«I AM ! »
Je suis. Mais qui suis-je ? Comment suis-je arrivé là ? Quel est le but de mon existence ? C'est à ces questions que s'attaque, en 2004,
Pain of
Salvation, fruit de l'imagination de son génial fondateur Daniel Gildenlöw. Un album qui va pousser à son paroxysme l'exploitation d'un concept dans la musique, sa création faisant corps, encore plus qu'à l'habitude, avec les questionnements qui l'accompagnent. Une réflexion qui va nous emmener sur les vastes territoires du folk, de la BO de film, de la fusion, du gospel, et évidemment du metal progressif pour explorer les origines de l'humanité.
L'album, muni d'une pochette on ne peut plus sobre et épurée, se décompose en 4 parties distinctes correspondant aux différentes phases de la recherche de l'origine de l'existence : Animae Partus, Machinassiah, Machinageddon et Machinauticus. Animae Partus ouvre l'album sur un Être perdu, ne comprenant pas les raisons de son existence, ne sachant pas comment il en est arrivé là, et qui pense que c'est en se souvenant du moment exact de son passage à la vie qu'il trouverait enfin une réponse à toutes ses questions. C'est ainsi qu'il aurait fabriqué l'Homme à son image, afin de simuler sa propre création et comprendre la raison de sa présence dans le monde. C'est à travers ce postulat que
Pain of
Salvation va faire évoluer une musique personnelle, racée et alambiquée, sous le joug d'une émotion toujours à fleur de peau.
Cette première partie est donc consacrée à la naissance de l'Homme et comment cet être nouvellement façonné va se développer petit à petit. La musique se veut ainsi tantôt inquiétante sur le futuriste Deus Nova, tantôt douce et légère sur le très folk Imago. La première trace de metal dans cet album va faire son apparition sur Machinassiah, dans lequel l'Homme va peu à peu évoluer et développer des rapports à des valeurs immatérielles telles que les croyances ou l'argent. Le rythme va donc s'accélérer, la musique va gagner en agressivité, et
Pain of
Salvation va montrer tout son savoir faire dans la maîtrise des différents temps forts et temps faibles de sa musique. Le titre Dea Pecuniae illustre parfaitement ce savoir faire, en débutant sur un groove de basse résolument bluesy, prouvant une fois de plus, s'il le fallait, la capacité du groupe à jongler entre les différents styles musicaux, avant de monter en puissance et d'offrir un final en apothéose où chaque instrument, récitant à merveille sa partition, va apporter sa pierre à l'édifice à un chaos musical parfaitement maîtrisé.
Dans la troisième partie, Machinageddon, l'Être ne sait plus où il en est, ne parvenant plus à maîtriser l'oeuvre de sa création, car l'Homme s'est peu à peu émancipé de son joug. Il en résulte une schizophrénie musicale parfaitement illustrée par le morceau Diffidentia qui alterne entre passages furieux où l'Homme se rebelle contre son créateur, et moments de détresse où l'Être apparaît totalement perdu, ne sachant plus quoi faire. Mais en grandissant, l'Homme va peu à peu se détruire, étant devenu une victime de son propre système. C'est ainsi qu'il apparaît, dans la dernière partie, seul, au sommet d'une montagne de cendres qui sont une conséquence de son avidité. Il ne sait plus quel est le but de sa vie, et se pose finalement les mêmes questions que l'Être de départ. Car il est devenu l'Être. L'apothéose de se concept se retrouve dans le sublime Iter Impius, avec un Daniel Gildenlow montrant une émotion à fleur de peau lors d'une montée absolument grandiose. Finalement, Martius/Nauticus II reprend le thème initial de Imago, avant que l'album ne se termine de la même manière qu'il a commencé, par cette phrase si évocatrice : « I AM ».
Au final, la réponse apportée par le groupe est que la vie est trop courte pour la passer à se poser d'innombrables questions et que le mieux est d'en profiter un maximum. Cet album fera date dans la carrière du groupe, dans le sens où pour la première fois, la musique est au service du concept et non l'inverse. Un album à part dans la discographie du groupe et même dans la sphère progressive, qui montre une fois de plus la capacité de ce groupe si singulier à se réinventer sans cesse. Un album destiné aux amateurs de musique à la fois complexe et très portée par l'émotion, qui nécessite de nombreuses écoutes et une ouverture d'esprit certaine pour l'apprécier à sa juste valeur.
Le concept est effectivement très complexe, donc forcément, en parler dans son intégralité rendrait le texte selon moi indigeste, c'est pourquoi j'ai pris le parti de la rendre plus concise afin qu'elle attire des lecteurs autres que ceux qui connaissent déjà l'album et en auraient, comme toi, aimé une description plus en profondeur. De plus, évoquer le concept dans son intégralité revient à décrire ce qui se passe, chanson par chanson, et le track-by-track est interdit sur SoM.
Concernant le site dont tu parles, je l'ai beaucoup visité il y a quelques années, mais il me semble qu'il n'existe plus, en tout cas je ne l'ai pas retrouvé, donc si c'est que j'ai mal cherché, je serais ravi que tu postes le lien ici en commentaires.
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