Panther

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16/20
Nom du groupe Pain Of Salvation
Nom de l'album Panther
Type Album
Date de parution 28 Août 2020
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album32

Tracklist

1.
 Accelerator
 05:31
2.
 Unfuture
 06:46
3.
 Restless Boy
 03:34
4.
 Wait
 07:04
5.
 Keen to a Fault
 06:01
6.
 Fur
 01:34
7.
 Panther
 04:11
8.
 Species
 05:18
9.
 Icon
 13:30

Bonus
10.
 Panther (Demo)
 
11.
 Keen to a Fault (Demo)
 
12.
 Fifi Gruffi
 
13.
 Unforever
 

Durée totale : 53:29

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Pain Of Salvation


Chronique @ JeanEdernDesecrator

26 Août 2020

Le nouveau Daniel And The Salvations ne plaira pas à tout le monde

Il est parfois bon de pouvoir jauger un futur album à ses extraits, vidéos lâchées en éclaireur quelques semaines avant la sortie. En découvrant celles de "Accelerator", "Restless" et "Panther", j'ai eu un peu peur. Non pas que le beau Daniel Gildenlöw ait pris 20kg et un DadBod à la bière, tout va bien pour lui, il est affûté comme un couteau de chasse, et se burine avec l'âge comme un bon vin. Mais ce que j'ai entendu m'a rendu perplexe et circonspect.

Le groupe fondé par le sémillant chanteur et guitariste sus mentionné, sous le nom de Reality est d'un millésime vénérable, puisqu'il a été créé en 1984, à Eskilstuna en Suède. Ayant changé d'étiquette pour le patronyme Pain Of Salvation en 1991, le groupe ne sortira son premier full length "Entropy" qu'en 1997. Leur technicité alliée à un goût prononcé pour les concepts albums leur vaudra un temps des comparaisons avec Dream Theater. Si ce n'est que Daniel Gildenlöw possède un don et une âme voués à la composition, et a le bon goût de digérer ses influences sans qu'elles transparaissent de manière trop voyante.

Le groupe trouve un deal avec le label avec lequel il a demeuré jusqu'à aujourd'hui, InsideOutMusic, et sort son deuxième album "One Hour by the Concrete Lake". S'en suivront neuf albums studio et deux live, où le groupe passera du métal progressif au rock djentifié en passant par diverses expérimentations s'éloignant du metal sur "Be" puis "Scarsick", ou encore une période américaine avec les deux "Road Salt".

L'année 2014 aurait pu être funeste pour Daniel Gildenlöw, puisqu'il a bien failli y rester, pendant de longs jours d'hôpital à la merci d'une bactérie mangeuse de chairs. De cette expérience traumatisante naîtra "In The Passing Light of the Day", l'album le plus heavy jamais sorti par Pain Of Salvation, mélangeant djent progressif et plein d'autres influences.

Sorti le 28 août 2020 sur le label Inside Out Music, ce nouvel album enregistré, mixé et produit par Daniel Gildenlöw et Daniel Bergstrand (Messhugah, Devin Townsend Project,...) marque une volonté de se renouveler et d'expérimenter.

Si les Synthés cybernétiques dissolvants pour guitare saturée entrevus sur les singles vous hérissent, autant crever l'abcès. Pain Of Salvation a changé de manière radicale, au point que certains se demanderont si c'est encore du metal. On reconnaît immédiatement leur patte, cependant, et plus que jamais. Le chant tout en finesse de Daniel , cette batterie aux signatures rythmiques tarabiscotées, ces structures de morceaux progressives dignes d'une étape de baroudeur du tour de France…

La première chose qui frappe à l'écoute est la production sophistiquée, avec notamment un travail millimétré sur les arrangements.
Pour les esthètes, il y a de quoi être impressionné par le gros travail sur les effets, claviers, qui magnifie les ambiances. L'emballage est soigné, sophistiqué à l'extrême, écrin pour des mélodies finement tissées ("Accelerator", "The Wait",...). On peut penser au derniers Leprous, dans la façon dont la musique de Pain Of Salvation a glissé vers quelque chose de plus avant-gardiste et posé.
Le son de batterie, qui a gardé la sécheresse boisée qu'elle avait sur le précédent, mais avec plus d'amplitude, contre-balance les samples et boites à rythmes qui parsèment les compositions. En revanche, les Guitares saturées sont la plupart du temps inaudibles ou très en retrait, sauf sur quelques montées en puissance ou elle a une puissance sourde et lourde de fuzz, plombée dans le lointain.

Le style de Pain Of Salvation est ici difficile à appréhender, tant il est en équilibre entre rock, pop sérieuse des années 80, musique synthétique (on pourrait penser Peter Gabriel, Kate Bush, ou même à Jean Michel Jarre) et metal étouffé sous l'oreiller. Cependant, même si on se sent souvent perdu ou désarçonné, la trame mélodique forte devient un fil d'Ariane auquel se raccrocher tout le long de ce voyage dans une jungle de sève et d'électricité.

Le bon vieux metal, celui dont on fait les épées trempées chères à Sabaton (merde, mauvais exemple), ou l'alliage inaltérable d'un Periphery, n'est pas de mise ici. De l'énorme mur du son des guitares de "In The Passing Light of the Day", il ne reste plus qu'un souvenir de distorsion, une relique de saturation noyée dans un blob d'effets lo-fi.
Les guitares sèches et claires, à l'opposé, sont mises en avant, et apportent de la vie et de la chaleur aux compositions. Ouf, c'est toujours ça de pris.
Le grondement électrique de la basse disparaît souvent lui aussi, fondu dans sa prod, les synthés ou tapi derrière le son nu de ses cordes (le passage presque jazzy sur "Keen to a Fault").

