Où ailleurs qu'au Japon, où il jouit d'une réputation et d'une aura presque incompréhensible et mystique,
Viper aurait-il pu enregistrer son premier album live? Il profite donc d'un concert donné au Club Cittá de Tokyo, le 18 Avril 1993, pour capter sa prestation. Un album qui sortira en 1993 sous le titre évocateur de
Live-Maniacs in Japan.
Il y a dans ce disque, et notamment dans sa production, ce grain si particulier, et si délicieux, qui nous ramène immanquablement à Iron Maiden, à Paul Di'anno (une similitude aussi mise en exergue par le timbre de Pit Passarell) et à ces shows du début de carrière si fougueux des Anglais. Même les titres les plus mélodiques, ceux extraits de
Theatre of Fate et qu'il ne serait pas tout à fait impensable, ni même idiot, de rapprocher du
Power Metal européen, sont ici transfigurés. Comment un tel miracle est-il possible? En premier lieu parce que
Viper aura eu la bonne, que dis-je l'excellente, idée d'épurer ces pistes-là de leurs artifices symphonico-orchestrale qui, soit dit en passant, même s'ils étaient peu nombreux, donnaient à ce théâtre des faux airs d'une grandiloquence solennel un peu inutile. L'extraordinaire phénomène de cette transfiguration est aussi possible, ensuite, grâce à la magie de la voix de Pit Passarell qui, dans un registre plus radical, celui désormais voulu par ce groupe, excelle. To
Live Again, A
Cry from the Edge et même un Living for the
Night que l'on aurait pu penser plus inaccessible dans cette nouvelle configuration, sont donc superbes. Immédiatement reconnaissables mais réinventés en de nouvelles versions.
Bien évidemment, pour ce Knight of
Destruction, issu d'un
Soldiers of Sunrise, et déjà très âpres à la base, la conversion est moins spectaculaire. Le titre n'en demeure pas moins superbe pour autant.
Les chansons les plus Heavy
Metal Thrashy, à savoir celles extraites d'
Evolution et de
Vipera Sapiens, passent elles aussi très bien. Et la reprise très Punk Rock des Ramones d'I Wanna Be Sedated venant clore ce disque n'entrave pas davantage nos bonnes impressions à l'égard de cet opus. A dire vrai, seul Não Quero Dinheiro, une chanson à l'origine interprétée par Tim Maia, que d'aucuns considèrent comme le père de la Soul Music Brésilienne, en a le pouvoir. Si l'intention consistant à vouloir offrir aux Nippons présents à cet instant un élément culturel profondément ancré dans le cœur, et l'esprit, de ces quatre musiciens, est louable, pourquoi avoir choisi quelque chose d'aussi décalé? Pourquoi avoir choisi l'expression d'un art aussi opposé à celui qu'il venait d'offrir durant toute cette soirée? Pourquoi ne pas avoir choisi un brulot de
Sepultura? Ou de Ratos De Porão? Ou de
Korzus? Ou de n'importe quel autres formations originaires de mêmes terres que
Viper et partageant, peu ou proue, ses racines
Metal? Evidemment, en plus d'être gênantes, ces trois minutes n'ont aucun intérêt.
Mis à part cette piste furieusement dispensable, ce
Live-Maniacs in Japan est donc d'une incroyable homogénéité et d'un charme ensorcelant. Encore un disque en somme qui aurait dû sortir
Viper de cet anonymat imposé par les frontières de son pays. Encore un disque qui n'y parviendra pas.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire