avec tous les codes et les gimmicks que cela implique

Hmmm, Shining… est-il encore besoin de faire les présentations ? Kvarforth, leader emblématique du groupe, s’en est largement chargé ces quinze dernières années, à coup de frasques et de controverses plus ou moins discutables, et à l’heure actuelle, rares sont les metalleux qui n’ont jamais entendu parlé du quatuor suédois… Après un Everyone, Everything, Everywhere, Ends plus mélodique et mélancolique que jamais, il semblerait que le combo veuille opérer le retour aux sources maintes fois annoncé, c’est du moins ce que laisse présager la pochette de ce dixième album intitulé Varg Utan Flock, en noir et blanc bien sinistre, un peu dans la veine morbide d’Halmstad. Et effectivement, le constat est indéniable à l’écoute de ces 41 minutes de Shining pur jus : on n’a jamais été aussi proche du chef d’œuvre des Suédois, tant au niveau de la direction que de la qualité de la musique.

Svart Ostoppbar Eld est un premier morceau rapide et énervé, reposant principalement sur des guitares bourdonnantes répétant à l’envie ce riff roulant et hypnotique animé de ces petites dissonances vicieuses si caractéristiques du groupe et appuyé par une session rythmique implacable de puissance et de précision. Le rythme soutenu et l’intensité du morceau sont un bon prétexte pour Kvarforth qui s’en donne à cœur joie, s’arrachant les cordes vocales et jouant habilement de sa voix aux intonations mi chantées mi hurlées, avant qu’un arpège vénéneux ne vienne apaiser ce déluge de décibels, break atmosphérique dont seul Shining a le secret, et sur lequel le frontman viendra susurrer de sa voix grave et ensorcelante, tandis que la basse épouse les sanglots de la six cordes. Rien à faire, il n’y a beau avoir aucune innovation dans ce morceau, tout ayant déjà été entendu sur les albums précédents (la rythmique tapageuse, les guitares bourdonnantes, les prouesses vocales de Kvaforth qui ne surprennent plus, le break larmoyant, le ough ! de rigueur qui annonce la reprise…), tout est magistralement orchestré et exécuté, et le morceau marche parfaitement.
Gyllene Portarnas Bro est quant à lui tout en mélancolie et en retenue, porté par un chant clair râpeux et dépressif à la Framtidsutsikter, et transcendé par un riff traînant de toute beauté sur lequel les guitares pleurent des notes épurées, simples et touchantes. Comme d’habitude, les Suédois alternent intelligemment passages acoustiques et velléités électriques, offrant un break central tout en sensibilité et en émotion suivi d’une courte explosion de fureur et de démence incarnée par un blast lourd et les hurlements étranglés du chanteur, avant de venir une dernière fois expirer sur ce riff de début lancinant.
Parlons également de Jag Ar Din Fiende, autre excellent titre qui s’inscrit parfaitement dans le registre du groupe dans cette lourdeur jouissive et hypnotique : à 2,04 minutes, ce qui ressemble à un refrain incroyable nous envoûte, suivi par cette explosion sensuelle de guitare qui se fend en un superbe solo, l’ensemble rappelant inévitablement l’immense Neka Morgondagen, et s’étirant ensuite sur une longue partie acoustique qui renvoie explicitement à Lagtar Bortt Fran Mitt Hjarta. Le titre fait presque office de best-of/pot-pourri à lui tout seul, mais on en veut encore tellement c’est bien fait, et on en vient à regretter que cette intervention vocale qui nous a secouée ne soit pas répétée le long du morceau et que le morceau ne possède finalement pas une structure plus classique qui nous aurait permis de nous délecter d’un vrai refrain chanté plusieurs fois.

En fait, l’album dans son intégralité est à l’image de ce titre : c’est un fait, Shining ne surprend plus, balançant un art musical extrêmement abouti, léché et imparable, qui reprend intelligemment les éléments distillés sur tous les albums précédents ; Niklas Olsson et son groupe ont créé une musique unique et extraordinaire avec Halmstad, et ils se contentent ici d’appliquer plus ou moins la même recette en dosant différemment les ingrédients, même si on retrouve moins ce côté bluesy qui avait fait en partie le succès de leur cinquième album : la sensibilité acoustique de Halmstad, la lourdeur heavy de Klagopsalmer, un peu de la mélancolie et du chant clair de Född Förlorare et Everyone, Everything, Everywhere, Ends, et hop, le tour est joué ! On retrouve même la fameuse cinquième piste traditionnelle uniquement égrainée au piano que l’album précédent n’avait pas inclue, c’est dire la volonté de Shining de jouer… du Shining, avec tous les codes et les gimmicks que cela implique.