Le chant de Daniel occupe, comme toujours, une place centrale sur cet album, sur lequel il a apparemment gardé un contrôle total, à l'instar d'un Matthew Bellamy. C'est bien simple, si on m'avait fait un blind test de " Panther", j'aurais répondu Daniel and The Salvations. Aussi personnel et singulier qu'un album solo, plus encore que son récit du combat contre la bactérie tueuse. Moins fragile et blessé, plus raconteur revenu d'un enfer annoncé, prédicateur d'un avenir impossible à deviner. Son timbre si particulier, emprunt de finesse et d'une sensibilité à fleur de peau, un chant clair virevoltant et joueur avec le temps avec une malice presque enfantine, qui n'a jamais cherché à la forcer dans un moule de hurleur, est plus que jamais à sa place, ici.
C'est comme si, entre une nature redevenue sauvage, et un monde de machines, la civilisation avait disparu, et qu'il ne restait qu'un homme. Je vous le donne en mille, Daniel Gildenlöw -Chuck Norris aura un AVC foudroyant en 2024-, qui a survécu à tout ce collapsus intégral. Cette civilisation humaine n'est présente que dans cette discrète touche de folklore américain disparu (l'intermède folk "Fur", l'intro et la fin de "Icon").

Pain Of Salvation avait pris certains risques créatifs avec son précédent concept album, qui avait cependant marqué un retour à une densité métallique presque djent. On peut dire que c'était une réussite qui avait récolté une certaine unanimité, en faisant un des albums marquants de l'année 2017.
Avec "Panther", c'est un saut vertigineux dans l'inconnu, qui laissera certains écrasés au fond du ravin, saisis par l'incompréhension. Poum.

Je n'ai pas été conquis par toutes leurs tentatives, comme sur le tiède "Wait", ou sur un "Panther" au frein à main qui aurait été bien plus jouissif, à mon goût, avec les potards d'amplis montés de 3 crans. Et que dire de ce refrain gâché par un manque cruel de patate, avec le groupe qui headbangue dans le clip de "Restless" dans le vide, faisant virevolter une guitare qu'on entend... Presque pas. C'est comme de l'alcool sans alcool ou une tarte sans pâte, ça existe, l'intention est louable, mais parfois il faut bien mettre les ingrédients qui tâchent, envoyer du steak, taper dans le fond. J'attends encore, et ce disque m'a parfois donné derechef l'envie de réécouter le précédent.


J'ai passé pas mal de temps à attendre sur cet opus....que Pain Of Salvation lâche le fauve, et lorsqu'il le fait ("Unfuture", "Keen to a Fault", "Species", ...), la laisse a juste laissé du mou, mais ça fait tout de même du bien, en poussant les montées d'intensité pas loin du paroxysme (le superbe "Icon", pièce maîtresse à orgasmes multiples de plus de 13 minutes). La batterie du français Léo Margarit, présent derrière le kit depuis 2007, participe grandement aux changements climatiques de l'album. Elle se fait oublier ou disparaît carrément dans les passages calmes, mais c'est elle qui impulse l'énergie et la dynamique des orages sonores, et reste le point d'ancrage auquel je me suis raccroché.

Il y a une bonne partie de l'album ou Pain Of Salvation prend un malin plaisir à mettre le son de guitare au placard (je sais je me répète), et une chanson au départ superbe comme "Keen to a Fault" y perd énormément. Il y a pourtant sur ce disque de nombreuses occasions perdues de prendre l'auditeur par le colback et de lui mettre les oreilles à 2cm des 4 HP de la baffle d'ampli.

La peur provoquée par les singles était elle justifiée ? Réponse de Normand : oui et non. Pain Of Salvation a mis la guitare saturée sous le tapis, et pour les plus metalleux d'entre nous, la cure de modernité échevelée de "Panther" sera trop rude, ou trop prude, c'est selon.

D'un autre côté, cet album aventureux et osé est diablement cohérent, et propose des compositions prenantes, une musique unique et inspirée, portant toujours la marque de Pain Of Salvation. Mais il manque un putain de son de guitare. Merde.

39 Commentaires

18 J'aime

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Madness77 - 02 Septembre 2020:

Oui il est possible qu'avec le temps Panther devienne un des très bons albums du groupe j'avoue que pas mal d'albums de ma collection sont devenus à mes yeux des tops alors que les premières écoutes furent un peu laborieuses surtout dans le metal progressif. 

David_Bordg - 02 Septembre 2020:

Exactement ça. Surtout que la surprise est de taille ici, et même pour un vieux fan comme moi, très déstabilisante.

guyllom6 - 04 Septembre 2020:

Complètement d'accord avec toi, tout n'est pas à jeter, notamment Icon qui est top et quelques séquences sur d'autres morceaux où on accroche bien. On a envie d'aimer parce qu'on aime trop ces gars mais on ne sort pas conquis. Une fois l'écoute terminée, on est un peu sur notre faim et on a pas spécialement envie d'y revenir. Alors que je pouvais me passer en boucle In the Passing Light of Day sans m'en lasser (j'avoue j'y suis revenu aussi). Bref, on prends plus de plaisir sur le dernier Caligula's Horse ou Haken ou Riverside. Dommage

trashcanjesus - 07 Septembre 2020:

l'ai écouté aujourd'hui, en effet très différent et peu accessible au premier abord, mais très intéressant, à découvrir, faut oublier In the Passing... (fabuleux) et le metal et se laisser emporter

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