« A travers un album tournant autour des désastres engendrés par le nucléaire,
Pain of
Salvation nous délivre une véritable illustration magistrale du mythe de Prométhée et de son infernale punition : assister, impuissant, à l’utilisation de la technique par les hommes, et ce, sans pouvoir intervenir ».
La douleur du salut … Un BEau nom qui, au final, résume bien la musique de
Pain of
Salvation. Une musique à la fois triste, ravagée, mélancolique, torturée mais qui ne cède jamais à la violence musicale, musique toujours contenue, jouant sur les nuances et sur la fine frontière entre puissante, mélancolie, tourment et lumière. Dirigé d'une poigne de fer par le sieur Daniel Gildenlöw,
Pain of
Salvation est un groupe de metal progressif un peu en marge des standards du genre. En effet, au lieu de privilégier un aspect profondément technique de la musique (comme le font les mastodontes du genre que sont
Dream Theater ou encore
Symphony X), PoS, lui, se focalise sur les concepts et leur mise en musique en priorité. On est donc en présence d’une musique complexe, certes techniquement parlant, mais complexe davantage vis-à-vis des thèmes traités et de leur mise en musique.
Paru en 1998, «
One Hour by the Concrete Lake » n’est ni plus ni moins que le deuxième album studio des Suédois. Et, derrière ce nom mystérieux, le groupe nous propose d’aborder un thème qui peut apparaître comme un enjeu majeur pour le monde de demain : l’écologie et la destruction de l’environnement par la technique générée par l’homme. Un BEau programme en somme. Au-delà de cette musique en elle-même, le groupe nous propose un véritable conte philosophique très travaillé et très abouti qui tourne autour de ce thème. Le travail de réflexion est impressionnant. D’autant plus que le sieur Gildenlöw s’est servi de ses travaux universitaires sur le sujet afin de structurer son œuvre. Au travers de ces 11 pistes, PoS nous propose de nous interroger sur notre rôle et sur notre impuissance vis-à-vis de nos propres actions, du fait que nous soyons aujourd’hui totalement dépassés par notre propre technique, qui, in fine, par son utilisation dérégulée, contribue à la destruction de notre propre planète en provoquant guerres, fléaux, destruction environnementale, etc.
En termes de structure, l’album est composé d’une introduction (la piste introductive «
Spirit of the
Land ») et de trois grandes parties (« Part of the
Machine », «
Spirit of Man » et enfin « Karachay ») qui constituent le corps principal de ce cd qui, par sa structure, n’est pas sans nous rappeler celle d’une pièce de théâtre ou encore d’un conte, avec ses grands actes ou chapitres. On a donc un véritable travail de structuration qui peut se ressentir facilement à l’écoute : en effet, les pistes, en s’enchaînant naturellement, nous donnent l’impression que cet album n’est en vérité qu’une longue piste fleuve d’une heure, découpé par le groupe pour une lecture plus aisée de ses différents mouvements et chapitres.
Par rapport à la musique en elle-même, on est face à du très bon. L’album regorge de morceaux de bravoure d’une émotion rare comme en témoignent les pistes comme «
Inside », qui nous fait véritablement entrer dans l’univers tourmenté et émotionnellement riche des Suédois, « New Year’s Eve », « Handful of
Nothing » ou encore le magnifique final «
Inside Out ». Sur le plan instrumental, chaque instrument dispose d’un très bon son qui colle parfaitement à l’atmosphère de cet album : profondément malsain et angoissant. Car, de cette musique, se dégage un impressionnant côté angoissant qui met en relief de manière admirable la gravité du thème abordé et les résultats des hommes face à cela. La base rythmique composée de Kristoffer Gildenlöw à la basse et de Johan Langell à la batterie est tout simplement gigantesque et donne une dimension oppressante aux compositions, ce qui renforce la puissance émotionnelle des compositions comme on peut le voir sur « New Year’s Eve » par exemple. Le travail des guitares n’est également pas en reste et nous montre le talent incontestable des musiciens, le tout, répondant aux attentes du concept et de sa mise en musique.
Car, en dépit de sa complexité technique, la musique de PoS se base surtout sur l’émotion et sur les sentiments, ces derniers étant véhiculés par un Daniel Gildenlöw magistral dans ses parties vocales. Ce dernier signe, en effet, une prestation monumentale en nous montrant son impressionnante diversité de styles, allant des tourmentés « Black Hills » ou encore «
Inside » jusqu’aux morceaux les plus émotionnels comme «
Home ». Les multiples facettes de son chant s’incorpore admirablement dans l’atmosphère de l’album et contribue à démultiplier l’émotion véhiculée par la musique. De ce point de vue-là, PoS réalise une véritable réussite.
On assiste, tout au long de l’album, à une véritable descente aux enfers sonores et conceptuels qui nous met face à notre propre emprisonnement tels de véritables Promethées modernes. Ce que, finalement, nous sommes tous plus ou moins.
Un excellent cd dont l’écoute semble justifié pour tout amateur de metal progressif, mais aussi pour tous les curieux qui aiment les musiques qui sortent des sentiers battus. Une grosse claque, qui montre déjà le potentiel magistral qui sera révélé sur « The Perfect
Element », véritable apogée musicale du groupe.
Bonne écoute.
J’appréhendais un peu les avis concernant la chronique vue que c'est une des premières que je réalise sur un site comme SoM ^^".
Je pense continuer sur ma lancée vue que les 3/4 des anciens albums de PoS n'ont pas de chronique les concernant, ce sera une manière de redorer le blason de ce groupe ô combien mythique qui a été un peu laissé de côté sur ce plan là :).
Sinon, t'as bien raison, je voulais m'y mettre aussi, principalement BE et Road Salt II, le truc, c'est que faire une bonne chronique, ça prend du temps, et justement, ça me manque haha :)
Sinon, rien de surprenant qu'il n'y ai pas de chronique sur les albums de PoS, SoM, c'est pas une référence, à part Maiden, Metallica et quelques groupes de core, ça creuse pas bien loin, malheureusement :(
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