Concrètement donc, ce Varg Utan Flock n’apporte rien de nouveau à la discographie du groupe, mais force est de reconnaître qu’il nous offre six morceaux d’excellente qualité qui composent une parfaite synthèse de la carrière musicale du quatuor suédois. Cela ravira certains qui crieront – encore ! – au chef d’oeuvre tandis que d’autres finiront peut-être par se lasser d’une musique qui, après quelques timides innovations, semble ne plus vouloir se renouveler et se reposer sur ses lauriers.
Le débat reste ouvert, Shining n’ayant de toutes façons jamais cessé de diviser, d’ailleurs, nul doute que ce nouvel album n’échappera pas à la règle et aura son lot de laudateurs et de détracteurs qui s’affronteront en des débats houleux qui feront certainement couler beaucoup d’encre et contribueront encore et toujours à alimenter la légende du groupe. Et en ce qui me concerne, tant qu’ils sortent des albums de ce niveau, ça ne me dérange pas…

5 Commentaires

11 J'aime

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Icare - 18 Janvier 2018:

Tu as raison, aucune nouveauté sur cet album, et je comprends que cela puisse énormément décevoir. Ceci dit, cette stagnation vient après une période de légère évolution du groupe (depuis Född Förlorare, la musique du groupe est de plus en plus mélodique et sujette à quelques timides innovations), donc ce n´est pas comme si Shining avait fait cinq fois exactement le même album depuis Halmstad. Varg Utan Flock souffre peut-être d´une baisse d´inspiration, mais pas d´une baisse de qualité à mon sens, et la musique du groupe parvient encore à me toucher, ce qui reste essentiel. La note reste subjective, mais en essayant de prendre du recul, je pense qu´on peut difficilement mettre plus de 17/20 à cet album qui est extrêmement bien composé mais ne propose rien de nouveau et ne fait que proposer un petit florilège réchauffé du meilleur de Shining, et qu´il me paraîtrait très sévère de lui mettre moins de 12/20 tant les compositions sont solides, accrocheuses, maîtrisées et, encore une fois - mais pour combien de temps? - fortes et émotionnelles. Par contre, il est clair que si le prochain album est encore un simple copier/coller des précédents, je serais beaucoup moins généreux car à force de se répéter, la magie finit clairement par s´envoler... 

David_Bordg - 18 Janvier 2018:

tu as tout dit ICARE, SHINING ne se réinvente pas certes, mais ce nouvel opus reste solide, accrocheur et maitrisé, force et émotion sont toujours au rendez-vous! ICARE ta note est méritée et ta chronique résume bien le SHINING d'aujourd'hui. Par contre tu as fait une petite faute, c'est couler d'encre pas couleur.

Icare - 02 Avril 2018:

Merci pour ta lecture attentive David_Bordg , j'ai corrigé la coquille!

Darkbrain - 29 Avril 2018:

Salut Icare et merci pour cette chronique de qualité (comme souvent lors de tes écrits d'ailleurs) mais il y a une chose que je ne comprends pas: pourquoi les gens (que ce soit en général ou les fans de métal en ce qui nous concerne) veulent toujours voir de l'evolution, du changement?

Encore si un groupe nous faisait un album, et que quinze ou vingt disques plus tard c'est une succession de copier-coller du precedent opus, et qui en plus de ça c'est chiant à écouter là je comprendrai (Bon déjà à ce stade sa m'étonnerait qu'un groupe de métal puisse durer aussi longtemps avec un tel foctionnement aux vues des exigences des metalheads lol). 

Mais là pour le coup, des groupes comme Shinnig ou même Amorphis, avec le prochain album qui va sortir, et dont certaines personnes s'insurgent déjà sur le manque d'inspiration, effectibvement les évolutions sont minimes voire même inexistante, mais le fait est que malgré tout, cela reste efficace et apprécier du public, alors de quoi ce plaint-on?

A force de demander trop de changement, d'evolution, les groupes ne risquent-ils pas de perdre leur identité?

Certes, comme dit plus haut, et comme tu le souligne dans ta chronique, le manque d'innovation peut entraîner une lassitude, mais la c'est pas le cas.

Attention ne te méprends pas : toi et moi avons, je pense, la même vision des choses, à savoir que si la qualité est là, ça nous dérange pas.

En tout cas moi j'aime ce disque de Shining. Melancolie, Froideur et sourtout le côté écorché vif de Niklas Kvarforth, qui font la force et l'identité du groupe.

Encore merci pour ta chronique.

 

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